Lettre de l’ambassade de Bolivie à l’occasion des 2e Rencontres Laïques Internationales

jeudi 7 mai 2009.
 

AMBASSADE DE BOLIVIE EN FRANCE

Paris, le 1er avril 2009

Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi de vous féliciter et vous encourager dans votre lutte qui est la nôtre : celle de construire une gauche laïque internationale porteuse de liberté et de justice.

Durant des siècles, la culture indigène dans mon pays, la Bolivie, a été niée dans ce que les « experts » appelaient la « construction de la nation bolivienne ». Le troisième article de l’ancienne Constitution adoptée en 1825, après une longue période de colonisation, reconnaissait et soutenait la religion catholique ; les relations entre l’Etat et l’Eglise se régissaient par des concordats. Cela était, avant tout, le refus de la possibilité de croire à autre chose que la religion officielle, la négation de la croyance d’autrui. Cette manière de penser était un héritage colonial.

Mais, depuis, en Bolivie il se passe bien des choses, et le 25 janvier 2009 nous Boliviens, nous avons approuvé une nouvelle constitution avec 61 % des suffrages. C’est historique car nous laissons derrière l’Etat colonial et le néolibéralisme.

Aujourd’hui, la Bolivie est un Etat plurinational, qui a nationalisé ses ressources naturelles, et le troisième article de l’ancienne Constitution a été remplacé par l’article 4 qui dit : « L’Etat respecte et garantit la liberté de religion et de croyances spirituelles, en accord avec leur cosmovision. L’Etat est indépendant de la religion ».

Cela n’a pas été facile ; durant 2008, l’opposition a tenté un coup d’Etat civil, un massacre a été perpétré dans le ville de Pando et l’Eglise, à travers ses plus hauts représentants, a joué un rôle important pour tenter d’empêcher la réalisation du Référendum constitutionnel, l’évêque a même appelé la population à choisir entre Dieu et Evo Morales.

Mais, nous avons réussi, le peuple a réussi. Le 20 octobre 2008, la plus grande mobilisation populaire dans l’histoire de la Bolivie arrive à La Paz après une longue marche de 199 km pour exiger du Congrès – où l’opposition est majoritaire au sénat - qu’il convoque à un référendum pour approuver la nouvelle constitution.

Comme la Bolivie, d’autres gouvernements progressistes en Amérique latine vivent des processus révolutionnaires et je crois que des événements, comme cette 2ème Rencontre Laïque Internationale, contribuent au dialogue entre les civilisations, à porter plus de matière à la réflexion sur l’évolution de nos peuples et à leur libération.

Bonne continuation.

Fraternellement,

L’Ambassadeur : Luzmila Carpio

par Luzmila Carpio

Ambassadeur de Bolivie


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