L’élection de Sarre, Saxe et Thuringe, dimanche dernier en Allemagne, a une importance qui dépasse largement les frontières du pays. Quasiment partout en Europe le ralliement de la social-démocratie à la ligne démocrate d’accompagnement du libéralisme et d’alliance avec le centre renforce la droite. Le naufrage des courants socialistes historiques entraîne toute la gauche dans sa chute, comme en Italie. Or au pays du SPD, qui mène la marche désastreuse de la capitulation social-démocrate en gouvernant avec la droite, c’est l’inverse.

Pour cela il fallait une construction politique nouvelle : Die Linke. Celui-ci dépasse les 20% dans ces trois Länder, faisant mentir les sondages à un mois des prochaines législatives. Grâce à cette poussée, la droite recule fortement. Elle est battue dans deux Länder. En refusant de s’aligner sur les démocrates, Lafontaine a donc renforcé la gauche. Pour terminer le travail, la gauche doit s’unir. Si cela se produit, ce sera d’abord grâce à Die Linke. On se souvient que l’an dernier dans le land de Hesse, la direction du SPD avait préféré laisser la région à la droite plutôt que nouer l’alliance des gauches. Ce sera ensuite grâce aux électeurs. En plaçant Die Linke devant le SPD en Thuringe (27% contre 18) et à un cheveu de lui en Sarre (21% contre 24), ils ont sanctionné les partisans de l’alliance à droite contre l’union de la gauche.

Cette nouvelle déroute des sociaux-démocrates a contraint le président du SPD à un premier recul. Alors qu’il avait mis dehors son prédécesseur accusé d’accepter l’alliance « rouge-rouge », il en a admis le principe à contrecoeur. Mais seulement au niveau régional. Il faut dire qu’une alliance nationale avec Die Linke obligerait le SPD à renoncer à son programme néolibéral. Cela répondrait pourtant à l’attente populaire et permettrait à la gauche de devenir majoritaire. Heureusement, les Allemands savent maintenant qu’il existe un moyen concret pour y parvenir : mettre Die Linke en tête de la gauche.