Carnet noir : Frédéric Mitterrand (billet d’humeur)

vendredi 28 août 2009.
 

Dans notre déjà fournie rubrique nécrologique, et pas dans le chapitre hommage, nous déplorons le départ d’un nommé Frédéric Mitterrand, homme de culture de son état. Ce personnage fut, lorsqu’il était vivant, ce qui remonte à un moment déjà, cinéaste, amoureux d’opéra ; tous ceux qui ont vu sa sublime Madame Butterfly en gardent un je ne sais quoi d’irréel et d’aboutissement de l’art, subtile magie de l’image et de la musique que Puccini n’aurait pas reniée ; féru d’histoires et d’histoire, celui qui donnait une autre dimension aux petits secrets des couronnés d’Europe et d’ailleurs ; soucieux de qualité aussi, s’agissant de télévision.

Qui ne se souvient avec émotion de son coup d’éclat, lors d’une cérémonie de remise de breloques, pour animateurs en mal de reconnaissance, les 7 d’Or, en collaboration avec télé 7 jours. Ce Mitterrand-là avait refusé avec une rare élégance de ployer l’échine devant les caméras de la télévision privatisée, rendant un peu de son lustre et de sa dignité à la télévision publique. Écrivain à son heure, ses « Lettres d’amour en Somalie » resteront à jamais LE livre du chagrin d’amour qu’on porte, qu’on traîne, qu’on habite et qui nous habite, LE livre de l’absence à laquelle on ne peut croire, LE livre du désespoir qu’on croit sublimer dans le lointain, LE livre d’un homme en souffrance, un grand moment de littérature.

Lorsque l’année passée, nous avions appris son départ pour l’Italie, avec la gourmandise qu’on devinait sous le sourire en demi-teinte, déjà nous nous étions posé la question de son avenir prochain. Pouvait-il survivre à cette curieuse maladie des ors et des honneurs ? Las ! La réponse est venue bien vite. Comme d’autres avant lui, il n’aura résisté (vraiment ?) qu’un an à peine. Nous rendons ici hommage à celui qui fut, celui qui osa, celui qui vécut libre. Et qui a si vite sombré… Nous le regretterons.

Comme à toute chose malheur est bon, réjouissons-nous néanmoins qu’il n’ait pas eu à frôler les amis du pouvoir actuel, humoristes de fin de banquet, poètes autoproclamés et autres emblèmes de la pensée moderne. Ceci au moins lui aura été épargné. Les cérémonies funèbres ont eu lieu dans la cour du ministère de la Culture, commentées par le défunt lui-même, preuve s’il en était besoin que cette mort est bel et bien irréversible.

brigitte blang


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