Appel de René Di Roberto (universitaire réputé, Bordeaux) à voter pour la liste Mélenchon Daguerre

dimanche 7 juin 2009.
 

Bonjour à tous,

Le 7 juin, auront lieu des élections pour le Parlement européen. Il n’est pas excessif de dire que ces élections n’ont suscité aucun débat démocratique ni en France ni ailleurs. Ce débat n’a eu lieu ni sur la scène médiatique ni, et c’est plus étonnant et regrettable, sur les scènes privées, celles de nos familles, de nos amis, de nos collègues de travail où l’on n’entend, concernant ces élections, qu’un grand silence. Chacun se demande pour qui va voter son voisin, son ami, éventuellement pour qui il votera lui-même mais chacun se retient d’ouvrir la discussion. Comme si la politique était devenue une affaire intime dont il fallait se garder de parler. Comme si la politique n’était plus cette belle manière civilisée de vivre ensemble.

Du coup, beaucoup considèrent que cette consultation se traduira par un chiffre record d’abstentions. Et les pouvoirs en place, aux niveaux nationaux et au niveau européen, se rassurent de cette soi-disant « démobilisation » puisque c’est la meilleure manière de les conforter à leur place.

Ce désintérêt pour l’Europe est un pur slogan idéologique puisqu’il faut rappeler qu’en 2005, les français se sont intéressés à la question européenne et sont allés voter en grand nombre pour dire non à l’Europe libérale qu’on leur proposait. Certes, ce résultat était la somme d’aspirations diverses, en particulier un vote sanction contre la politique du moment. Dans ce cas, on comprend mal pourquoi le suffrage du 7 juin ne pourrait pas être aussi un vote sanction puisque la situation de nos pays n’a fait que se dégrader pour des millions de gens. Mais il ne doit pas être que cela. Car il faut savoir que 80% des décisions de politique économique nationale dépendent des choix faits par Bruxelles et Strasbourg. Les élections du 7 juin sont donc des élections de la plus haute importance. C’est pour cela que je donnerai ici mon point de vue.

Beaucoup n’ont pas encore fait leur choix. Je souhaite que le débat qui pourrait s’ouvrir par cette modeste contribution nous permette à tous d’y voir plus clair. Et que surtout l’on ne s’en remette pas à l’ « image » des leaders politiques qui tend malheureusement trop souvent à remplacer la lecture de leurs programmes !

En 2005, j’avais nettement pris position contre le traité établissant une constitution de l’Europe. Pas par anti-européanisme ou par souverainisme comme beaucoup, à cours d’arguments, nous en avaient tristement accusés mais parce que j’étais convaincu qu’une véritable Europe devait promouvoir ni la « concurrence libre et non faussée » ni la surpuissance de la BCE, soi-disant gardienne de la stabilité des prix (on a vu ce que cela donnait sur les prix des produits consommés par les plus modestes !!), mais pour promouvoir une harmonisation sociale et une harmonisation fiscale « par le haut », seules conditions pour donner aux européens les plus fragiles, une dignité. La crise dans laquelle nous sommes plongés, et qui était prévisible, n’a fait qu’accroître les inégalités et la détresse des pauvres gens. C’est même leur pauvreté qui a conduit à cette crise car pour augmenter les profits spéculatifs, on a conduit des millions de pauvres gens, aux Etats-Unis, mais aussi en Europe, à s’endetter pour compenser la faiblesse de leurs revenus salariaux. La crise n’est pas financière : elle est sociale. Mais bien sûr, l’explication financière, technique est du goût de beaucoup puisqu’elle permet d’invoquer des arguments peu compréhensibles : la mondialisation, la mauvaise gouvernance des banques, l’avidité démesurée de quelques patrons du CAC 40. Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage ; quand on veut noyer le poisson, on dit qu’il n’y a pas de poisson.

Dans le contexte de la crise, l’Europe des 27 a montré ses faiblesses.Incapable de programmer un plan de relance européen, elle a laissé les Etats gérer leurs réponses à leur guise ; elle a laissé s’enfoncer dans le marasme économique les nations nouvellement entrées dans l’Union qui, faute d’exportations dans lesquelles on les avait cantonnées, ont vu leur économie se dégrader brutalement. Et le FMI ne leur a proposé que les mesures qu’il a dans sa panoplie habituelle (réduction des dépenses, rigueur salariale et budgétaire), à l’exemple de la Hongrie à qui on a consenti un prêt de 15 milliards de $ moyennant une politique de rigueur extrêmement musclée et une nouvelle équipe dirigeante, en phase avec le prêteur. La solidarité européenne aurait exigé que les moins touchés viennent en aide aux plus fragiles (comme on avait su le faire pour l’Espagne et le Portugal). Mais il est vrai que l’Europe du traité de Lisbonne n’a que faire de la solidarité entre les nations.

On aurait pu penser que, dans ce contexte, la gauche dite « de gouvernement » ferait un tabac ! On voit au contraire que les partis sociaux- démocrates piétinent, à l’image du PS français qui gesticule sans convaincre.

Il faut dire que ces partis ont voté la plupart des textes proposés par la droite et, au niveau des nations cette alliance s’est concrétisée par des alliances entre la droite et la « gauche », comme en Allemagne par exemple où la crise n’a jamais été aussi grave et où la social-démocratie penche de plus en plus vers un social libéralisme mâtiné d’écologie libérale style Cohn-Bendit (que rejoint chez nous, par une curieuse enjambée, José Bové !).

Sans parler de l’Italie où la social-démocratie a été éradiquée du paysage politique.

Sans parler de la France où des socialistes, au pire ont rejoint Sarkozy ou s’apprêtent à le faire, au mieux envisagent une alliance avec Bayrou, bien connu pour ses idées socialistes !!.

Plus grave, alors que le traité constitutionnel avait été largement repoussé par les français et les hollandais, le pseudo « traité simplifié », dit « traité de Lisbonne » est ratifié par tous les gouvernements et parlements, avec l’appui d’une majorité de la gauche socialiste ! Seule les irlandais ont été consultés. Ils ont dit « non ». Qu’à cela ne tienne : ils devront revoter !

Je rappelle à ceux qui me connaissent mal que je n’appartiens à aucun parti politique. Comme beaucoup, j’ai longtemps espéré que le PS porterait un vrai message de renouveau. Comme beaucoup, j’ai été profondément déçu par ce parti qui n’a plus comme fonction que d’être une machine à conquérir des mandats locaux. J’entends aujourd’hui les socialistes pourfendre l’Europe libérale, la crise énergétique, les plans sociaux, le paquet fiscal, je les entends dire « stop à Sarkozy-Barroso ». Mais comment peuvent-ils s’opposer à cette Europe libérale alors qu’ils ont d’une seule voix (ou presque) voté le traité de Lisbonne, ce traité qui exclut toute possibilité d’harmonisation sociale (sauf, bien sûr, l’harmonisation par le bas grâce au jeu de la concurrence non faussée entre les salariés) ? Les socialistes se sont perdus à force de croire que pour être moderne, il fallait dépasser le socialisme. Or, comme le dit l’économiste Jacques Généreux, « pour dépasser la modernité, il est grand temps d’être socialiste » !

Le 7 juin, j’ai donc décidé de voter pour le Front de gauche. Je considère que c’est aujourd’hui la seule gauche loyale, c’est-à-dire une gauche qui respecte les décisions des citoyens et qui propose une autre Europe, plus sociale, plus généreuse, plus solidaire, où la notion de services publics peut encore avoir un sens. Une Europe où la coopération prime sur la rivalité. Une Europe où la société ne se construira pas sur une apologie de l’individu mais sur la force des liens sociaux. Une Europe où l’on aura le sens du partage plutôt que celui du gain. Une Europe qui prendra à bras le corps les deux questions urgentes et en même temps essentielles pour les années et les siècles à venir : la question sociale et la question écologique.

La seule force sérieuse aussi qui sait bien que si la gauche veut reprendre la conduite de ce pays, il lui faudra être unie. Unie avec toutes les forces de gauche, dont les socialistes, bien sûr, mais des socialistes ralliés sur des bases de gauche. (Sur ce point l’attitude du NPA de Besancenot est suicidaire car refuser toute alliance future avec le PS, c’est refuser de gouverner.) Les socialistes ne sont pas pour moi des ennemis, mais des amis égarés.

Je voterai donc dans notre circonscription pour la liste de Jean Luc Mélenchon et de Cathy Daguerre. Pour l’heure, je considère que c’est la seule alternative crédible.

Et je vous invite, comme je l’avais fait il y a 4 ans, au débat car le débat est plus que jamais nécessaire.

En attendant, je vous transfère une vidéo qu’il faut, je crois, prendre le temps de regarder, tant il est rare de voir d’autres que les mêmes avoir une si longue antenne.

http://www.bfmtv.fr/podcast_video_b...

(Patientez pendant la pub)

Amicalement

René Di Roberto


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