Le FMI, seul instrument du G 20 et étrangleur final des peuples. Dominique Strauss-Kahn prolonge cette tradition sans état d’âme

lundi 28 septembre 2009.
 

il ne reste au G20 en matière économique qu’un instrument direct, le Fond monétaire international (FMI). D’ailleurs la seule mesure concrète et directement applicable du précédent G20 fut précisément de donner au FMI un budget et une mission pour huiler le système financier international.On se souvient que d’heure en heure, sans qu’on sache d’où sortaient en réalité les dites sommes, ce furent cinq mille milliards de dollars dont on parla.

LA MAUVAISE REPUTATION

A l’époque, le FMI était si sulfureux et mal vu du monde entier qu’on parla de le réformer pour qu’il change ses façons de faire et ses conditions de prêt. On lui demandait aussi de remplir le rôle de surveillant de la finance mondiale après qu’il n’ait si lamentablement rien vu arriver avec la crise du système financier. Vous aviez oublié tout cela ? Lisez vos journaux du jour. Ecoutez la télé et la radio. Je suis sur que tout cela s’y trouve. Car je crois bien que tout le monde comprend la sale passe dans laquelle est engagée l’humanité. Ca vaut donc la peine de traiter ces sujets avec sérieux et sens des responsabilités. Personne ne songerait a réduire toutes ces importantes réunions où se jouent le sort du monde a un spectacle politicien. Non personne. Donc faisons le bilan de cette réforme du FMI depuis qu’elle a été décidée.

LA (GRANDE) REFORME DU FMI

Le pouvoir au sein du FMI dépend du nombre de quotes parts de chaque pays (185 pays sont membres). Ces parts fixent le pouvoir de vote de chacun. Les Etats-Unis détiennent le plus gros paquet de quotes parts et ils ont donc plus de 16,77 % des droits de votes. Ils sont de ce seul fait le seul pays à disposer à lui seul d’une minorité de blocage. En effet les décisions ne peuvent être prises qu’avec une majorité de 85 % des suffrages. C’est-à-dire qu’aucune décision ne peut être prise par le FMI sans l’aval des Etats-Unis. Après cela il faut savoir qu’à eux seuls les 5 pays du FMI, Etats-Unis, Japon, Allemagne, France et Royaume-Uni détiennent 38 % des droits de votes. C’est cela l’incroyable qui avait fait réagir lors du précédent sommet du G20 et obligé à annoncer une réforme.. En effet les géants démographiques et économiques du Sud sont des nains au FMI. Et cela alors même que c’est d’eux pour une très large part que dépend la sortie de crise dans la logique du système actuel.

Voici les quotes part et droit de vote du bloc émergeant. 3,66 % des droits de vote pour la Chine ! 1,89 % pour l’Inde ! 1,38 % pour le Brésil ! Dès lors la situation vire au grotesque. La Russie pèse autant que les Pays-Bas. La Chine pèse quasi autant que l’Italie. Le Brésil pèse moins que la Suisse. L’Inde pèse moins que la Belgique. L’abus de pouvoir des vieilles puissances éclate au regard. L’Italie pèse autant que le Brésil et l’Inde réunis. La France ou la Grande-Bretagne pèsent plus que tous les pays africains réunis ! Et ainsi de suite..

Le G20 s’était donc engagé la main sur le cœur à rectifier cette odieuse situation. Hurra ! Cette réforme vient d’être votée par le Fonds. Hurra ! Toute la presse en parle car cela tombe en même temps que cette nouvelle réunion du G20 ? De nombreux commentateurs s’inquiètent ? Non ? Ce n’est pas le cas ? Ah bon. Faisons donc nous même l’information, modeste blogueur que nous sommes. Apprenez que la grande réforme FMI, braves gens, ne redistribue que 1,6 % des quotes parts de droit de vote ! Rien de plus.Les pays du Nord passeraient ainsi de 59, 5 % des droits de vote à 57,9 %. Et les pays du sud, qui regroupent pourtant 80 % de la population mondiale passeraient de 40,5 % à 42,1 % des droits de vote. Magnifique, non ? Ce n’est pas tout.

DOMINIQUE L’ETRANGLEUR FINAL

Et maintenant après la réforme des statuts voyons la réforme des pratiques. Nous n’allons pas parler de mesquineries comme la permanence du soutien du FMI aux voyous qui font de bons putsch. Donc nous laisserons de côté le fait que le FMI et son directeur social démocrate défenseur intransigeant des libertés et des droits de l’homme surtout chez ceux qu’ils n’aiment pas aient accordé cet été 163 millions de dollars de prêts au Honduras des putschistes. Non. Il faut seulement observer comment a été donné suite au principal reproche fait au Fond pour la passé. Il a été mille fois démontré en effet comment le FMI, en intervenant sur des économies asphyxiées, se comportait en fait en étrangleur final avec ses mesures de rebouteux libéraux. Ce genre d’exploits fut la spécialité d’un certain Michel Campdessus, qui fit merveille contre l’Argentine, le Mexique et quelques autres systèmes bancaires qui faillirent déjà envoyer le monde de la finance dans l’abime du fait de ces médecines

 ! On connait la recette. Serrer la ceinture. Rien de tel pour finir d’anémier le malade. Ca s’appelait les politiques d’ajustement structurel. Moins d’Etat moins de fonctionnaire, moins de Services public et ainsi de suite. Plus de marché libre et non faussé. Et ainsi de suite. Dominique Strauss-Kahn prolonge cette tradition sans état d’âme. Voyez plutôt.

Je commence par la Roumanie. 12 milliards lui sont accordés. Mais avec obligation de réduire le poids du secteur public et du système de retraites :« réduire la masse salariale du secteur public, de 9% du PIB actuellement à environ 6% d’ici cinq ans » a écrit monsieur le directeur du FMI. Soit l’équivalent de 150 000 postes de fonctionnaires qui seront supprimés. Autre exemple : 16 milliards lui sont accordés. Avec obligation d’une plus grande discipline budgétaire grâce à la réduction des dépenses sociales, à la hausse des loyers publics et au relèvement de l’âge de la retraite.

Le FMI a aussi recommandé à l’Etat ukrainien d’utiliser des recettes de privatisation pour accorder des prêts aux entreprises. On n’est jamais assez prévoyant dans ce domaine au pays de la révolution orange.

Voyons la Hongrie. Contre un prêt de 20 milliards d’euros le gouvernement hongrois a gelé les salaires et supprimé le 13ème mois pour les fonctionnaires et les retraités. Encore un exemple pour faire taire ceux qui me reprochent de n’avoir aucune compassion pour les pays baltes.

Voyons la malheureuse Lettonie. Elle a reçu un prêt de 7 milliards de dollars accordé conjointement par le fonds et l’UE et conjurer la mise en faillite de l’Etat pourtant délivré de l’économie socialiste qui la paralysait comme on le sait. Pour répondre aux exigences de rigueur budgétaire et de réforme économique imposées par le FMI, l’Etat letton a réduit de 35 % les salaires dans les administrations et le salaire minimum de 25 %. Faut-il nommer salaire ce qui reste ? De toute façon tout était dit depuis la fin du communisme quand la contre révolution lettonne, en plus de voter les retraites des anciens SS, réussit à imposer un partage capital travail où, à rebours de tous les autres pays de l’ancienne Europe de l’ouest, même les plus réactionnaires, le capital prend cinquante et le travail cinquante, dix points de moins qu’en France par exemple. Bien sûr les impôts ont été bestialement augmentés pour que le peuple socialise les pertes provoquées par la merveilleuse économie libérale. Ça n’a pourtant pas suffi au FMI. La Lettonie s’est donc vu retirer une aide de 200 millions de dollars cet été. Il est vrai que l’Etat avait dépassé le seuil de 5 % de déficit public qui lui avait été imposé par le FMI !

Plus dur que Barroso, Dominique ! Le reste est à l’avenant, jusqu’à la caricature.


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