Banquiers, attention, ou je vous invite encore à prendre le thé ! (Par Pascal Riché, Rue89)

mercredi 26 août 2009.
 

Vis-à-vis des banques, la politique de Nicolas Sarkozy tient en deux mots : donner et tonner. Donner pour leur survie, tonner pour la galerie. D’une main, il déverse des milliards dans leurs comptes fragilisés par les errements du système financier ; de l’autre, il convoque leurs dirigeants depuis ses sommets élyséens. Ce mardi après-midi, on en est à la septième convocation-gesticulation.

Quand on tonne trop souvent, on cesse d’impressionner. Surtout quand aucun résultat ne suit vraiment. Lors du G20 de Londres, en avril, Nicolas Sarkozy parlait de nouveau « Bretton Woods » : il s’agissait alors de changer le monde, en interdisant les paradis fiscaux, en plafonnant les bonus, en réglementant mieux les banques…

Sarkozy se voulait en pointe sur toute ces questions. « Visiblement, ce qu’on a dit, certains ont du mal à le comprendre », déclarait-il déjà en mars. Visiblement, ça continue.

Qu’est devenu le « pacte moral » passé avec les banques ?

La vision de ces puissants banquiers faisant semblant d’écouter un président faisant semblant de les admonester donne une idée de l’efficacité des directions prises. Les banques, nous dit-on, ont passé un « pacte moral » ; l’idée était de créer un « climat de confiance »…

Concrètement, qu’ont avancé les dirigeants des grandes banques en échange des milliards qui leur ont été octroyés ? Un programme goinfre-bonus pour les dirigeants de la BNP, des portes fermées pour les clients-emprunteurs du Crédit mutuel (ou d’autres), sans même parler de la poursuite joyeuse des activités ombrageuses dans les paradis fiscaux ?

Que fallait-il faire pour être « entendu » ? Le mot en N n’a jamais été prononcé, celui de nationalisation. Nationaliser une banque qui a été couverte d’argent, n’aurait pourtant rien eu d’absurde. Contrôler, même provisoirement, plusieurs grandes banques (qui ont, rappelons-le, une fonction publique, la création monétaire) permettrait peut-être plus facilement d’imposer des stratégies coopératives pour encourager la reprise. En tout cas, le sujet méritait débat.

Dans les pays anglo-saxons, on nationalise sans état d’âme

Jusque là, seuls le PCF, le NPA et le Parti de gauche osaient parler ouvertement nationalisation. Le mot est soupesé au PS (lundi encore par Arnaud Montebourg, sur France Inter), mais plutôt discrètement. De Gaulle n’avait pas eu ces pudeurs lorsqu’il avait décidé de nationaliser le Crédit Lyonnais, la Société générale, et quelques autres grandes banques.

Et aujourd’hui, même dans les pays anglo-saxons, prendre le contrôle d’une banque semble bien moins effrayer les esprits qu’en France : Fannie Mae et Freddie Mac aux Etats-Unis, Northern Rock en Grande-Bretagne, en savent quelque chose.


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