Au nom de la morale catholique, la Pologne fait capoter la déclaration de l’ONU visant à limiter la forte mortalité périnatale des femmes dans le monde

lundi 2 novembre 2015.
 

La Pologne a opposé son veto à la Déclaration des Nations Unies sur l’accès à la « santé reproductive, y compris l’accès aux méthodes de planification familiale », qui signifie, entre autres, le droit et l’accès à l’avortement.

La dernière session du Conseil économique et social de l’ONU (ECOSOC), la plus importante sur la santé publique en 2009, a eu lieu il y a une semaine à Genève ; sa tâche principale concernait l’évaluation de la mise en oeuvre des Objectifs du Millénaire pour le Développement. L’un d’eux est de limiter la forte mortalité périnatale des femmes dans le monde, souvent associée aux dangers des avortements illégaux. Cela concerne, en particulier, les femmes en Afrique et dans certains pays d’Asie et d’Amérique du Sud. Ce projet de déclaration sur l’accès à la « santé reproductive, y compris l’accès aux méthodes de planification familiale » n’a pas de force juridique dans les Etats membres, en traçant uniquement les grandes lignes d’action. Tous les pays membres ont opté pour la déclaration, seule la Pologne, soutenue par l’Irlande et de Malte (qui ne sont pas membres à plein titre de l’ECOSOC). C’est donc grâce au vote polonais que la déclaration a été rejetée.

Le ministère polonais de la Santé explique l’attitude de la délégation polonaise par l’application de la loi anti-avortement en Pologne, contre laquelle la délégation n’a pas été en mesure d’agir.

Les médias catholiques en Pologne et à l’étranger (USA, par exemple) se félicitent du triomphe de la morale catholique : « L’offensive pro-avortement réfutée grâce à la Pologne. Il s’agit d’une réponse à la grande offensive pro-avortement qui vise a définir le meurtre des enfants à naître en tant que droit de l’homme et part des services médicaux » (le journaliste catholique Thomas Terlikowski, Fronda.pl).

De cette façon, la Pologne a une nouvelle fois confirmé sa politique officielle contre les droits des femmes, la politique qui reste en contradiction avec la position de l’UE. Le porte-parole du gouvernement polonais a déclaré que la Pologne pourrait accepter la position commune de l’UE dans le domaine de la santé reproductive, à condition que les questions de l’avortement dans d’autres conditions que celles autorisées par la loi polonaise (menace pour la vie ou la santé de la mère, des malformations graves du foetus, la grossesse à la suite d’un acte criminel) soient exclues.

Le fondamentalisme catholique polonais vise à imposer sa politique anti-avortement hors de la Pologne, y compris dans des pays où les normes internationales en matière de la santé reproductive seraient susceptibles de sauver la vie des millions de femmes.

Sa mission de faire respecter ce que l’on appelle les valeurs chrétiennes est opposée aux valeurs fondamentales de la démocratie, aux droits des femmes, y compris le droit des femmes à disposer de leur corps et d’avoir accès à la santé reproductive.

Dans le cas de l’Union Européenne, cela signifie un consentement à ce que les femmes européennes perdent leurs droits acquis de haute et longue lutte. Sans ces droits, la démocratie dans l’Union Européenne est un slogan dépourvu de sens.

par Nina Sankari

Initiative Féministe Européenne pour une autre Europe


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