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La diversion comme arme de la guerre cognitive

dimanche 2 octobre 2022 par Hervé Debonrivage

La diversion n’est pas une technique nouvelle mais elle occupe dorénavant un espace considérable dans le champ médiatique.


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La diversion comme arme de la guerre cognitive

mercredi 26 avril 2017

Article intéressant, mais c’est un survol des choses un peu bref. Qui plus est, j’estime que vos exemples sont inégaux et incomplets, et que bien sûr ils sont subjectifs mais c’est un reproche inutile à faire ici, puisque la pensée est politisée et l’argumentation tend à servir une idéologie. Je n’entrerai donc pas dans une analyse politique de la chose. Je veux juste me concentrer sur le sujet.

Je voulais juste préciser certains points pour élargir les perspectives générales. Je vais moi aussi poser des points par tirets plutôt que de faire un pavé unique

- Il faut distinguer deux outils distincts, le buzz et la diversion. Le buzz a pour but d’attirer l’attention sur quelqu’un ou quelque chose pour pouvoir traiter d’une problématique (je parle dans un contexte politique). On peut identifier deux types de buzz, celui qui est volontaire (exemple un homme politique tient un propos détonnant ou fait une proposition choc qui va lui permettre par ailleurs de se faire entendre et de mettre en lumière un sujet) et l’involontaire, un média va s’emparer d’un acte ou d’une parole afin de générer une polémique à l’avantage ou au désavantage de la personne qui en est l’auteur. La diversion, elle, va avoir pour but de mettre une chose en avant pour en cacher une autre. Cela peut aussi permettre de changer le centre de gravité d’un débat idéologique.

- Les médias ne sont pas autant que vous les pensez les serviteurs des gouvernants. D’ailleurs il est avéré que les idées des journalistes sont assez largement à gauche. Alors que ceux qui détiennent ces médias sont souvent à droite. Au final, la pensée véhiculée s’avère être relativement médiante. C’est à dire que les idées radicales de droite ou de gauche n’y ont pas "bonne presse". Ainsi un militant d’ultra gauche va voir dans les médias une pensée qui fait la promotion de la droite pro-finance et l’extrême droite, alors qu’un militant d’extrême droite va trouver les médias "gauchistes". Ce qui conforte l’idée qu’au final la position des médias doit être "entre-deux". S’il est une idéologie prégnante à identifier dans ses contenus c’est une forme de libéralisme (à savoir que le libéralisme est médian dans la classe politique, trouvant des soutiens du PS au Républicains en passant par le centre). Néanmoins sur les questions sociales et sociétales, il est difficile de trouver une véritable ligne idéologique. Encore une fois la penseurs radicaux de droite vont trouver que le traitement est trop à gauche et ceux de gauche que le traitement est trop à droite. Qui plus est, il suffit de suivre l’actualité dans les médias pour voir que le pouvoir est rarement traité avec complaisance. Sarkozy bashing, Hollande bashing... Le traitement de l’information par les médias est avant tout guidé par une volonté d’audience, et créer des polémiques afin de les exploiter, c’est un réflexe conditionné.

- Nous avons donc vu que manipuler les médias, non pas directement en donnant des ordres, mais en sachant leur manière de fonctionner est assez simple et va être utilisé aussi bien par le gouvernement en place que par l’opposition. Deux outils pour cela donc : buzz et diversion. Aucun médias ne sait résister à la tentation de s’en saisir. On retrouve cela aussi dans les médias dit d’investigation en leur donnant des infos compromettantes sur telle ou telle personne. En cela on peut dicter un sujet d’actualité et un calendrier. Les buts et les sources sont bien sûr multiples.

- Les buzz et les diversions ne sont pas des outils uniquement à l’usage de plus puissants, c’est un outil qui peut être utilisé par différentes causes. Un action choc et coup d’éclat trouveront toujours écho dans les médias. Manifestations, grèves et blocages sont aussi largement médiatisés. D’ailleurs quand les médias s’emparent des mouvements sociaux, c’est alors que le pouvoir en place va essayer de détourner les regards de ce "buzz" par la diversion. Buzz et diversion peuvent donc s’opposer voire s’annuler.

- Un exemple intéressant de médiatisation que vous oubliez de traiter est celui de ce petit enfant migrant mort sur une plage. La presse l’a largement relayé. Les sympathisants d’extrême droit y ont vu une volonté de manipuler l’opinion par l’émotion pour changer le regard sur le flux migratoire. Il est difficile de dire que cette médiatisation allait dans le sens du FN. Est-ce que pour autant on peut parler d’un acte militant des médias contre le FN ? Non. C’est le goût du sensationnel qui est le guide, comme il l’est la plupart du temps.

- Un autre exemple de médiatisation est celui de Nuit Debout, lui aussi très intéressant, qui a occupé énormément l’espace médiatique. Est-ce que cela servait le gouvernement, je ne pense pas, bien au contraire, cela à créé une plus forte émulation et une plus grande mobilisation.

Pour conclure je voudrais donc dire que les diversions autrement appelés "écrans de fumé" n’ont pas d’orientations systématiques, il n’y a pas non plus derrière une sorte de vaste "complot" qui consiste à détourner l’attention de sujets jugés primordiaux par les tenants de telle ou telle idéologies. L’information dans son état actuel se distingue surtout par sa médiocrité, par le manque de profondeur de ses analyses et par son goût du sensationnel qui permet aux différents partis politiques et idéologues d’imposer des thématiques.

Si les médias étaient effectivement soumis à des stratégies de diversions précises, certains sujets et certaines mobilisations qui ont pourtant été largement médiatisés et ont permis à nombre de personne porteuses d’une idéologie de faire valoir leurs arguments et de mettre en difficulté le gouvernement, n’auraient tout simplement pas eu d’écho.

Il est intéressant de noter également que buzz et diversions vont également être utilisés par des sites d’informations alternatifs qui sont souvent porteur d’une idéologie précise d’une couleur ou d’une autre.

J’aimerai finir en précisant que chaque polémique déclenchée comme diversion ouvre un boulevard pour de nombreux intervenants. Et que c’est à ces intervenants de recentrer les débats sur ce qu’ils estiment être l’essentiel comme par exemple dans le cas de Léonarda. La diversion peut donc être retournée contre ceux qui l’ont déclenchée. Cela peut-être à double tranchant.

Je pense que ces précisions étaient importantes pour avoir un vision plus globale du sujet.



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