Pour élire le président du Parlement européen, le choix des eurodéputés : Gauche-droite (interview de Marie-Christine Vergiat, eurodéputée Front de Gauche)

samedi 11 juillet 2009.
 

Le Parlement doit élire son président mardi 14 juillet. Pour la première fois il n’y aura que deux candidats : l’ancien premier ministre polonais Jerzy Buzek, représentant de la droite conservatrice, et pour la gauche Eva-Britt Svensson. Entretien avec Marie-Christine Vergiat, coordinatrice de la Gauche unitaire européenne.

Comment expliquez-vous l’accord entre le Parti populaire européen et le Parti socialiste européen pour favoriser l’élection de Jerzy Buzek ?

Marie-Christine Vergiat. Il reste en effet en lice le candidat du PPE et la candidate de la GUE. On a vécu en France une campagne électorale où tout le monde était sur la ligne la plus à gauche, personne ne voulait une Europe libérale mais une Europe sociale, ni du candidat Barroso pour la présidence de la Commission. Et pourtant, c’est reparti de plus belle, j’allais dire comme d’habitude, c’est-à-dire en sous-main, des accords entre les uns et les autres. Après tous les beaux discours électoraux, dans les faits les partis qui font la majorité du Parlement continuent leurs tractations. Le PSE négocie deux ans et demi de présidence, à tour de rôle avec le PPE. Je ne sais pas ce que négocient les Verts mais je constate qu’ils ne présentent pas de candidat. La Gauche unitaire présente une candidate pour clarifier la situation. Elle présente une femme de l’Europe du Nord, Eva-Britt Swensson, féministe, écologiste, une femme de gauche.

A-t-elle obtenu publiquement d’autre soutien au-delà de la Gauche unitaire ?

Marie-Christine Vergiat. Nous espérons que ceux qui se disent de gauche choisiront leur candidat. Celui du PPE, l’ancien premier ministre polonais, représente la droite la plus réactionnaire et conservatrice que l’on peut trouver en Europe et notamment dans les anciens pays de l’Europe de l’Est. Il y a eu un débat entre les deux candidats mercredi après-midi qui m’a paru surréaliste. Jerzy Buzek s’y est vanté d’avoir fermé 22 mines dans sa région sans que cela pose le moindre problème ; il s’est vanté du bienfait des privatisations qui permettaient d’apporter de l’argent dans l’économie de son pays ; il a fait un lien direct entre immigration et délinquance… autant d’exemples qui montrent que ce n’est pas ce qui a été défendu notamment par le Front de gauche et au-delà.

C’est son programme pour le Parlement ?

Marie-Christine Vergiat. Oui, tout à fait. Il y a une occasion unique de permettre à ceux qui se réclament de la gauche de faire le choix entre un candidat de la droite la plus réactionnaire et une candidate de gauche clairement identifiée, pour laquelle bon nombre, s’ils étaient cohérents avec eux-mêmes, pourraient se reconnaître. Francis Wurtz soulignait que c’est la première fois qu’il y a, au premier tour, une confrontation droite-gauche aussi clairement identifiée.

Est-ce que cette élection préfigure la nomination du président de la Commission ?

Marie-Christine Vergiat. Il y a des tractations en sous-main. J’ai lu les déclarations de Daniel Cohn-Bendit. On sait que les socialistes français sont en train de discuter un certain nombre de places. Il y a des négociations par-derrière qui n’honorent pas le Parlement, qui ne facilitent pas ce qu’on appelle de nos voeux, la reconstruction d’une gauche clairement identifiée en Europe. La social-démocratie vient de se prendre une claque mémorable dans l’ensemble de l’Union européenne et elle continue comme si de rien n’était.

Entretien réalisé par Jacques Moran


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