Une prise en charge de qualité pour les personnes âgées est-elle possible pour tous ? (Par Bernard Teper, UFAL)

vendredi 11 septembre 2009.
 

Les politiques néolibérales en matière de santé mettent en avant la nécessaire "rationalisation" du système. Passons sur le fait que ce sont ceux qui ont installé le système actuel qui disent qu’il faut le "rationaliser". En fait" rationaliser" veut dire, en langage néolibéral, augmenter la rentabilité financière pour les actionnaires sans tenir compte du service médical rendu. Et donc exit la possibilité d’augmenter le service médical rendu pour le plus grand nombre et tant pis si celui-ci baisse pour le plus grand nombre.

Dans le cas des personnes âgées, tout le monde sait que la démographie prévoit une très grande hausse de ces derniers. Et donc à l’intérieur de ceux-ci il y aura un accroissement également très important des personnes âgées dépendantes.

Pour prendre un exemple avec les maladies de type Alzheimer : en 2007, 800.000 cas ; en 2020, 1.300.000 cas ; en 2050, 2,1 million cas. Et il y a bien sûr beaucoup d’autres pathologies que cette dernière. Déjà aujourd’hui, nous savons que :

* certaines personnes âgées vivent dans des conditions indignes d’hébergement, tant en institution qu’à domicile.

* les personnels, chargés de s’engager, seuls ou aux cotés des familles, dans l’accompagnement de tous les instants, sont insuffisants tant en nombre qu’en qualification

* la situation est alarmante pour les personnes âgées handicapées

Mais les "bonnes âmes" nous disent : "Plus de problème, le gouvernement développe son Plan Solidarité Grand Age". Parlons-en !

Le projet gouvernemental dit « Plan Solidarité Grand Age » prévoyait dès 2006 d’augmenter le nombre de soignants auprès des personnes âgées : passer d’un ratio de 0,57 pour 1 résident, tous personnels confondus, à 0,65 pour 1 résident. Et pour les personnes âgées les plus malades et les plus dépendantes, ce ratio devait être « augmenté à un professionnel pour un résident ». Cette dernière mesure devait s’entendre pour les « maisons de retraite qui accueillent les résidents les plus dépendants ». Non seulement, ce ratio, déjà insuffisant de l’avis de la majorité des professionnels et des analystes, n’est pas atteint mais on voit des maisons de retraite diminuer les personnels. Car bien évidemment, dans l’optique post-moderne de la "rationalisation", ce qui compte est seulement la rentabilité financière. Par exemple, dans l’outil d’évaluation PATHOS, qui conditionne les montants alloués aux établissements, on ne compte que les actes réalisés et non les besoins des malades.

Et c’est sans compter avec les baisses de crédit pour les réseaux à soins palliatifs !

Et c’est sans compter sans la tendance du gouvernement de favoriser, via les appels à projet, le privé distribuant des dividendes aux actionnaires au détriment du secteur public et du privé non lucratif (fondations, associations).

Et c’est sans compter avec le nouveau décret qui permet à la maison de retraite de fixer elle-même son prix de journée pour les personnes qui ne bénéficient pas de l’aide sociale, ouvrant ainsi la voie à une aggravation de la sélection par l’argent.

Bien évidemment, pour les dirigeants du monde et leurs séides, pour les couches moyennes supérieures, il n’y aura pas de problème. Mais peut-on se satisfaire d’un accroissement phénoménal des inégalités sociales de santé ? Peut-on se satisfaire d’un monde à plusieurs vitesses tant pour la santé que pour le troisième âge et le quatrième âge ou encore pour la fin de vie ?

Si la réponse est non, la réflexion et l’action sont nécessaires.

par Bernard Teper

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