L’OCDE a publié la feuille de route de Nicolas Sarkozy pour la réforme des retraites

samedi 27 juin 2009.
 

"En France, assurer la viabilité financière des systèmes de retraite exigera une augmentation de l’âge effectif de départ à la retraite". On doit cette affirmation péremptoire à Martine Durand, directrice adjointe de la Direction de l’emploi, du travail et des Affaires sociales à l’OCDE, et elle est extraite de l’édition 2009 du Panorama des pensions : les systèmes de retraite dans les pays de l’OCDE, publié mardi 23 juin, au lendemain du discours de Nicolas Sarkozy au Congrès.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), organisation qui regroupe les 30 pays les plus riches de la planète, a fixé la feuille de route de Nicolas Sarkozy pour le chantier d’une grande réforme des retraites, prévue pour "la mi-2010" et envoyé un communiqué de presse d’allégeance au dogme libéral en présentant la dernière édition du Panorama des pensions. Le titre de ce communiqué est explicite : "La crise met en évidence la nécessité d’une réforme profonde des retraites".

Voici les documents de synthèse en français concernant la France : On y prône une orientation très libérale vers des système de retraite par capitalisation qui, pourtant ont plongé pendant la crise. L’OCDE lance même un avertissement : "Faire machine arrière dans les réformes ou s’appuyer uniquement sur les régimes de retraites publiques par répartition, serait un pas dans la mauvaise direction".

OCDE-France-Points essentiels du Panorama des Pensions 2009

Après cette lecture fort instructive, on aura compris que la promesse de Nicolas Sarkozy que toutes les options seront "sur la table", y compris la plus sensible, celle d’un relèvement de l’âge de départ à la retraite, aujourd’hui fixé à 60 ans, est un gros mensonge… Dans la feuille de route de l’OCDE pour la France, la crise est donc l’occasion d’accélérer les réformes libérales, même si "les dispositifs de retraite privés ont eu aussi été durement touchés par l’effondrement des marchés d’actions".

L’éditorial vaut le détour ; en voici un extrait : "La confiance dans les régimes de pension privés a été très entamé par la crise, reconnaît la synthèse du panorama des pensions 2009 de l’OCDE. Dans plusieurs pays de l’OCDE, des voix s’élèvent de plus en plus en faveur de l’abandon des régimes mixtes de retraite ou pour un recours exclusif à un système public de retraite par répartition. En République slovaque, par exemple, les salariés affiliés aux nouveaux dispositifs de retraite à cotisations définies ont été autorisés à réintégrer le régime public. D’autres économies d’Europe orientale envisagent également de revenir sur les réformes engagées. Ces pays font fausse route.

Editorial et résumé du Panorama des pensions concernant la France "La crise économique et financière a détourné́ l’attention des questions liées au vieillissement démographique auquel sont confrontés les systèmes de retraite. Mais ces questions n’ont pas disparu pour autant et elles devront être résolues rapidement. Cependant, pour empêcher tout retour en arrière, il faudra rétablir la confiance dans l’épargne-retraite privée".

En somme, l’OCDE préconise un remède pire que le mal. L’OCDE et la prochaine réforme sarkozienne partent du principe que la cause est entendue : l’actuel système des retraites ne permettra pas d’assurer un pouvoir d’achat conséquent. Et qu’à l’horizon 2020, les salariés du privé toucheront au mieux 50 % de leur dernier salaire. Cette perte est destinée à pousser les retraités vers des fonds de pension et donc d’orienter le système vers les marchés financiers.

par Thierry Brun


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