Obama Medvedev Dénucléarisation et démilitarisation (par Elie Hoarau, député européen Alliance des outremer Front de Gauche)

vendredi 10 juillet 2009.
 

Si les discussions engagées ces derniers jours entre Obama et Medvedev annoncent une diminution progressive des deux plus grands arsenaux nucléaires mondiaux, ce pas fait plus office d’un effet d’annonce que d’un réel engagement vers la dénucléarisation du monde contemporain. L’effort est appréciable, mais l’objectif demeure tout de même peu rassurant : on passerait d’une limite de 2 200 à 1 500-1 675 missiles à têtes nucléaires d’ici à 2015, soit une diminution d’un peu moins d’un tiers si les accords sont réellement respectés. Rien n’a par contre abouti sur la question du retrait américain du projet de bouclier antimissile. Le monde reste loin de la dénucléarisation des armées et in fine de la démilitarisation des relations internationales ; c’est ce qui ressort de cette rencontre.

Les inégalités, les velléités, les fractures et les enjeux stratégiques sont tels que l’idée kantienne du cosmopolitisme pacifiste a encore de quoi faire plancher de nombreux philosophes, et de quoi mettre au travail de nombreuses générations. Tout d’abord comment, du côté du monde en développement, des populations poussées à bout de misère peuvent-elles raisonnablement se satisfaire du statu quo et ne pas se laisser tenter par les mouvements révolutionnaires radicaux contemporains, définis par certains sous le terme de terroristes. La puissance nucléaire est-elle dissuasive face à ces nouveaux phénomènes alors qu’elle est la résultante de l’escalade des tensions entre les deux anciens blocs de la guerre froide appartenant à une époque révolue ? Comment aussi faire basculer une histoire humaine fondée sur des millénaires de guerres, de conquêtes et d’assouvissement, dans une volonté humaine nouvelle de fonder son devenir dans l’apaisement, la compréhension et l’entraide mutuelle ?

Si, alors, dénucléarisation et démilitarisation semblent impossibles en négociation directe, la question de la redistribution mondiale des richesses s’avère attenante. La richesse exubérante et disproportionnée est un accélérateur de conflit lorsqu’elle n’est pas partagée par tous dans une proportion acceptable. Bien sûr, la question de la guerre est insolvable, et si celle de la paix totale restera à travers le temps impossible, la paix objective reste quant à elle atteignable. Cependant cela ne se dessinera pas sans concessions et réorientations conséquentes en termes de justice sociale et d’égalité de développement que l’Union européenne et les États-Unis ont inéluctablement la charge de mener. Un nouveau siècle des lumières est possible, il faut presser la conscience de l’homme à sortir des méandres de l’individualisme total et à cheminer vers l’universalisme du droit à la dignité, à l’épanouissement et au bonheur.

Elie Hoarau est secrétaire général du Parti communiste réunionnais.


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