CLAIROIX : Le rapport d’expertise pour le Comité Central d’Entreprise accable la direction de Continental

jeudi 14 mai 2009.
 

En fermant son site de 1120 salariés, l’équipementier poursuit une stratégie "de délocalisation rampante" vers les pays low cost. C’est ce que prouve l’expert mandaté par le CCE.

En annonçant la fermeture de son usine de Clairoix (1120 salariés), au prétexte d’un marché européen en surproduction, le géant du pneu Continental poursuit bien une stratégie de "délocalisation rampante" vers les pays low cost, décidée en 2005. En 2009, il dépassera même son objectif, avec "64,5 % de la production de sa division PLT (Pneus tourisme et camionnette)" réalisée dans ces pays, contre 60 % prévus en 2005. Et ce, alors même que sa situation économique est "particulièrement florissante" et que "sa compétitivité n’est pas menacée".

Ce sont les conclusions explosives de l’expertise que les membres du comité central d’entreprise (CCE) ont en main, depuis peu. Signé du cabinet SECAFI (l’expert mandaté par le CCE), ce rapport taille en pièces la position officielle de l’équipementier qui a toujours nié vouloir délocaliser sa production. Chiffres à l’appui, puisés à bonne source puisque fournis par l’équipementier lui-même, il démontre que Continental « utilise une fenêtre de tir » (la crise) pour annoncer sa restructuration, alors que le chiffre d’affaires de sa division PLT progresse plus (1,2 %) que celui de ses concurrents Goodyear et Michelin (respectivement à la hausse de 0,5 % et 1,1 %).

Responsable des surcoûts de production de Clairoix En 2009, selon le cabinet SECAFI, « la fermeture du site de Clairoix permettrait à celui de Timisoara (Roumanie), de Otrokovice (République tchèque) et de Püchov (Slovaquie) de reprendre une croissance mise entre parenthèses ces six derniers mois. » Püchov dont le potentiel de production (16 millions de pneus par an) est loin d’être atteint, avec 7 millions de pneus cette année.

Autre conclusion accablante pour Continental : l’expert démontre que l’équipementier a organisé les surcoûts de fabrication de son usine, ceux-là même qu’il évoquait pour annoncer sa fermeture le 11 mars. Comment ? Il a concentré sur Clairoix une production de petites séries, à fort taux de rebuts (entre 15 et 20 %) et de flexibilité, deux éléments qui comptent pour 7 % dans les coûts de fabrication du site.

Joint au téléphone, lundi, Christophe Doyon, directeur régional du bureau Rhône-Alpes de SECAFI (spécialisé dans le pneumatique), a refusé de commenter ce rapport, eu égard à « la confidentialité à laquelle il est tenu ». Ce document accrédite néanmoins les accusations de l’intersyndicale FO/CFDT/CGC/CGT/CFTC de Clairoix qui a toujours suspecté une délocalisation, au profit notamment de l’usine roumaine de Timisoara. Elle en a désormais la preuve.

Alors même qu’elle tentera aujourd’hui, à Hanovre, d’arracher, aux dirigeants allemands de Continental, des conditions de départ plus avantageuses pour les salariés de Clairoix, les conclusions du cabinet SECAFI placent l’équipementier dans une situation très inconfortable. Il n’a pas démontré à l’expert que les licenciements économiques prévus à Clairoix (fermeture annoncée pour mars 2010) sont « justifiés en droit ». Cerise sur le gâteau, il prévoit de fermer le site à moindres frais : 57,3 M€ quand l’expert évalue le coût de ce naufrage industriel à 200 M€. Dans le rôle du médiateur, aujourd’hui, à Hanovre, l’État français, qui se refuse à payer à la place de Continental, appréciera.

de LAETITIA GALDEANO


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