De Francis Wurtz à Lothar Bisky à la tête de la Gauche unie européenne

vendredi 10 juillet 2009.
 

La séance du groupe de la GUE au parlement européen a été consacrée à l’élection du nouveau président du groupe. Je dis "nouveau" parce que l’actuel, celui qui était en poste au moment où le groupe a été convoqué, Francis Wurtz, passe la main. Il n’a pas été candidat aux européennes. C’était son choix personnel car je peux attester du fait que tout le monde a fait tout ce qu’il a pu pour le faire changer d’avis. Lui, qui ne manque pas de cet humour si spécial des gens de l’Est, nous répliquait que le "bon moment pour partir" est celui "où tout le monde veut vous retenir". Il arguait de ses trente ans de mandat européen pour justifier sa décision. Ce n’est pas frivole. A Bruxelles ce fut de même. Son départ n’arrangeait personne. Il ne faut pas cacher que des risques existent.

Francis Wurtz fabriqua tranquillement, dans un contexte de déclin des composantes communistes européennes du groupe GUE, une sorte de point d’équilibre entre les Verts nordiques et les multiples visages du communisme européen, en passant par les divers aspects de la dissidence socialiste. Sous sa houlette le groupe GUE a eu une consistance et un impact sur les débats. Il a existé. Cela a été possible parce qu’il a su s’adosser autant que faire se peut aux luttes sociales soit pour les nourrir par des informations, soit en les relayant. Puis son bilan est devenu un point d’appui dans la campagne des européennes. Ce n’était pas joué du tout.

A présent son départ laisse une certaine angoisse. Le successeur va-t-il réussir le même exploit ? Dans la nouvelle législature les seules forces politiques en progrès électoraux dans ce groupe sont des coalitions. Ainsi du Front de Gauche en France, du Bloc des Gauches au Portugal. Cela veut dire clairement que le déclin, ailleurs, continue. Mais l’ancien a du mal à s’accommoder du neuf. Cela se constate dans la composition dans l’équipe que forment le président et les vice-présidents, comme dans la composition des équipes techniques. J’en parle d’autant plus librement que je ne suis candidat à aucune fonction d’aucune sorte ni dans le groupe ni dans le Parlement. N’empêche.

Cependant, ma photographie politique doit être tempérée du fait que le nouveau président du groupe est l’allemand Lothar Bisky. C’était, jusque là, le co-président de Die Linke, parti de dépassement de l’ancien communisme s’il en est un. Je connais Lothar depuis la période juste avant le congrès de fondation de Die Linke. Nous étions allés le rencontrer avec François Delapierre au siège de Die Linke à Berlin. Comme nous avions croisé dans l’escalier Hans Modrow le dernier chancelier d’Allemagne de l’Est, nous avions pu prendre toute la mesure du choc culturel qu’avait dû représenter pour tous les camarades allemands la constitution d’un parti unissant ces ex-communistes d’Allemagne de l’est et les ex-sociaux démocrates de l’ouest ! Notre conclusion fut que ce serait plus facile à réaliser en France. Erreur, on le sait.


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