Peillon, Cohn Bendit, Hue et Sarnez du MODEM lancent un "rassemblement" (article complété et revue de presse). Rebsamen prétend y inviter Mélenchon

dimanche 23 août 2009.
 

Depuis plusieurs années, le peuple de gauche attend une alternative à la droite et au libéralisme. D’élection présidentielle perdue en mouvements sociaux terminés en queue de poisson, des crispations sectaires d’une organisation aux trahisons des coquins, une certaine désespérance peut poindre avec la confusion des esprits que cela implique. Des dirigeants socialistes s’occupent d’en rajouter. Quand on juge comme Manuel Valls que le PS doit abandonner sa référence au socialisme, aucun reniement n’est à exclure. Quand un Montebourg menace de quitter son parti si celui-ci n’accepte pas sa proposition de primaires pour 2012, on se dit que ses convictions socialistes sont très liées à ses ambitions. Peillon, Rebsamen et Dray viennent ce week-end d’acter un nouveau reniement lors des ateliers d’été de leur courant L’espoir à gauche ( courant issu de la motion de Ségolène Royal au congrès de Reims) : en finir avec la stratégie d’Union de la gauche et construire un "rassemblement" avec le MODEM. Il ne faut surtout pas croire que ce glissement droitier d’orientation aidera à une meilleure conscience politique des citoyens français. Avec l’appui de tout le tam-tam médiatique habituel et des directions syndicales peu offensives, les questions réelles de l’heure (licenciements, pouvoir d’achat, retraites, contrôle des livres de compte...) peuvent être réléguées à l’arrière plan d’une tactique politicienne : Tous contre Sarkozy. Les salariés et couches populaires ont plus à perdre qu’à gagner dans cette représentation d’Embrassons-nous Folleville. Quant au personnel politique impliqué dans ce Pacte Unitaire de progrès, leur carrière personnelle constitue leur unique préoccupation.

Le chef d’orchestre de cette opérette s’appelle Daniel Cohn Bendit revenu d’un gauchisme infantile, proche aujourd’hui des démocrates américains et attaché aux vertus du capitalisme teinté de vert pâle.

Parmi les acteurs principaux, notons :

* José Bové : "Il faut qu’on soit capable de rassembler toutes les forces écolos de gauche et démocrates" (sous-entendu Lepage, MODEM)

* François Rebsamen (maire socialiste de Dijon et sénateur de Côte d’Or) dont le poids est très important au PS. "C’est un moment historique pour notre pays." Il a lancé un appel à Jean-Luc Mélenchon au micro d’Europe 1. "Mélenchon a tort de ne pas être dans notre rassemblement. Il y a sa place, je l’y invite". Je pense qu’en disant cela, Rebsamen cherche surtout véhiculer par les médias l’image d’un collectif rassemblé à Marseille comme à La Rochelle rejeté par un Mélenchon isolé et bougon ; il fait semblant de ne pas savoir que la création du PG faisait partie d’un tout autre projet politique ayant pour objectif de résister à Sarkozy et au MEDEF, de construire un front de la gauche de transformation sociale tout en ne faisant pas le jeu de la droite au second tour des élections, de préparer une alternative au libéralisme sur un programme répondant aux intérêts des couches populaires.

* Jean-Vincent Placé, numéro 2 des Verts : "Si la gauche est d’accord, nous n’excluons pas de nous ouvrir aux humanistes et aux démocrates"

* Robert Hue favorable à un « compromis historique » avec le MODEM qui rappelle que sa majorité municipale de Cormeilles-en-Parisis comptait « des élus de sensibilité MoDem ». "Il y a des millions de gens qui n’intégreront jamais nos partis politiques d’origine si nous ne bougeons pas. Nous avons l’obligation d’aller au-delà."

* Corine Lepage, ex ministre de Juppé, dirigeante du MODEM et pasionaria de nombreux "républicains" parisiens qui veut "dépasser ce que tous, nous traînons derrière nous" en abandonnant "vieilles recettes et alliances d’appareil".

* Jean Luc Bennhamias, déjà passé des Verts au MODEM

* Julien Dray (annoncé à Marseille comme représentant le PS), Patrick Menucci (chef d’état-major de Ségolène), Jean-Louis Bianco (directeur de la campagne présidentielle de Ségolène et responsable du Projet des socialistes pour les élections régionales de 2010)...

* peut-être Christiane Taubira du PRG

* N’oublions pas Ségolène Royal (dont Peillon, Rebsamen, Dray sont proches) qui reste discrète mais est favorable à l’alliance PS MODEM

Cela fait déjà du beau monde.

Quant à l’héroïne inattendue de cette opérette, elle se nomme Marielle de Sarnez, bras droit de François Bayrou. Entrée en politique avec Ladislas Poniatowski parmi un courant lié à l’extrême droite : les jeunes Républicains Indépendants, la voici invitée et applaudie par une assemblée de militants socialistes à Marseille, la voici à la tribune aux côtés de Robert Hue. A Marseille, elle représente sans aucun doute le MODEM puisqu’il n’ y a pas eu de réaction négative à sa présence parmi les dirigeants. C’est en tout cas elle qui a l’honneur de parler en premier. "Nous venons d’horizons divers, reconnaît-elle. Nous partageons la même inquiétude pour notre pays. Et nous portons le même jugement sur le pouvoir en place. Nous n’aimons ni sa façon de faire ni sa façon d’être." La salle exulte. La députée européenne poursuit : "Tous ceux qui n’ont pas renoncé (...) à l’idéal républicain ont à faire ensemble. (...) Ensemble. Pas les uns sans les autres. Et pas les uns contre les autres." Standing ovation. Rebsamen : "Tu vois Marielle, je t’avais dit que tu serais bien accueillie ! Il faut dire que t’as mis la barre à gauche."

Aurait-elle accepté de protéger la retraite à 60 ans ou la Sécurité sociale, ou défendre l’enseignement public et les services publics, ou rattraper le Smic à 1600 euros, ou reconstruire le code du travail, ou contrôler les licenciements, ou redistribuer les richesses ou ... ?

Que non ! Son programme du MODEM comprend l’abolition des 35 heures, l’allègement des charges patronales au détriment de la Sécurité sociale, la retraite en fait à plus de 65 ans... Et après tout ça, la Marielle en blue jean, affirme "Ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous rassemble". Bigre ! Quelle honte vais-je ressentir, moi qui viens de passer 27 ans au PS si jamais ce parti accepte d’entrer dans le "rassemblement" avec le MODEM.

Les socialistes organisateurs de la danse du ventre de Marseille ont déjà complètement raboté leur programme pour le rendre acceptable par Marielle et François (Bayrou).

Soyons clairs :

* La gauche n’a rien à gagner à se laisser avaler par la couleuvre Bayrou comme la gauche italienne s’est laissée avaler par la couleuvre Prodi, ne laissant qu’un champ de ruines dans notre camp, seulement un an après cette opération.

* La gauche est tout à fait capable de gagner des élections sans le MODEM. De nombreux scrutins l’ont prouvé, même depuis 12 ans, législatives, municipales, cantonales, régionales...

* Je connais la réponse des partisans de l’alliance avec le MODEM : oui, mais nous avons perdu les deux dernières présidentielles. Tartuffes ; vous savez bien que l’objectif principal de Bayrou, c’est justement l’élection de 2012. Nous serons bien malins lorsqu’il aura gagné une telle légitimité dans l’électorat de gauche que ses alliés d’aujourd’hui n’auront d’autre choix que de le soutenir alors ; et s’il est élu, je suis persuadé que sa politique ne sera pas différente de celle de Sarkozy Fillon. Politiciens aveugles : à quoi Nicolas Sarkozy doit-il sa victoire de 2012 sinon à la faiblesse du projet de gauche ; de nombreux salariés n’ont pas vu de différence entre les 2 principaux candidats à la victoire quant à leurs intérêts.

* Le MODEM ne dispose pas d’un électorat spécifique mais d’un électorat volatil pris conjoncturellement par des manoeuvres politiciennes à la droite et à la gauche. Aussi, toute alliance avec lui, le sert à s’insérer durablement dans le champ politique au détriment de ses alliés.

* de nombreuses expériences au niveau international comme en France (par exemple alliance avec le MRP à la Libération) se sont terminées de façon catastrophiques pour le mouvement ouvrier, pour les couches populaires, pour la gauche. Rebsamen ne sera pas plus malin que d’autres pour éviter cette issue.

* Dans notre pays, l’électorat de gauche reste majoritairement marqué par un niveau de politisation élevé. Il est éduqué autour des clivages droite gauche. Son rapport à des questions clés comme les revendications ouvrières, les services publics, la laïcité le rend très prudent vis à vis du MODEM. C’est bien ce qu’indique encore le sondage de Libération publié ce lundi 24 août 2009 : une majorité de français soutient une stratégie d’alliance socialistes, écologistes, gauche radicale et refuse une alliance avec le MODEM. Pourquoi entreprendre une bataille contre votre propre électorat, politiciens qui ne pensez qu’à l’élection prochaine ? Parce que vous êtes trop avachis dans les fauteuils que vous partagez avec le MODEM pour connaître l’état d’esprit actuel de notre peuple ?

* Vincent Peillon a déjà donné ce 15 août dans un entretien au Parisien la vraie raison de ce rassemblement avec le MODEM : il serait « indispensable aux réformes profondes et difficiles » que le PS aurait à « conduire demain » s’il arrivait au pouvoir, concernant en particulier l’école et la protection sociale.

A bon entendeur, salut ! Je ne suis pas de votre entourloupe pour continuer à liquider les acquis sociaux et républicains sous la bannière de la gauche.

Je milite en faveur d’une toute autre stratégie pour défendre et améliorer ces acquis. pour cela, nous devons construire à la fois :

* un rapport de force du mouvement social

* l’unité et l’écho de la gauche de transformation sociale

* un projet majoritaire de gauche sans le MODEM

Jacques Serieys

1) Standing ovation socialiste pour Marielle De Sarnez Article Le Monde

S’était-elle déjà exprimée devant une assemblée de militants socialistes ? On ne sait. En tout cas, Marielle De Sarnez est sûrement toute prête à renouveler l’expérience. Samedi après midi a Marseille, lors des ateliers d’été de l’Espoir à Gauche, la vice-présidente du MoDem a reçu mieux qu’un accueil enthousiaste ; une standing ovation. Invitée en vedette américaine avec Daniel Cohn-Bendit et Robert Hue, la députée européenne venait de prononcer face à quelque 1 500 personnes présentes un discours qui ressemblait à un « oui » franc à la proposition d’alliance évoquée depuis la veille par les amis de Vincent Peillon. « Les lignes doivent bouger. Nous avons tant à faire ensemble ! » a lancé la numéro-deux du MoDem qui a souhaité qu’un « espoir voie le jour » et appelé « à ne pas jouer les uns sans les autres ou les uns contre les autres ». Cette intervention, visiblement calibrée pour convenir à l’auditoire – multiples références aux inégalités sociales, critiques contre les bonus attribués aux traders… - a été accueillie comme une divine surprise par l’auditoire. « Tu as mis la barre à gauche ! » a constaté François Rebsamen à l’oratrice lorsqu’elle a repris sa place à la tribune.

Première à prendre la parole, Marielle De Sarnez était arrivée dans l’amphithéâtre du palais du Pharo bras-dessus, bras-dessous en compagnie des autres débatteurs (Vincent Peillon, François Rebsamen, Daniel Cohn-Bendit, Robert Hue et Christiane Taubira) prévu pour l’atelier intitulé « une nouvelle majorité progressiste pour la France » qui devait clore ces deux journées organisées par le principal courant du PS. Au moment de quitter l’hôtel où ils s’étaient retrouvés avant de gagner, à pied, le palais du Pharo, la brochette socialo-communo-radicalo-centriste a croisé une Traction Citroën blanche décorée de tulle, venue accueillir un couple de mariés… « Jetez-nous des grains de riz » s’est exclamé Vincent Peillon.

Robert Hue - qui ne s’était sans doute pas retrouvé depuis bien longtemps devant un public aussi large et aussi fervent - a évoqué un « compromis historique » et rappelé que sa majorité municipale de Cormeilles-en-Parisis comptait « des élus de sensibilité MoDem ». Lui aussi a eut droit à une standing ovation. Tout comme « Dany » qui, plus mesuré et caustique, a plusieurs fois pris la salle à rebrousse-poil, notamment en réclamant « un inventaire des valeurs de gauche ». Idem pour Christiane Taubira qui, tout en se défendant de chercher à « gâter la sauce », n’a pas voulu « dissimuler que nous avons des désaccords ».

Frustrée depuis si longtemps de bonnes nouvelles, la salle n’avait pas le cœur à faire la fine bouche face à ce que Vincent Peillon et François Rebsamen ont qualité d’ « événement historique dans l’histoire de la gauche française ». « Dans ce désert où il fait froid que nous traversons, il y avait besoin d’un signe d’espoir » a lancé pour conclure le député européen avant d’annoncer l’organisation de débats décentralisés « dans les mois qui viennent » entre les différents partenaires. Il s’agira, n’en déplaise à la direction du PS, de donner un contenu à ce « rassemblement écologique, socialiste et démocratique » conçu – la précision est d’importance - « à égalité avec nos partenaires ». Même si Vincent Peillon n’est pas premier secrétaire du PS, que Robert n’est plus secrétaire-général du PCF, que Marielle de Sarnez n’est que numéro-deux du MoDem et que « Dany », guide charismatique d’Europe-Ecologie, n’aspire pas à diriger un parti, l’appel de Marseille va enfin créer du remue-méninges dans les mornes assemblées socialistes.

Comme quoi les ateliers de l’Espoir à gauche ne feront pas de l’ombre à l’université d’été de La Rochelle.

Jean-Michel Normand

2) Cohn-Bendit et le MoDem répondent au clan Peillon Article du Point

Par Charlotte Chaffanjon

"C’est un moment historique pour notre pays." Si François Rebsamen s’enflamme, c’est que samedi, Vincent Peillon a rassemblé sur scène, à l’occasion des Ateliers d’été de son courant au PS L’Espoir à gauche, une "très belle tribune", selon le maire de Dijon. Sur scène, l’ancien numéro un du PCF Robert Hue, la députée PRG de Guyane Christiane Taubira, la star écolo des dernières européennes Daniel Cohn-Bendit et la vice-présidente du MoDem Marielle de Sarnez sont côte à côte. L’amphi du Pharo, placé au coeur d’un somptueux parc marseillais, est quasiment plein (1.500 places). Intitulé explicite du débat : "Une nouvelle majorité progressiste pour la France : comment et avec qui ?". La question agite un PS divisé. La direction plaide pour l’union de la gauche quand les membres de L’Espoir à gauche, soutiens de Ségolène Royal au congrès de Reims, veulent discuter avec le MoDem. Des centristes qu’ils ont invités "en socialistes ouverts", dixit Rebsamen. Contrairement à la direction ?

C’est en tout cas Marielle de Sarnez qui a l’honneur de parler en premier. "Nous venons d’horizons divers, reconnaît-elle. Nous partageons la même inquiétude pour notre pays. Et nous portons le même jugement sur le pouvoir en place. Nous n’aimons ni sa façon de faire ni sa façon d’être." La salle exulte. La députée européenne poursuit : "Tous ceux qui n’ont pas renoncé (...) à l’idéal républicain ont à faire ensemble. (...) Ensemble. Pas les uns sans les autres. Et pas les uns contre les autres." Standing ovation. Rebsamen : "Tu vois Marielle, je t’avais dit que tu serais bien accueillie ! Il faut dire que t’as mis la barre à gauche."

"Faire un inventaire des valeurs de la gauche"

Robert Hue enchaîne : "Il y a des millions de gens qui n’intégreront jamais nos partis politiques d’origine si nous ne bougeons pas. Nous avons l’obligation d’aller au-delà." Christiane Taubira ironisera quelques minutes plus tard, sur "l’alchimie" qui règne entre les intervenants. "Tout le monde est prêt à s’embrasser sur la bouche !" Mais la députée de Guyane, citant Charles Péguy, met en garde : "Celui qui ne crie pas la vérité se fait complice des faussaires."

Entre-temps, Daniel Cohn-Bendit s’est employé à dire sa vérité, refroidissant quelque peu l’ambiance. Après avoir affirmé l’absolue nécessité pour la gauche, de "faire un inventaire de ses valeurs avant 2012", le député européen a lancé : "L’unité, nous la ferons si nous sommes capables de rassembler. Elle n’existe pas aujourd’hui, cela doit être une conquête. Pour l’instant, on n’en est pas là."

Le leader d’Europe-Écologie, qui a déjà dit que son mouvement présenterait des listes autonomes pour les régionales 2010, s’est donc employé à définir un calendrier - encore un peu flou - pour arriver à ce qu’il appelle "le rassemblement écologique, socialiste et démocratique". Il compte organiser des débats sur les grands thèmes de société "dans les mois à venir". Et il a soumis l’idée que tout nouvel adhérent à un parti - PS, PCF, MoDem, Verts... - puisse appartenir également à ce rassemblement. "Si nous arrivons, après les régionales, à ce que 4 millions de personnes soient membres de ce rassemblement, alors, nous évoquerons les primaires."

Les primaires ouvertes pour désigner le candidat de la gauche en 2012... autre thème en vogue à Marseille . L’atelier sur le sujet, samedi matin, a permis de constater une fois de plus que les membres de L’Espoir à gauche y étaient plus que favorables. Il s’agit même d’un "débat de vie ou de mort", selon le député-maire d’Évry, Manuel Valls. Pour la direction du PS, il s’agit au contraire d’une "question secondaire". Les débats à La Rochelle le week-end prochain promettent d’être explosifs.

http://www.lepoint.fr

3) Modem d’exposition chez Peillon… Article de Libération

Le courant PS, L’Espoir à gauche a invité des centristes, ce samedi, pour ses ateliers d’été à Marseille.

LAURE EQUY

La question d’un rapprochement PS-Modem, embarrassant « sparadrap du capitaine Haddock collé aux débats du PS », selon l’expression du socialiste Jean-Christophe Cambadélis, incommode-t-elle autant sur les rives centristes ? Alors que Vincent Peillon et ses amis frappent un grand coup en affichant, samedi à Marseille, aux ateliers d’été du courant du PS l’Espoir à gauche, une jolie brochette d’invités de gauche et au-delà, la présence de Marielle de Sarnez, aux côtés du communiste Robert Hue et de Daniel Cohn-Bendit, semble faire peu de vagues au Modem. Invitation lancée par Peillon à sa collègue du Parlement européen et bras droit de François Bayrou, qu’elle-même a acceptée « tout naturellement ».

« Clapotis ». Assurant l’initiative « totalement assumée », le vice-président du Modem, Jean-Luc Bennahmias, qui participera aussi à un atelier samedi matin, y voit « le signe clair qu’on est prêts à discuter avec toutes les formations ou bouts de formations. Les tabous viennent d’ailleurs, pas du Modem », se congratule-t-il, visant la direction du PS qui n’a pas convié de centristes à son université d’été, fin août. Rien de nouveau pourtant, à en croire l’eurodéputé, sous le soleil marseillais : la relation entre les deux partis « suit son cours », analyse-t-il, dans le droit fil de la municipale partielle d’Aix-en-Provence, en juillet, où PS et Modem avaient fait liste commune dès le premier tour. Selon l’un de ses proches, une cinquantaine de militants centristes auraient même prévu d’assister à la réunion de Peillon et à la table ronde avec Sarnez : « Une nouvelle majorité progressiste pour la France : comment et avec qui ? »

Corinne Lepage, qui approuve aussi la démarche, appelle à aller au-delà de ces « clapotis de la politique » : « La nouveauté serait de continuer ce travail de fond et de dépasser ce que, tous, nous traînons derrière nous », ajoute la vice-présidente du Modem, en plaidant pour l’abandon des « vieilles recettes et des alliances d’appareil ».

De là à adhérer à la suggestion de Peillon d’une alliance du PCF au Modem ? « Si une majorité se dessine jusqu’au PCF, sur l’idée d’une évolution soutenable, pourquoi pas. Mais est-ce que ce sera encore le PCF ? » s’interroge Lepage. « La phase de recomposition politique ne fait que commencer, temporise Bennahmias.

Quant à son éventuelle traduction aux régionales de mars 2010, pas question non plus de se précipiter : « Que les Verts soient pressés, qu’ils aient besoin de transformer l’essai, c’est leur affaire. Nous, on doit prendre notre temps, on a trois-quatre mois pour discuter », estime l’ancien écologiste.

« Discute ». Quitte à repousser encore « la discussion sur la note stratégique que les dirigeants du Modem doivent présenter au conseil national, en principe un an avant une élection », déplore Christophe Ginisty, chef de file des Promoteurs, mini-courant du Modem. S’il se réjouit que le parti « discute avec tout le monde », celui-ci émet une objection sur la méthode, arguant que le sujet de l’atelier auquel participe Sarnez « est stratégique pour l’avenir ». « Notre indépendance est dans l’ADN du Modem, ce n’est pas anodin. Avant de l’évoquer à une table ronde, cette question, sensible, se discute en interne. » Pas sûr donc qu’elle soit tranchée aisément au congrès programmatique de l’automne.

4) Aux journées d’été des Verts, Cohn Bendit veut s’allier au Modem : « vous voulez la majorité ou vous voulez avoir raison ? »

http://www.marianne2.fr

A l’occasion de la première grande plénière des journées d’été des Verts, Daniel Cohn-Bendit a jeté un pavé dans la mare en évoquant l’alliance avec le Modem, contredisant la démarche de Cécile Duflot, désireuse de structurer les mouvements de gauche en vue des régionales.

« Merde ! Il faut changer la gauche et défier la droite. Et s’il faut ajouter le Modem, on ajoutera le Modem, tempête Daniel Cohn-Bendit à la tribune de l’amphi A5 de la cité Vauban plein comme un œuf, ce jeudi 20 août, de sympathisants Europe écologie. Vous voulez une majorité ou vous voulez avoir raison ? » La formule fait bientôt craquer l’air d’applaudissements, accompagnés de rires, amusés par le coup de sang de « Dany ». Cécile Duflot, elle, ne rigole pas du tout.

Pour cette première plénière portant sur « le rassemblement des écologistes », elle avait convié, en plus des stars de la campagne, Christiane Taubira, Emmanuelle Cosse (co-rédactrice en chef de la revue d’extrême gauche Regards) et Eric Loiselet, chef de la mouvance écologiste du PS. Chacun y était allé de son discours enthousiaste sur Europe écologie, émettant une réserve timide sur l’entrée dans un mouvement présenté par tous comme le lieu d’une refondation de la gauche. Et, vers 22 heures 30, alors que la salle tremblait d’impatience, Dany a tout envoyé balader.

Daniel Cohn-Bendit : « vous voulez la majorité ou vous voulez avoir raison ? »

Prenant la parole à sa suite, Cécile Duflot corrige ouvertement le porte drapeau d’Europe écologie : « il ne faut pas seulement avoir la majorité. » La secrétaire nationale des Verts serre les dents : « je suis d’accord avec l’essentiel de ce qu’a dit Dany. » La nuance fait très mal : Cohn-Bendit est plié en deux sur sa chaise, remue entre ses mains la tête d’un « non » interminable. Mais la secrétaire nationale se devait de marquer son désaccord, ne serait-ce que pour rassurer les militants Verts : depuis le ralliement de Yann Wehrling et Jean-Luc Benhamias à François Bayrou, le Modem est synonyme de trahison pour le parti écologiste.

Le tour de parole reprend dans un malaise : Emmanuelle Cosse exprime son inquiétude quant à « cette envie d’être majoritaire » de Daniel Cohn-Bendit : « c’est bien beau cette question d’alliance mais... » Mais l’ancienne présidente d’Act Up, venue parler d’union sacrée entre société civile et partis progressistes, s’est vu servir un panégyrique de Bayrou et un opportunisme sans grand rapport avec la démonstration de Cécile Duflot en ouverture, démontrant par A plus B la filiation « génétique » du projet Europe écologie avec la gauche.

Cécile Duflot : « qu’est-ce qu’on fera en 2012 ? J’en sais rien ! »

Les chasseurs dans la majorité, du pain bio pour les écolos ! Pour Bruno Rebelle, Europe écologie est l’alternative à gauche que le PS a cessé d’être.

Se défaussant sur l’animateur, Edwy Plenel, Cohn-Bendit tente de tirer un sourire à la tribune : « moi, on m’a demandé comment battre Sarkozy : je suis un garçon poli, je réponds aux questions qu’on me pose. » La salle rigole un peu mais Cécile Duflot est effondrée : la patronne des Verts peine à regarder Dany plus de quelques secondes, trifouille dans son sac et, la conférence finie, se faufile jusqu’à la sortie, sans s’attarder devant les caméras qui assaillent Christiane Taubira.

Entre Cohn-Bendit et Duflot, la rupture est de deux ans : le premier pense à 2012, la seconde vise 2010. « Qu’est-ce qu’on fera en 2012 ? J’en sais rien, vous non plus ! Lançait la secrétaire nationale des Verts à la tribune avant de reformuler la doctrine déjà esquissée à l’Ecologie Day de Saint-Ouen le 4 juillet : personne ne va rejoindre personne. Ce que je vous demande, c’est faisons ensemble ! »

Alors qu’Europe écologie prépare sa campagne des élections régionales en misant tout sur la crédibilité de son pouvoir et « l’imaginaire d’une victoire possible de l’alternative écologiste », comme le formulait Yannick Jadot, la sortie de Dany fait tâche : « il faudra aussi gérer les régions dans toutes leurs contradictions », a-t-il tenté de se rattraper dans sa deuxième intervention, très peu applaudie.

L’après régionales : un tabou « L’après-régionales, c’est le sujet tabou : personne n’a envie de s’interroger dessus parce qu’on sait que les lignes de fractures sont nettes » avoue un participant à la campagne européenne dans la cour. Des militants continuent de débattre sur l’accrochage entre les deux têtes jusqu’au portail de la cité Vauban : « tant qu’on parle de réseau, Europe écologie fonctionne très bien, analyse une militante parisienne. Mais dès qu’on envisage la nomination d’une personne ou même l’élection présidentielle, ça ne marche plus : c’est la grande faille du mouvement ! » Pour l’instant, le désaccord n’est qu’une affaire de personne. Encore faut-il que la séparation ne se creuse pas au milieu du mouvement.

Sylvain Lapoix - Marianne


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