Analyse des résultats pour les élections européennes du 7 juin 2009

mardi 9 juin 2009.
 

1) Rendez-nous les vrais résultats !

L’analyse des résultats électoraux est toujours un enjeu politique. Mais lors de cette élection, ce sont les chiffres eux-mêmes qui sont en question et pas uniquement les leçons à en tirer. Les indications erronées du Ministère de l’Intérieur (qui ne comptabilise pas dans le Front de Gauche les voix de l’Outremer) comme de l’AFP (qui ne reprend pas l’étiquette Front de Gauche et labellise nos listes PCF) entretiennent une grande confusion.

Même le numéro de référence du journal Le Monde consacré aux résultats ne donne pas la totalisation pour la France entière ! Il se prend même les pieds dans le tapis devant ces informations contradictoires. Dans la page consacrée au Front de Gauche, la légende de la photo nous donne 6,05% et l’article de Sylvia Zappi signale que nous avons 5 élus. Or ces deux informations ne peuvent être vraies en même temps. Et c’est Sylvia Zappi qui a raison. En effet, le total de 6,05% correspond à la totalisation du ministère de l’Intérieur sans l’Outre-Mer, alors que nos 5 élus comprennent celui de l’Outremer. Cette même confusion conduit certains à comparer les résultats du PCF en 2004 (puisque l’AFP nous affiche comme PCF) en incluant les voix de l’Outre Mer avec ceux du Front de Gauche en 2009 en excluant l’Outre Mer. Bien sûr ils comparent ainsi deux réalités non comparables. Et cela conduit à des contresens majeurs. Ainsi on peut lire dans certains articles (et même sur le site du Parlement européen !) que la délégation française au sein de la GUE passerait de 3 à 4 élus, alors qu’en métropole elle passe en réalité de 2 à 4 élus, et sur la France entière de 3 à 5…

Alors quels sont les vrais chiffres ? Ce sont ceux qui portent sur la France entière avec les voix de l’Alliance des Outremers puisque les organisations du Front de Gauche soutenaient cette liste comprenant plusieurs partis progressistes d’Outremer. Nous obtenons donc 6,5% des voix et 5 élus. 6,05 ou 6,5% quelle importance me direz-vous ? Sachez que ce n’est pas un détail. Car du coup nous passons de la 7e à la 5e place, devant les listes d’extrême-gauche (le Ministère de l’Intérieur additionne en effet les listes NPA, LO et toutes les listes d’extrême-gauche ce qui les met à 6,1%...) et surtout devant la liste du Front national (6,32%). A lui seul ce dernier fait mérite que la réalité des chiffres soit rétablie.

2) La dynamique Front de Gauche

Malgré ses quelques petits mois d’existence, le Front de Gauche enregistre un succès dans les urnes. En dépit d’une abstention populaire qui leur était extrêmement défavorable, les listes du Front de Gauche ont su en effet entraîner de nouveaux électeurs et constituer leur propre électorat.

C’est la première fois que le Front de Gauche se présentait aux élections. En conséquence, on ne dispose pas de point de comparaison historique. La seule comparaison que l’on peut faire est avec les résultats obtenus aux précédentes élections par le PCF, unique composante du Front de Gauche qui se soit présentée jusqu’ici aux suffrages.

Si l’on compare le score du Front de Gauche avec les résultats de la liste PCF de 2004, on note une progression globale et un renouvellement des électeurs qui apparaît clairement dans le détail des bureaux de vote. Les résultats locaux montrent que l’abstention populaire record a frappé les bastions communistes traditionnels mais que de nouveaux électeurs sont venus compenser, et même davantage, ce phénomène. On a donc assisté à l’émergence d’un électorat Front de Gauche spécifique et pas uniquement à une addition d’électorats préexistants.

L’analyse des scores à l’échelle des circonscriptions le confirme. La progression est quasi générale. La carte électorale recoupe en partie celle du PCF mais elle n’est pas identique. Ainsi les plus fortes progressions en voix sont enregistrés dans le Sud Ouest (+31,36% de voix en plus) et dans l’Est (+30,41%). Une seule circonscription est en recul, le Nord-Ouest (-3,03%). Lorsque l’on observe plus en détail les résultats au sein de chaque circonscription, on voit aussi que les cartes du vote PCF de 2004 et du vote Front de Gauche de 2009 ne se recoupent pas. Ainsi, dans l’Ile-de-France, la Seine-Saint-Denis enregistre une perte de 1199 voix par rapport à 2004 et l’Essonne un gain de 4108 suffrages (suivie par Paris et ses 2873 voix supplémentaires). C’est bien sûr un motif de satisfaction pour le PG, car c’est là où il est le mieux implanté que les progressions sont plus fortes. Mais c’est surtout la preuve qu’une proposition politique nouvelle peut gagner de nouveaux électeurs et qu’en conséquence les rapports de force politiques actuels peuvent être inversés.

Enfin, il est intéressant de comparer les résultats en voix avec ceux du premier tour de la présidentielle de 2007. Presque toutes les listes perdent des voix : plus de 6 millions pour l’UMP et le PS, plus de 5 millions pour le Modem, près de 3 millions pour le FN, 650 000 pour le NPA, 400 000 pour De Villiers et le CNPT, 300 000 pour LO. Seules deux listes progressent : 1 700 000 voix supplémentaires pour Europe Ecologie et 400 000 pour le Front de Gauche.


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