1000 A NIMES, 1200 A MONTPELLIER

lundi 18 mai 2009.
 

Cette semaine passée sur les routes de la grande circonscription européenne du sud ouest a été rude. Celle qui est en cours le sera davantage encore. Je jette des notes sur ce clavier de retour d’un périple de quatre jours passant de Foix à Nîmes et de là sur Alès, Mende puis Montpellier. J’ai l’esprit encore plein des images et impressions du parcours. Rien ne nous apprend plus sur ce que veut dire la politique dans la vie de celui qui peut y consacrer toute son existence que ces pérégrinations au contact du peuple que nous formons. Je suis sorti en courant du dernier meeting de la série de ces jours, à Montpellier où je laissais mille deux cent personnes chaleureuses pour prendre le dernier avion qui me permette de rallier Paris le soir et dormir dans mon lit.

CHEMIN FAISANT

Dans ces pérégrinations, tout compte sur le moment et dans le flot des images que l’on garde ensuite. Mais écrire après cela est un effort de plus. On se limite alors à quelque séquences et pas toujours celles qui ont en réalité la plus grande importance pollitique effective. Ainsi, par exemple, je ne donne pas la priorité du récit au meeting de Nîmes en dépit de son spectaculaire déroulement et de son impressionnant gros millier de participants.

Mais je ne veux pas laisser sombrer dans le néant de mon oubli la rencontre avec les travailleuses de Merlin Gérin, usine d’assemblage de disjoncteurs électriques à Alès tellement elle m’a percuté. Ces haltes, comme celle devant l’usine Continental la veille à Foix, sont des temps brefs mais d’intense charge émotive et intellectuelle. Le moment où le discours abstrait devient une réalité humaine. Ici 32 millions de pièces sortent des mains des femmes qui les assemblent. Les licenciements ont commencé, la délocalisation en Bulgarie est en cours. Le françaises sont condamnées à la mort sociale. Pourtant que d’efforts consentis ! On travaille même le samedi et le dimanche quand il faut suivre une commande. Pour éviter le chômage technique elles ont aussi accepté que ce soient les contre maitres qui fixent leurs jours de congé. Pas de conversion en vue, bien sûr. Et où aller ailleurs. Et pourquoi ? Et quand bien même on devrait le faire, ce qui est impensable puisque la vie, la famille et l’époux sont ici, comment le feraient-elles ? Dans la discussion on parle des maladies professionnelles. Ici, ce sont les canaux métacarpiens qui morflent. Les doigts qui doivent besogner des pièces si petites finissent par se déformer. Le toucher se perd et les picotements nerveux deviennent incessants. Sans oublier celles qui respirent l’encre des tamponnages qui doivent figurer sur chaque pièce. Et la prime donnée à ce propos ne compensera jamais. Celle qui m’en parle me rappelle qu’il s’agit de 80 euros sur les 1400 de la paye, salaire reçu après trente ans de service sur son poste de travail !

Et les autres ? Les bulgares qui vont prendre le travail ? Le délégué syndical CGT est allé voir sur place. Des locaux insalubres, le retour de l’assemblage intégral à la main, l’absence de hotte aspirante au tamponnage. Les bulgares vont travailler comme on travaillait ici au début, avant les luttes, il y a cinquante ans. La régression sociale est donc pour tous, ici et là bas. C’est ça leur Europe, celle de la concurrence libre et non faussée. Et surtout celle qui interdit la seule politique raisonnable à mener, c’est-à-dire l’harmonisation sociale progressive. Ici, dans ce cas précis on voit exactement ce que signifie notre opposition au traité qui interdit cette harmonisation, le traité de Lisbonne. Et on comprend l’importance que le débat soit ouvert et que chacun assume ses positions. Je veux dire que face à de telles situations, de tels drames, de telles implications humaines, nul ne s’autorise le petit jeu pervers des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient !


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