Chili : Un autre 11 septembre pour n’oublier jamais

lundi 14 septembre 2009.
 

C’était il y a 36 ans. Vous vous souvenez ? Dans le ciel de notre rentrée scolaire éclatait la nouvelle qui nous atterrait : le coup d’état militaire au Chili, un coup d’état qui mettait fin à l’expérience démocratique de Salvador Allende. Retour sur un jour de deuil.

Depuis 1968, depuis notre vieille Europe, nous suivions des yeux cette lointaine Amérique latine, espoir de nos combats de liberté et d’unité. En 1970, enfin, le Chili montrait le chemin. Allende, Neruda, des noms qui parlaient à nos cœurs, nous qui avions raté chez nous le rêve de 68, à Paris comme à Prague. Le rêve d’un socialisme vivable, d’un socialisme vivant. Et voilà que tout là-bas, le possible se levait. Il avait les traits d’un homme doux, et ceux d’un poète. Nous avions fini par y croire, un an plus tôt, en 72, le Programme Commun était signé (tiens, il faudra que je le ressorte, un de ces jours, mon vieux bouquin tant feuilleté… au cas où on manquerait d’idées dans les temps qui viennent), on s’y voyait déjà…

« S’il y a une leçon valable pour tous les pays à dégager de l’expérience du Chili, c’est celle qui a conduit à cette conception de l’unité des forces populaires » lisait-on dans « Le Chili de l’Unité populaire » en 1971. Et puis, ce 11 septembre, la nouvelle est tombée. On avait entendu Quilapayun à la fête de l’Huma. Ils n’étaient pas encore repartis. On les a longtemps appelés des graciés. Une blague, bien sûr. Tu parles d’une grâce, voir de l’autre côté de l’océan l’agonie de ton pays… La Moneda prise, c’était un peu comme si notre socialisme idéal s’écroulait. La bourgeoisie et l’armée triomphantes avaient vaincu l’Unité Populaire. La bourgeoisie et l’armée, bien sûr, mais qu’auraient-elles été sans l’aide des États-Unis ?

De ce jour-là, nous avons tous gardé « Le Chili au cœur », de manifestation en pétition, de concert en appels… Tout ce que la vieille Europe comptait de consciences de gauche se rassemblait. Fouillez chez vous, vous les retrouverez, vos vieux vinyles de ce temps-là. Les échos de ce qui se passait là-bas nous faisaient frissonner, mais nous mettait aussi la rage au cœur : le stade changé en camp, les poètes assassinés ou torturés (les doigts de Victor Jara écrasés…), Neruda mourant à Santiago 13 jours plus tard, son enterrement encadré par l’armée, et la foule chantera sur le passage du cortège, prouvant que la poésie, comme la liberté ne seront jamais muselées, et que oui, définitivement, El pueblo unido jamas sera vencido…

brigitte blang


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