Entreprise et République (par Jacques LEMARCHAND, Républicain)

samedi 16 janvier 2010.
 

Sommaire

1) Vous avez dit « République » ?

2) Mille ans de « mano a mano »

3) La République au défi

4) Le tsunami mondialiste

5) Une « démocratie » à bout de souffle

6) L’économie sociale ou la fin d’un apartheid

7) Le pouvoir est au bout du … travail

8) Transformer les rapports sociaux

9) Une ambition économique, un défi politique

1) Vous avez dit « République » ?

Les termes d’Entreprise et de République, qui appartiennent tous deux au vocabulaire moderne, désignent deux entités qui ne se répondent pas directement, parce que d’essence, de périmètres et de projets différents. Pourtant, ils désignent deux types de « sociétés » dont l’une tend au meilleur gouvernement, quand l’autre aspirerait plutôt à un gouvernement meilleur.

Cette similitude et cette différence concomitantes dans la démarche expliquent peut être pourquoi Entreprise et République collaborent régulièrement, mais s’ignorent officiellement au point d’entretenir une distance, une méfiance réciproque encore tenace.

L’entreprise n’a pas droit de cité dans le texte constitutionnel, ce qui découle logiquement de son statut privé et de son absence de légitimité politique. Symétriquement, les documents publics de présentation du Medef, ou de la CGPME, ne font pas référence au terme de République, préférant ceux de « pouvoirs publics », de « démocratie » ou de « société ».

Au quotidien, l’entreprise a depuis longtemps abandonné la référence à la République dont on peut constater à loisir que le vocable n’émaille ni les conversations ni les présentations, ni ne remplit les séminaires ou n’imprègne les « business plans ». Le terme a disparu au motif tacite que les professionnels « ne font pas de politique », alors même que le rôle et l’influence politiques grandissants que joue l’entreprise dans la société ne paraissent pas spécialement choquer, ni même questionner. On entend même de jeunes diplômés s’étonner que l’Etat ne soit pas encore géré comme une entreprise !

Si la légalité républicaine continue de s’imposer à l’entreprise, l’esprit républicain s’y est donc sérieusement émoussé, sauf peut être en matière de laïcité, où, pas plus que l’Etat pour l’école, elle n’a encore ratifié le port du voile, la pratique du jeûne ou la prière intermittente au travail. Qu’a donc fait l’état républicain pour mériter pareille indignité, pareil ostracisme rampant du monde du « business » ? A quoi tient cette méfiance que la République continue d’entretenir ou de susciter presque viscéralement chez ceux qui voient dans les services publics, les réglementations sociales ou les interventions de l’Etat dans l’économie un inadmissible empiètement dans un domaine qui leur serait plus ou moins « réservé » ?

Faut-il en conclure que volontarisme politique et efficacité économique sont devenus incompatibles ?

2) Mille ans de « mano a mano »

Tout au long du millénaire écoulé, la compatibilité, la complémentarité, voire la complicité entre volonté politique et développement économique n’a pas fait problème, jusqu’à l’apparition de la République. Le volontarisme politique, même après l’apparition de cette dernière, c’est la construction de l’Etat ou la stabilité politique du régime, et le pouvoir économique s’y prête d’autant plus volontiers qu’il en retire des bénéfices en termes d’enrichissement et de renforcement de son influence. Le divorce aura lieu progressivement, avec l’inflexion de la troisième république vers la « sociale » et l’apparition ou l’influence de la pensée socialiste au sens émancipateur du terme.

La République est l’héritière d’un pouvoir d’Etat qui s’est dessiné à l’époque où une véritable économie marchande renaissait en France, c’est-à-dire dès le Moyen Age.

Et le parallèle a continué si l’on considère que la mutation de l’Etat en République, puis en république « sociale » est intervenue au moment où survenait le phénomène entrepreneurial et l’ère des grands capitaines d’industrie du dix neuvième siècle, puis du vingtième, sans doute en réaction à la tournure qu’ils donnèrent au capitalisme dès cette époque, et à la question sociale qu’ils ne manquèrent pas de susciter dans le cadre de leurs entreprises.

La convergence entre constitution d’un pouvoir d’Etat et grands intérêts date du renouveau marchand qui apparaît à partir du 11ème siècle, après une période de relatif sommeil économique. De puissance privée parmi les autres, l’Etat s’est progressivement construit autour de dynasties et de familles vis à vis desquelles il s’est imposé, non pas comme on le croit souvent, en raison de sa capacité à incarner l’intérêt général, mais parce qu’il a su apprivoiser, polariser autour de lui les grands acteurs du jeu économique et social au fil des époques.

L’interpénétration des préoccupations est très tôt de mise. Ce sont tout d’abord seigneurs et clercs qui émancipent serfs et vilains venus travailler sur leurs terres ou mettre en valeur friches, marécages et forêts, renforçant leur puissance par le biais de nouvelles colonies de peuplement qui deviennent autant de villes nouvelles et prospères. C’est ensuite le monarque capétien qui compose avec les guildes et les corporations pour mieux faire pièce à l’influence des anciens corps intermédiaires de la féodalité (noblesse et clergé). Enfin, c’est le même monarque qui fait alliance avec les métiers, les artisans et boutiquiers pour fortifier sa position, par-dessus la tête des corporations envahissantes, politiquement encombrantes et le plus souvent sclérosantes.

Avec la fin du Moyen Age et la Renaissance, les meilleurs souverains c’est à dire ceux qui auront le plus de réussite dans leur entreprise d’édification d’un pouvoir central (Philippe le Bel, Louis XI et Henri IV), seront ceux qui sauront constamment jouer de ce jeu de bascule entre puissants et manants, notables établis et aspirants à la richesse, pouvoirs locaux et artisans, commerçants ou entrepreneurs de base de plus en plus présents dans le jeu politique.

On ne peut en dire autant de la monarchie absolutiste et des dérives qui vont provoquer la rupture pour avoir été trop permissives, trop arrangeantes vis-à-vis du désir d’enrichissement et de pouvoir, et trop ouvertement créatrices de passe-droits ou de privilèges livrant l’Etat à l’arbitraire de grandes oligarchies financières ou princières, monopolisant les ressources au gré de leurs intérêts propres ou de leur bon plaisir.

Fait nouveau cependant, la complémentarité, la complicité que tissent l’Etat et l’entreprise débouchent pour la première fois sur la mise en place d’établissements de production, de crédit ou d’échanges capables d’engager des investissements à très long terme, de promouvoir les techniques, dans lesquels l’Etat s’investit directement ou s’allie à des capitaux privés : Manufactures, grands comptoirs de commerce à l’étranger, financement des grandes découvertes, d’expéditions scientifiques, de grands travaux de prestige ou d’aménagements urbains, routiers ou portuaires.

L’interventionnisme est né, et ce Colbertisme tout neuf passera à la République sans que personne n’en conteste le bien fondé dès lors qu’il est moteur de développement, ni ne soit trop regardant sur la provenance ou la destination des richesses. Il sera toujours temps, pour les futurs maîtres de l’Etat, d’en retourner les armes au profit des laissés pour compte provisoires de l’histoire.

Mais la confusion des intérêts, qui confine au « tout économique » - déjà – trouve ses limites dans ces Républiques italiennes ou hanséatiques qui sont autant d’arsenaux, d’ateliers ou de comptoirs dominants de l’Europe marchande, entièrement sous la coupe de familles patriciennes qui les dirigent et monopolisent à leur profit le pouvoir d’Etat. Avec pour corollaire, la fragilité des souverains qui en sont les tributaires et parfois les otages ou la fragilité du pacte d’enrichissement et de croissance comme seul projet politique. La contribution des riches et des puissants au bien commun ne vaut qu’en tant qu’on continue à leur garantir la liberté de prospérer et de poursuivre leur industrieuse et incessante activité, rendant l’équilibre des pouvoirs et le modus vivendi toujours plus précaire et susceptible de remise en cause.

Car le bon peuple est absent de tout arbitrage, et son irruption sur la scène politique bouleversera finalement la donne. Avec la monarchie constitutionnelle et puis très vite, la République. La révolution politique n’ira toutefois pas aussi vite que l’évolution économique et sociale. Le nouvel ordre politique restera pour un temps encore à la porte de l’entreprise, nouvellement érigée en cadre de référence de la théorie économique et en laboratoire incontournable de l’efficacité industrielle, commerciale et technique.

3) La République au défi

La République, régime politique d’un type nouveau, se distingue en effet par un projet émancipateur proclamé, sinon toujours assumé. La rivalité entre pouvoirs qui jusque là, avait tenu à leur prééminence, à leur liberté d’action et à leur autonomie respective par castes, privilèges ou représentants interposés, sans qu’il soit question de remettre en cause leur existence, tournera brusquement à la confrontation idéologique, avec des tentations d’excommunication mutuelle qui ne se sont pas réellement apaisées. D’autant que la crise du capitalisme libéral, succédant au capitalisme d’Etat aujourd’hui quasiment disparu, vient aujourd’hui les raviver. Pourtant, jusqu’à une époque récente, Etat et entreprise avaient fini par trouver un modus vivendi dans l’Europe moderne des Etats, sous le vocable d’économie mixte en France ou d’économie sociale de marché, outre Rhin. La loi Le Chapelier, qui date de 1791, entend tout d’abord changer la donne en plaçant directement les acteurs économiques face à l’Etat, même si la voie utilisée apparaît aujourd’hui curieuse.

L’intention va plus loin que par le passé, à l’égard du pouvoir économique organisé. Il ne s’agit plus de le contenir, mais de le réduire au nom d’un empiètement qui touche au moins autant aux valeurs véhiculées qu’au préjudice matériel éventuel ou aux dommages économiques constatés.

L’application de la pensée physiocrate en l’occurrence, consiste à « libérer » l’entrepreneur individuel ou le travailleur de l’emprise des corporations, guildes et autres groupements d’intérêt corporatistes, considérés en fait comme des menaces pour le nouveau pouvoir. « Il n’est permis à personne d’inspirer aux citoyens un intérêt intermédiaire, de les séparer de la chose publique par un esprit de coopération ».

La seconde rupture n’est pas immédiate. Seule la Commune de Paris vient rappeler à la république renaissante sa priorité sociale en mettant en scène l’ouvrier au moins autant que le citoyen. Mais elle demeure une parenthèse, illustrant le conflit idéologique sous-jacent entre libéraux et marxistes, et plus largement socialistes de toutes nuances, adeptes d’une totale remise en cause des rapports au sein de ce nouveau Moloch qu’est l’usine ou la fabrique.

La troisième république reste empreinte d’un grand classicisme dans la façon dont elle cohabite avec le pouvoir économique et les représentants des lainières, de la presse, des transports, de la sidérurgie, de la mine. Sa priorité, c’est le développement et la conquête, donc les colonies, seuls susceptibles d’asseoir le régime dans la guerre impitoyable qu’il mène pour s’imposer dans l’Europe majoritairement monarchique et menaçante de l’époque. Comme les régimes précédents, elle a ses petits propriétaires, ses petits entrepreneurs, ses boutiquiers, ses artisans.

Comme les régimes précédents, elle a ses féodaux, ses grands prédateurs, qui ne sont plus princes de sang, mais banquiers, industriels, négociants en gros, grands bourgeois à la tête d’intérêts considérables, et même affairistes douteux, qui lui vaudront quelques scandales retentissants, dont elle se remettra.

A leur différence, cependant, et sous la pression d’un pouvoir intellectuel renaissant dans le sillage des Lumières, elle réussit quelques avancées politiques majeures, sinon décisives, qui touchent à l’entreprise : loi Waldeck Rousseau sur les syndicats en 1884, et loi de 1901 sur les associations, ouvrant la porte à une vision de l’activité économique déconnectée de la notion de profit, pour répondre aux expériences qui ont jalonné tout le siècle, des coopérateurs aux phalanstères en passant par les ennemis irréductibles de la propriété privée.

Hélas, son volontarisme politique s’arrêtera là, malgré des lois sociales sans précédent et des confrontations mémorables entre ouvriers et capitalistes, entre souveraineté populaire et « mur de l’argent », (impôt sur le revenu, congés payés, assurances sociales naissantes, …) qui culminent en 1936. Elle n’appliquera pas dans l’ordre économique, sauf pour la nouvelle SNCF ou Air France, le principe qu’elle avait si heureusement posé pour réaliser, dans le domaine religieux et du respect des consciences, l’oeuvre émancipatrice qui la distingue de tous les régimes antérieurs : Le principe de séparation, le principe de logiques distinctes, le principe de non mélange des genres, le principe d’encadrement par l’Etat et de coexistence dans l’Etat des différentes sensibilités, la libérale et la socialiste, c’est l’après-guerre qui le mettra en oeuvre avec un bonheur et une efficacité qu’on a tendance à regretter depuis.

A compter de 1945, les rapports de l’Etat et de l’entreprise s’analysent d’abord en termes de lutte des classes, avant de se normaliser après dissipation des soupçons ayant entaché les « possédants », bien qu’ils n’aient pas tous collaboré avec l’occupant. L’apparition de la notion de service public au service de l’intérêt général, de distinction entre gestion privée et gestion publique, pourtant née dès 1875 d’un arrêt du Conseil d’Etat, ne sera vraiment mise en oeuvre qu’à partir de cette époque, avec deux républiques successives se proclamant ouvertement « sociales et démocratiques », dans le droit fil du programme du Conseil National de la Résistance que certains hauts dirigeants du Medef ont d’ailleurs récemment dénoncé.

La notion de service public marque donc pour la première fois la volonté de ne pas tout céder à l’économisme envahissant des entrepreneurs, même s’ils ne sont plus tous propriétaires de leur affaire. Elle reconnaît le caractère spécifique de certaines activités inéligibles à la notion de profit, mais accessibles à celle de marché, à condition qu’elles soient dédommagées des handicaps qu’elles supportent du fait de leurs contraintes au service de la collectivité ou de leur manque d’attrait pour l’investissement privé, en raison de leur rentabilité incertaine à court terme.

La logique peut même aller jusqu’à la nationalisation, et l’Etat par deux fois ne se fera pas faute d’utiliser massivement cette méthode, lorsqu’il juge notamment que le caractère sensible de ces activités les rend essentielles pour la nation, ou ne les considère viables que dans le cadre d’un périmètre de gestion spécifique, qu’il regroupe, pour cette raison, sous son égide. L’institution du plan viendra en point d’orgue donner à l’Etat la suprématie dans l’orientation de l’action des opérateurs économiques et la prise en compte déterminante de l’intérêt général.

L’entreprise est elle enfin maîtrisée, le maléfice conjuré, la situation stabilisée, tout risque de confrontation définitivement écarté ? D’une certaine façon, oui, parce que le poids de l’état dans l’économie, désormais proche de 50 % du PIB, imprime à la vie économique des contraintes et des garde-fous qu’il n’était pas en mesure d’exercer auparavant. Et le Colbertisme devenu républicain profite également aux grands groupes privés que l’Etat suscite ou ressuscite pour exercer son influence et affirmer sa présence à travers le monde, engendrant regroupements et fusions destinés, au nom de l’intérêt national, à résister à l’ouverture des marchés ou à propulser les technologies et les produits « made in France » vers les théâtres d’exportation.

En outre, l’entreprise privée des trente glorieuses, joue un rôle essentiel dans l’accomplissement ou l’échec des politiques publiques, dont elle est le relais, le lieu d’application ou le levier, qu’il s’agisse de politique industrielle ou de commerce extérieur, de rémunérations, d’emploi, de diversité, de lutte contre l’exclusion, voire de laïcité, signe positif de sa « normalisation » et de son adhésion, sur ce point, au pacte républicain, mais jusqu’à quand ? Qui l’empêchera de basculer dans le communautarisme si d’aventure l’envie lui en prenait, ou plutôt, si elle cédait aux sirènes que le marketing, en la matière, fait résonner à ses oreilles ?

4) Le tsunami mondialiste

Le fait nouveau tient en effet à l’internationalisation à outrance des relations économiques et à l’impossibilité progressive dans laquelle se trouvent les Etats nations, désarmés par la doxa libérale triomphante de la fin du siècle dernier, de continuer à soutenir la croissance, qui se dérobe, et de résister à la pression concurrentielle et culturelle que l’entreprise multinationale leur imprime, selon une pensée managériale qui finit par coloniser tous les échelons de la société.

L’entreprise fait donc clairement figure d’accusée, par la brutalité de sa logique essentiellement comptable et financière, par l’âpreté au gain de dirigeants intouchables, et par l’aspect réducteur de sa domination économique et idéologique sans partage, eu égard aux menaces écologiques et aux perspectives sans précédent que la société de consommation, pourtant si critiquée, avait apporté pendant les trente glorieuses dans la pratique des loisirs, l’élévation du niveau de vie ou les possibilités de développement personnel et de promotion individuelle de ses membres.

Pire, elle apparaît aux yeux de beaucoup, dont les Républicains de conviction, comme le cheval de Troie de la mondialisation heureuse et sans partage, coupable de favoriser l’abandon des valeurs nationales et des exceptions culturelles, et, sous la revendication libérale, désireuse de tuer définitivement un modèle social français d’autant plus exécré qu’il avait sans doute le mieux résisté aux valeurs et aux concepts anglo-saxons puisés dans le plus pur classicisme économique, façon 18ème siècle.

Les citoyens et l’entreprise sont donc aujourd’hui, de nouveau, au bord de la rupture, quand la République officielle, coincée entre ses engagements européens et son opinion publique continue, pour le moins, d’hésiter entre exigence et complaisance, ou entre rappel à l’ordre et bienveillant laisser-aller. Les Républicains, quant à eux, ne peuvent rester insensibles à la tentation qu’ils décèlent, sous couvert de revendication libérale, d’oublier ou de brader le modèle culturel français pour lui préférer des méthodes et des valeurs opposées, ou de vouloir échapper, au nom de la mondialisation et de l’efficacité économique, à ses responsabilités nationales, morales, sociales et environnementales. Comment reprendre la marche en avant ?

5) Une « démocratie » à bout de souffle

La démocratie sociale, telle qu’elle s’est répandue en Europe depuis la fin du second conflit mondial, montre en effet à peu près partout ses limites. Et la moindre n’est pas l’entreprise, qui résiste encore et toujours à la pénétration de ce principe constitutionnel qu’on ne croyait pourtant plus si révolutionnaire.

Le malaise apparaît d’abord dans le système de représentation des salariés : le comité d’entreprise, présidé par le dirigeant, passe aux yeux de la grande majorité des salariés pour une chambre d’enregistrement, un inénarrable jeu de rôles, au mieux une agence de tourisme ou une assistante sociale qui met un peu de baume au coeur des troupes. Quand il ne sert pas à protéger un salarié en difficulté par une élection salvatrice et qui tombe à pic ! Il n’a de voix que consultative, qu’un droit d’alerte, au mieux, et ne joue vraiment de rôle que dans les circonstances dramatiques, c’est-à-dire quand il est généralement trop tard. La facilité avec laquelle on peut lui dissimuler les comptes réels, l’absence de transmission d’information objective, la méfiance avec laquelle on prépare et calcule le moindre mot qui y sera prononcé, dit assez bien l’inanité d’une structure qui était censée rapprocher les points de vue, esquisser des collaborations, bref, atténuer la rigueur de la condition salariale subalterne et mobiliser au service de l’entreprise.

Notons également que, même dans ses « oeuvres », le CE est discriminant entre entreprises de tailles différentes et accentue les inégalités entre salariés. Il n’est que de pénétrer dans le self service d’un grand groupe basé à la Défense et de le comparer avec la restauration de trottoir et les sandwiches avalés sur le pouce auxquels sont astreints les employés de bureau, les secrétaires, ou les cadres de petites structures pour se rendre compte qu’on est loin de l’égalité républicaine.

Ensuite, les délégués du personnel : La première chose qu’un cadre supérieur apprend, en prenant les commandes d’un site, c’est comment border, circonvenir, bref coincer les délégués pour avant tout les confiner dans le rôle que leur assigne effectivement la loi : veiller au respect des droits acquis et des réglementations, et ne laisser aucune place au grignotage de quoi que ce soit de supplémentaire.

Tout, depuis la préparation de l’entrevue mensuelle, le choix de l’ordre du jour, les arguments à prévoir, jusqu’au compte rendu à publier, ainsi qu’au lieu et à la façon de le faire, constituent des enjeux sur lesquels on passe plus de temps qu’à expédier la réunion en se regardant en chien de faïence. Et le patron, le responsable de site, le dirigeant ou l’entrepreneur n’est pas forcément le plus pointilleux sur ces questions dont l’habillage et la publicité font partie du folklore ambiant.

Enfin, les syndicats, qui jouent un rôle de sacrifiés, voire de parias, y compris dans les grands groupes qui ne font rien, en dehors de belles déclarations de principe, pour les promouvoir ou les associer vraiment à la marche de l’entreprise. Quand ils ne sont pas tout bonnement tricards, exclus, grillés, déconsidérés, interdits de séjour dans la PME en dépit de la loi et des grands principes affichés, à la faveur de stratégies ou le sordide le dispute au roublard.

Le droit syndical, reconnu officiellement en 1968, n’est toujours pas ratifié dans les faits par le monde de l’entreprise et des affaires qui passent leur temps en stratégies d’évitement, de déconsidération ou de lutte ouverte pour le décrédibiliser, le décourager, le marginaliser. A croire qu’un mot d’ordre circule pour que décidément, toute tentative de réduire l’écart, pour combler le fossé, pour rapprocher les points de vue, bref, pour apaiser quelque peu les rigueurs de la lutte sociale, soit condamnée à l’échec.

Côté management, les accusations qui pèsent sur l’entreprise sont de trois ordres : la dépolitisation par la technique et la professionnalisation « bien pensante » de la gestion, qui permet d’oublier l’aspect politique ou moral des moyens utilisés.

En second lieu, le conformisme et son corollaire, l’acceptation, la soumission, le fatalisme, le renoncement, la résignation. Enfin, la caporalisation plus ou moins feutrée, avec à la clé, la culpabilisation, née du refus du risque (contrairement au discours dominant), des déviances, des idées trop tranchées, des aspérités, des originalités, des spécificités, des singularités.

L’arsenal des méthodes (profilage, cahiers des charges, tests comportementaux, fonctionnement en réseau, …), issus du dogme de l’ « adaptatibilité », contraste évidemment avec une certaine idée de la République née de la révolte, du refus, de l’esprit critique, de la liberté de pensée et d’action, bref, de l’autonomie de la conscience.

On voit par là qu’il est temps d’ouvrir les fenêtres … et de retrouver du sens. Car la « démocratie », référence par excellence de la vie sociale en même temps que fondement de nos constitutions occidentales, n’a toujours pas droit de cité dans le management de l’entreprise privée, « temple » de la modernité. Mais est-elle d’ailleurs une réalité pour l’actionnaire ?

Le salariat, quoi qu’il en soit, reste un plafond de verre qui interdit toute participation réelle aux décisions et confine à la dépendance économique. Il est donc temps de rouvrir le débat sur la loi d’airain de la propriété entrepreneuriale, qui maintient la caste inférieure dans une position éminemment subalterne, infra libertaire, une situation de nanisme et d’infériorité statutaire du point de vue économique et social.

6) L’économie sociale ou la fin d’un apartheid

Au-delà des tentatives venant de l’entreprise pour adapter, sinon rénover le capitalisme entrepreneurial, notamment autour des notions à la mode de RSE (responsabilité sociale d’entreprise), deux voies s’ouvrent en effet pour qui entérine le constat ci-dessus : reproduire les erreurs du passé, en renationalisant « à la papa » et en laissant perdurer le salariat comme horizon indépassable de la classe ouvrière. Même amélioré, même encadré, même protégé, c’est à nos yeux une impasse.

Une autre voie existe, comme une deuxième bastille à prendre, qui consiste à en finir une bonne fois pour toutes avec cette situation de citoyens de seconde zone des salariés européens, ballottés par des décisions entrepreneuriales qui les dépassent, et toujours renvoyés à leur dépendance économique pour se voir interdire toute voix au chapitre : l’accès à la copropriété de l’entreprise – et donc à sa véritable cogestion - après que les anciens parias l’aient rachetée, récupérée, bref, qu’ils se la soient réappropriée dans toute l’étendue du terme.

La loi de 1901 sur les associations est à cet égard l’aboutissement d’un courant de pensée qui prend ses origines dans des initiatives émanant des capitalistes eux même (Frédéric le Play) ou de courants plus radicaux, communistes (Etienne Cabet), socialistes (Louis Blanc et ses « ateliers sociaux »), radicaux socialistes (Léon Bourgeois et Edouard Herriot), ou libéraux, en France avec Léon Walras, ou à l’étranger, avec Schulze en Allemagne et Stuart Mill en Grande-Bretagne. Elle est la traduction d’une vision de l’économie fondée non plus sur le profit, mais sur l’entraide, la solidarité, et surtout l’utilité pour croître et prospérer. Ses mécanismes en sont la démocratie, la répartition égalitaire des profits et l’indépendance vis-à-vis de l’état. Elle représente environ 2 millions de salariés en France, soit à peu près 8 % du total, et équivaudrait à 100 millions de salariés dans le monde, soit plus que les multinationales réunies. Ce n’est donc pas un secteur « anecdotique », mais substantiel (environ 10 % du PNB français), authentiquement alternatif, et qui vit sur un logiciel ouvert, débarrassé des paramètres et du langage habituels.

Comme le rappelle T. Jeantet , le monde coopératif est présent à l’étranger, aux Etats-Unis, au Japon, au Brésil, en Chine ou en Inde, avec des activités situées dans à peu près tous les secteurs, de la pharmacie à l’énergie, en passant par l’agro-alimentaire, la banque, les assurances, ou le commerce pur.

La démocratie : un homme, une voix. Pas de détenteur du capital surpuissant au milieu d’une myriade d’autres, pas de faiseurs de rois, pas de cessions d’actifs ou d’entrée en capital sans l’accord de la majorité, des dirigeants élus, ou nommés par les élus, pas d’autocrate sûr de son bon droit et de son infaillibilité, respect pour tous, décideurs de même niveau quel que soit leur rang, leur capacité, leur mérite.

La répartition égalitaire des profits : c’est à dire non pas en fonction de sa part dans la masse salariale comme pour la participation (quand elle existe, c’est-à-dire dans les entreprises de plus de 50 salariés), ni en fonction de son mérite ou de son résultat personnel, comme la plupart du temps dans les systèmes d’intéressement, ni non plus en fonction du capital investi au départ comme pour les dividendes. En outre, ces fonds sont soit réinvestis, soit reversés aux adhérents et sociétaires, dont les « clients » eux même, pour le surplus qu’ils ont accepté de payer lors de la formation du profit opéré par l’entreprise, et dont une partie au moins ne servira pas à l’autofinancement de la croissance.

L’indépendance vis-à-vis de l’Etat : La coopérative n’est pas une entreprise nationalisée, étatisée, administrée par une technostructure parachutée, imposée par l’actionnaire public. Elle n’est pas tributaire des politiques de ce dernier, ni le relais de ses administrations sous une forme moins contraignante, même si elle applique bien évidemment la loi. Elle garde sa liberté d’entrepreneur et le monopole de ses initiatives économiques, de sa façon d’aborder le marché ou de développer ses activités. Elle n’a de compte à rendre à personne d’autre qu’à ses adhérents actionnaires et aux salariés qui ont rejoint le cercle. Elle est libre au sens libéral du terme, tout en ne reposant pas sur la personne ou le comité directeur tout puissant érigé en sauveur ou en acteur providentiel, comme le veut la légende et malheureusement la réalité de nombre d’entreprises privées, qui, telle l’économie planifiée à la soviétique, accepte aussi de sacrifier, trop souvent, au culte de la personnalité.

Phalanstère selon Fourier, familistère pour Jean-Baptiste Godin, toutes les facettes de l’esprit républicain figurent dans cette entreprise d’un type nouveau, tant dans les buts poursuivis que dans les valeurs mises en oeuvre dans l’organisation de la production, la commercialisation, et la redistribution : respect, élection, solidarité, fraternité, égalité, et même liberté d’y participer ou non.

Mais dès lors qu’il existe parallèlement un système d’entreprises privées classiques, comment gérer la coexistence avec la course au profit qui reste la norme, comme dans l’Europe du Traité de Lisbonne, sinon par l’entremise d’une République arbitre et gardienne de l’égalité des chances pour l’un et l’autre système ? La « république coopérative » de Charles Gide n’est compatible avec le capitalisme que si la République tout court veille à sa survie.

Alors, comment opérer le passage en douceur à la collectivité autogestionnaire, une fois acquise la neutralité de l’Etat, et comment réaliser le transfert progressif du patrimoine aux membres de l’entreprise, comme autant de « républiques » capables de coexister au sein de la République avec un grand « R » ? C’est là que cette dernière trouve sa « nouvelle frontière ».

7) Le pouvoir est au bout du … travail

Le modus operandi nous a été fourni, dans les années 60, par un certain Marcel Loichot, haut fonctionnaire, selon un mécanisme simple qui consiste à se servir de la plus value dans l’entreprise comme on le fait de la croissance pour la répartition des revenus dans l’économie en général. La différence vient seulement du fait qu’au lieu de redistribuer du pouvoir d’achat, on redistribue du pouvoir tout court.

On prélève d’abord une partie d’autant plus importante que la plus value est forte et conforme au souhait de l’actionnaire initial, puis on en redistribue le produit sous forme d’actions gratuites aux salariés, en fonction de leur part dans la masse salariale. Au bout d’un certain temps, proportionnel au taux de formation de ladite plus value et au montant de la redistribution effectuée, l’entreprise voit se former un actionnariat salarié majoritaire, sans déposséder les fondateurs qui conservent leur apport initial.

La République, après bien des atermoiements, a validé l’idée et les prémisses de son application, à travers les dispositions qui, depuis 1959, ont jalonné l’histoire de la participation et de l’intéressement à la française. A son corps défendant, le patronat français s’est rallié aux mécanismes de l’épargne salariale, qui prévoient de redistribuer sous forme de parts ou d’actions, mais pas forcément celles de l’entreprise concernée, une part des résultats lorsqu’ils sont positifs et conformes aux objectifs négociés en commun avec les organisations syndicales. Les salariés sont même associés à la gestion des fonds communs de placement qui gèrent ces sommes, par le biais de représentants élus pour exercer un rôle de surveillance et de conseil vis-à-vis de leurs pairs.

Aujourd’hui environ 8 millions de salariés, soit à peu près un tiers du total, mais seulement 11 % des entreprises de moins de 50 salariés (contre 92 % des plus de 500) bénéficient de ces systèmes les « intéressant » à la bonne marche de l’entreprise. Mais, en dehors de quelques rares cas particuliers, dont la société Eiffage où ils détiennent un tiers du capital et ont contribué à faire échec à un raid hostile de l’espagnol Sacyr, les sommes en jeu (12 Mds d’euro perçus en 2004) sont loin de constituer des minorités de blocage permettant de peser vraiment sur les décisions, ou de discuter d’égal à égal des choix des dirigeants.

Si l’expérience va dans le bon sens, bien qu’ayant été récemment dévoyée par des autorisations de dégagement prématurées en contradiction totale avec l’esprit des origines (dispositions Sarkozy de 2004), ou par le souci de lier, avec la loi Fabius de 2001, des préoccupations de retraite avec celle d’un sursalaire, elle doit être amplifiée, accélérée, pour jouer le rôle décisif de levier économique qu’elle renferme, et entamer le rééquilibrage des rapports de force au sein de l’entreprise. A condition de surmonter d’abord des préventions et des réticences diverses, parfois compréhensibles d’ailleurs.

8) Transformer les rapports sociaux

Côté patronal d’abord : Favorables en façade au système de l’épargne salariale, qu’ils soutiennent officiellement, mais en totale opposition dès lors qu’il s’agit d’en élargir l’impact par la multiplication des entreprises éligibles, les responsables du patronat français redoutent en fait les conséquences à terme de ce mécanisme, preuve s’il en est de sa portée révolutionnaire.

Côté syndical et politique, la réticence est également de mise. Ce « pan-capitalisme » issu de l’analyse marxiste de la plus value, mais qui en retourne les effets contre ses utilisateurs abusifs, représente encore à leurs yeux, un risque de contradiction dans lequel le salarié actionnaire se retrouverait enfermé, piégé, obligé de consentir par avance à sa propre soumission de peur de perdre une partie importante de sa rémunération. Pour beaucoup, ce système est un leurre plus aliénateur que libérateur, faisant passer le salarié d’une zone de relatif confort à une prise de risque non négligeable. Voire.

Car aujourd’hui, la crise fait apparaître clairement que c’est, quoi qu’il arrive, le salarié qui « paie les pots cassés » de décisions ou d’un système devenu fou. Alors autant qu’il en ait la maîtrise ! Et qu’il soit en mesure d’en prévenir les dérives ! Les opérations de privatisation successives ont d’ailleurs montré un réel engouement pour l’actionnariat salarié, même tempéré par quelques sérieuses déconvenues, au point qu’un tiers des salariés français détient aujourd’hui des actions liées au produit de son travail, en plus de son salaire.

D’autre part, la logique économique existe, et il est inutile d’en nier les servitudes et les exigences, dont le rapport qui doit exister entre création et partage des richesses, ou entre valeur ajoutée et capacités redistributives, après financement des investissements. En prendre conscience n’a rien d’aliénant, c’est tout simplement grandir et accéder aux responsabilités !

Enfin, et surtout, on oublie volontiers que mépris de la morale ou des bonnes pratiques de gestion riment souvent avec solitude du pouvoir et décisions en vase clos. La collectivité de l’entreprise est parfaitement capable de porter un regard pertinent et adulte sur le marché, ses contraintes, les options stratégiques et le mode de management des dirigeants. On l’admet pour le citoyen, on le refuserait aux salariés ? Comment mieux traduire la méfiance que le « business » continue de manifester à l’égard de la démocratie, et le fait que la gestion de l’entreprise serait selon lui trop sérieuse pour qu’on la laisse à des non professionnels ? Aurait-on assisté à la déconfiture actuelle du groupe Alcatel de M. Tchuruk, si les salariés avaient eu leur mot à dire sur le rapprochement avec Lucent ou l’arrivée de Mme Russo ?

Le véritable obstacle à la prise de pouvoir par les salariés actionnaires se situe en effet dans la conviction élitiste et démocratiquement incorrecte que la compétence technique ne peut souffrir l’intervention ni le contrôle populaire, ce qui témoigne d’une dénaturation totale de l’idée que « tous n’étaient pas compétents, mais que tous devaient être en mesure de juger » chère à Périclès.

Mais il est un autre frein qui a trait à la capacité de mobilisation des salariés dans l’exercice de leurs nouvelles responsabilités, et qui suppose information, donc temps disponible, formation, donc compétence minimale, et motivation, donc sens des responsabilités et conscience de celles-ci.

Ce sont les vrais défis, ceux que devra relever la république qui aura le courage d’aller de l’avant et de proposer la mise en oeuvre de ce changement radical. A elle d’obtenir en retour le dévouement, le respect, la reconnaissance et la participation, comme il est nécessaire à chaque avancée sociale requérant l’implication de ses bénéficiaires. Laquelle, par parenthèse, et par réaction en chaîne, occasionnera modifications de rythmes de vie et de choix collectifs de façon à permettre l’aménagement d’un temps consacré à l’exercice en connaissance de cause, des nouveaux droits du salarié actionnaire.

Un bel exercice de démocratie en perspective, en même temps qu’une opération politique particulièrement délicate, tant la démobilisation, la désespérance, ou le désintérêt caractérisent aujourd’hui l’attitude fataliste de bataillons de salariés qui préfèrent polariser leur énergie sur des préoccupations nettement plus individuelles ou immédiates. Mais il n’est pas d’exercice véritable de la démocratie sans exigence, ni sans éducation, cette notion républicaine par excellence qui dénote l’ambition et la volonté de transformer en profondeur les rapports sociaux.

9) Une ambition économique, un défi politique

Convenons en : L’entreprise moderne a de plus en plus de mal à se couler dans le moule républicain qu’elle juge désuet, castrateur, rétrograde, et auquel elle cherche pour ces raisons à échapper de plus en plus.

« Cellule » incontournable de l’économique version classiques, marxistes ou fouriéristes, creuset ou chaudron des sorcières des facteurs de production et de développement que sont capitaux, travail, savoir-faire et productivité, espace de vie englobant des groupes sociaux de nature et de statuts très différents, obéissant à sa logique propre, c’est-à-dire aujourd’hui à celle de ses dirigeants ou de ses propriétaires, terrain d’expression par excellence de l’argent et des talents qu’il sait si bien se concilier, cadre des plus belles réalisations technologiques comme des plus noires spéculations, ou des pires aliénations, tout ne la prédispose pas vraiment à respecter le triptyque républicain qui lui est philosophiquement antérieur, surtout par ces temps de mondialisation, de concurrence généralisée, de course au profit et de « financiarisation » de l’économie.

D’où les accusations qui recommencent à peser sur elle, à juste titre, du fait des déceptions et des reculs qu’enregistre sans cesse et le mode, et le niveau de vie qu’elle pouvait auparavant se targuer d’avoir apporté. Mais cette situation est réversible, au prix d’une revivification de la démocratie qui en soit à la fois le but et le moyen.

Le but en confiant enfin au salariés, citoyens de seconde zone de la vie économique, le droit et la mission prééminente de gérer la destinée de leurs entreprises en tant que citoyens actifs d’une véritable démocratie économique.

Le moyen en tant que résurgence de l’esprit démocratique, seule façon de réussir collectivement le défi que représente le fait d’assumer cette nouvelle et exaltante responsabilité.

Jacques Lemarchand

NOTES :

1 T. Jeantet : « L’économie sociale, une alternative au capitalisme » Editions Economica.


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