En Argentine, campagne d’intimidation de l’extrême droite et des militaires soutenus par l’Eglise

vendredi 13 octobre 2006.
 

L’Argentine est la cible d’une vague de menaces :

- contre des procureurs et des juges qui instruisent des procès contre les tortionnaires,

- contre des témoins qui doivent les incriminer et contre les défenseurs des droits humains,

Pourquoi ? Des généraux à la retraite, d’ex espions et civils d’extrême droite préparent une offensive pour revendiquer la dernière dictature militaire (1976-83). Ces graves intimidations se succèdent en chaîne au moment où Julio López, 77 ans, est toujours porté disparu. Ce maçon retraité a été victime de la répression ; son témoignage fut crucial dans la récente condamnation à la prison à vie de l’ex directeur d’investigations, Miguel Etchecolatz.

Le président Néstor Kirchner a reçu la famille de Julio López, qui s’accroche à l’espoir qu’il se soit caché par crainte des représailles. "S’il nous écoute, qu’il sache que nous le cherchons", a déclaré son fils. Toutefois, 17 jours après sa disparition, la possibilité qu’il se soit caché temporairement est écartée. "Sa mort est une théorie soutenable", a affirmé Marta Vedio, dirigeante de l’Assemblée Permanente pour les Droits Humains (APDH). Le cas López n’a pas de précédents dans l’histoire de ce pays depuis que la démocratie a été instaurée et installe encore une fois la mémoire de ce qui est arrivé il y a 30 ans.

Le sujet des droits de l’homme est retourné au premier plan depuis que les lois d’impunité ont été annulées et que les procès contre plus de 200 fonctionnaires, policiers et ex agents d’espionnage ont été accélérés. Outre Etchecolatz, Julian dit le turc , un bourreau très connu a été déjà condamné. Kirchner a transformé la lutte contre l’impunité en un de ses principaux drapeaux politiques. Ses adversaires pensent qu’il a choisi cette cause par opportunisme. Ce qui est certain c’est qu’au milieu des procès, les nostalgiques de la dictature ont formé le groupe Argentins pour la Mémoire Complète, qui lève les drapeaux du terrorisme étatique, en assurant que les militaires ont sauvé la société de la menace marxiste.

Ce collectif dispose du soutien de militaires retraités et est dirigée par Karina Mújica, une ex maîtresse du lieutenant Alfredo Astiz (un des symboles de la répression militaire) . Le groupe de nostalgiques a convoqué une nouvelle manifestation pour le souvenir des militaires assassinés par la guérilla et pour rejeter les nouveaux procès. "Il n’y a pas d’inquiétude militaire, mais bien une guerre de messages électroniques et une action psychologique", a reconnu le chef de l’Armée, le général Roberto Bendini.

À son avis, "il est logique qu’il y ait une préoccupation chez les gens" qui sont mêlés à des causes criminelles. "Mais les militaires (en active) ont d’autres priorités", a-t-il assuré au quotidien Clarín. Cependant, les suites de la dictature ont ouvert un front de conflit entre le Gouvernement argentin et une Église Catholique critiquée pour sa complaisance envers la répression militaire.

Le porte-parole de l’archevêque de Buenos Aires, le prêtre Guillermo Marcó, a d’ailleurs déclaré qu’un président de l’Argentine qui "favorise une certaine division" finit par être "dangereux pour tous". Marcó a demandé à Kirchner "de cesser de lever le doigt accusateur".

Suzy Candido Pour la Traduction


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