Darcos sort par la petite porte...

mercredi 1er juillet 2009.
 

En douce, tel un voleur qui s’éclipserait après son larcin, Xavier Darcos prend la peine, au moment même où il est débarqué du ministère de l’Education Nationale, d’annoncer la suppression de 16 000 postes pour la rentrée 2010. La manœuvre manque de dignité et de courage. Elle s’apparente plus à une mesquine vengeance envers l’institution qui a refusé de le suivre dans la dérive libérale et marchande dans laquelle il entendait l’entraîner. S’il voulait ainsi s’exonérer, lui comme son successeur Luc Chatel, de toute responsabilité dans la baisse continue des moyens dont souffre l’éducation nationale, c’est raté. Car nul n’est dupe de l’étape supplémentaire qui est franchie avec ces 16 000 suppressions de postes qui s’ajoutent aux 24700 de ces deux dernières années. Pire, le nouveau ministre du travail assume enfin la part comptable de sa réforme de « mastérisation » de la formation des enseignants qui supprime l’année de stage des futurs professeurs, temps pourtant nécessaire d’apprentissage du métier.

Nicolas Sarkozy n’est pas en reste en terme d’annonces à la sauvette. Deux jours avant, devant le Congrès, le Président de la République dessinait à grands traits l’Ecole qu’il souhaite pour demain. Non pas une école républicaine pour toutes et tous, mais une école où les moyens se concentreraient uniquement sur les élèves en situation d’exclusion. Il s’agit là d’un tour de passe-passe qui derrière une approche faussement humaniste vise en réalité à niveler le système par le bas. Le Président de la République abandonne ainsi l’ambition d’apporter au plus grand nombre le savoir nécessaire non seulement à la vie professionnelle, mais aussi à l’émancipation individuelle et collective que devrait pourtant porter l’Ecole. A n’en pas douter, le secteur marchand n’attend qu’un tel message de résignation pour s’ouvrir plus encore le juteux marché de l’enseignement qui permettrait uniquement à celles et ceux qui le peuvent de compléter leur formation initiale. Les réformes de ces derniers mois, qui de la maternelle à l’université visent à favoriser l’émergence d’un plus fort pôle concurrentiel dans l’éducation, vont dans ce sens.

Le parti de Gauche dénonce aussi bien ces nouvelles suppressions de postes que la vision étriquée de l’Ecole que se fait le Président de la République. Les grands principes républicains de l’Ecole gratuite, laïque et obligatoire doivent être réaffirmés dans le cadre du service public, protégé des règles de la concurrence et de la rentabilité. Nous devons donner à notre système éducatif les moyens de ses ambitions, afin qu’il soit en mesure de former des citoyens éclairés et acteurs de la société, y compris dans sa dimension professionnelle. Pour ce faire, le Parti de Gauche propose des choix forts comme l’utilisation des fonds publics uniquement pour l’enseignement public.

François Cocq, SN à l’éducation


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