Sur le riche bilan de « Gauche unitaire européenne » : Interview de Francis Wurtz

dimanche 10 mai 2009.
 

Président de la « Gauche unitaire européenne » au Parlement européen, Francis Wurtz revient sur « la marque de fabrique », les propositions et la singularité de ce groupe.

C : « Gauche unitaire européenne » se caractérise sans doute d’abord par ses rapports avec le mouvement social ?

Francis Wurtz La récente mise en échec du projet de directive visant à généraliser la possibilité pour tout Etat de l’Union européenne de recourir à la semaine de 65 heures a rappelé à qui l’avait oublié que le Parlement européen a des pouvoirs, pour peu qu’une majorité de parlementaires ait la volonté politique de s’en servir à bon escient. Dans le cas présent, notre groupe avait, dès le début du processus, proposé le rejet du texte. Il n’avait, alors, pas été suivi. La sensibilisation des opinions publiques à cet enjeu de société, ainsi que... la proximité des élections, ont fini par conduire au résultat souhaité. Même la droite n’a pas osé soutenir la position du Conseil (les gouvernements) ! Entretenir en permanence - et pas seulement la veille d’un scrutin - des liens de coopération avec le mouvement syndical et déployer des efforts systématiques d’information et de sensibilisation de nos concitoyens, c’est la « marque de fabrique » de notre groupe de la « Gauche unitaire européenne » et, en son sein, des élus communistes français.

C : En même temps, le groupe n’a cessé d’avancer des propositions alternatives ?

FW : Nous ne nous contentons pas de tenter de parer aux « mauvais coups ». Nous avons l’ambition de faire vivre une autre vision de l’Europe. Certaines de ces options alternatives sont en train d’acquérir - avec la terrible « leçon de choses » de la crise du capitalisme (et du modèle libéral européen) - une crédibilité sans précédent depuis la création de la Communauté européenne. Je pense, par exemple, au « crédit sélectif », c’est-à-dire offert à des conditions favorables aux investissements créateurs d’emplois et très dissuasives lorsqu’il s’agit d’opérations spéculatives. C’est le moment de pousser ce type d’exigences en rupture avec les règles libérales en vigueur.

C : Les autres points forts de « Gauche unitaire européenne » ?

FW : Je crois pouvoir dire que nous avons également gagné une reconnaissance très large dans bien d’autres domaines : le féminisme (notamment avec le réseau européen IFE ainsi que « Que choisir » de Gisèle Halimi) ; l’environnement (sur le climat, l’eau, la protection contre les produits chimiques dangereux...) ; la défense de l’agriculture paysanne et de la souveraineté alimentaire ; la solidarité avec les migrants (par exemple, dans le cadre de la formidable mobilisation contre la "Directive de la honte"). Nous sommes incontestablement le groupe de référence sur la défense des droits fondamentaux du peuple palestinien ; la solidarité avec l’Afrique et les nouvelles démocraties d’Amérique latine, ou encore l’opposition à la guerre et à la militarisation de l’Union européenne.

C : « Gauche unitaire européenne » a aussi incarné l’opposition au libéralisme ?

FW : L’opposition de gauche aux traités libéraux européens est franchement l’apanage exclusif de notre groupe ! Hier, cela nous valait parfois le quolibet de « mouton noir ». Aujourd’hui, on nous invite à de passionnants « face à face » avec des experts financiers de renom beaucoup moins « sûrs d’eux et dominateurs » que naguère... Puissent les gens qui aspirent à « changer d’Europe » mesurer combien c’est le moment de renforcer le courant que nous représentons !

Propos recueillis par Gérard Streiff


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