Languedoc Roussillon : La victoire de Codorniou offre la clé du PS à Frêche et JL Mélenchon en conférence de presse appelle à un front anti-Frèche

vendredi 2 octobre 2009.
 

1) En Languedoc-Roussillon, les socialistes font face au cas Georges Frêche

2) PS Soirée de vote à Montpellier où la rénovation passe après les régionales

3) Mélenchon fait aussi un front anti-Frêche

4) La victoire de Codorniou offre la clé du PS à Frêche

4) La victoire de Codorniou offre la clé du PS à Frêche Article Midi Libre

Transformé en primaire "pour ou contre Frêche", le duel Andrieu-Codorniou a mobilisé les militants avec 66 % de participation. Didier Codorniou plébiscité au-delà des pronostics dans l’Hérault, le Gard, les P-O et la Lozère. Éric Andrieu sauve les meubles dans l’Aude. La victoire de Codorniou ouvre les portes du PS à Georges Frêche dont l’investiture sera proposée à Martine Aubry. Le résultat du scrutin ne devrait pas souffrir de contestation majeure et assurer des lendemains plus apaisés au PS.

Ce n’était pas préparé, mais opportun ! Hier, sur le seuil de la fédération héraultaise du PS, où allaient être proclamés les résultats du scrutin interne, Didier Codorniou et Eric Andrieu se sont donné l’accolade. Il y eut un temps d’hésitation et des sourires figés, mais l’image ravira tous les militants socialistes qui craignaient un lendemain tragique, après ce duel fratricide entre Audois.

Jeudi soir, ces militants étaient venus nombreux (66 % de participation) avec, semble-t-il, l’intention d’éviter le pire des scénarios : une victoire étriquée de l’un des deux prétendants au poste de premier socialiste. Et le résultat fut sans appel : 66 % des suffrages pour Didier Codorniou, le candidat de la fidélité à Georges Frêche, appelé en dernière quinzaine pour apporter sur un plateau les clés de l’investiture au président sortant !

Eric Andrieu, lui, n’excluait aucune hypothèse et se faisait fort d’être le meilleur rassembleur des partenaires de gauche, dont beaucoup refusent à ce jour une entente avec Frêche. Non dénuée de légitimité, l’analyse politique du premier fédéral audois a sans doute souffert d’être relayée par des opposants irréductibles au maître de la Région, les Héraultais André Vezinhet, Kléber Mesquida ou Hélène Mandroux. Dès lors, il est apparu que la vraie question de cette primaire masquée était : "Veut-on ou pas continuer avec Frêche ?"

Andrieu ne put s’abstraire de cette réalité et endossa de fait le costard du diviseur, tellement honni des militants. Ce mauvais rôle lui fut attribué d’autant plus naturellement qu’il s’était engagé en juillet dernier à porter la candidature de Frêche devant les instances nationales. Lesquelles instances ont aussi joué sur le registre de l’ambiguïté.

Certes, Martine Aubry a dit qu’elle s’en remettrait au verdict des urnes, mais beaucoup ont perçu une inimitié difficilement contenue envers le "patron" de la région. Là encore, rien n’indispose plus les militants que de voir Paris tenter d’imposer ses vues. Tout ceci mis bout à bout tend à expliquer ce plébiscite sur le nom de Codorniou et sur celui de Georges Frêche, que les socialistes, à l’évidence, veulent comme leader en mars prochain. Les scores réalisés par le maire de Gruissan, ex-star du rugby français, sont au-dessus de ce que laissaient augurer les rapports de forces rituels au sein des sections. C’est flagrant dans l’Hérault où la mainmise du frêchiste Navarro sur la fédération n’explique pas seule les 70 % de Codorniou.

Dans le Gard, les amis d’Andrieu avaient perçu des frémissements, mais ils ne se sont pas traduits dans les urnes (71 % pour Codorniou). Enfin, même s’il s’en défend (lire ci-dessous), Andrieu a peiné sur ses terres cathares. Il y conserve de justesse (53 %) sa légitimité de premier fédéral, mais le scénario catastrophe était proche. Il ne reste au vaincu qu’à s’afficher en parfait légitimiste : « Retrouvons-nous derrière le premier socialiste pour travailler à la victoire ! »

Ce premier socialiste est apparu très entouré voire encadré pour sa première prise de parole. Le temps d’annoncer la rencontre qui doit intervenir avec Martine Aubry pour lui proposer l’investiture de Georges Frêche (lire ci-dessous). Mais Robert Navarro, le "patron" de la fédé héraultaise, était pressé d’écourter ce point de presse dont il avait balisé l’ordre du jour : « On s’en tient au commentaire du scrutin. Le reste viendra plus tard ! » Mieux que la victoire humble, Navarro a inventé le bulletin de victoire en courant d’air.

Didier Codorniou : « L’unité autour de Georges Frêche »

Didier Codorniou hier après- midi à la fédération de l’Hérault : « Je suis très fier d’avoir été désigné premier socialiste de cette région. Ce fut un travail d’équipe car nous avons construit cette campagne sur quinze jours avec Robert (Navarro), Damien (Alary, Christian (Bourquin) et Alain (Bertrand) qui s’est retiré à mon profit pour que j’incarne l’unité et le grand rassemblement autour de Georges Frêche.

Le vote des militants s’est fait en toute conscience et en toute liberté. Leur message est clair et responsable et s’appuie sur un taux de participation élevé. Ceci nous permet d’aller proposer l’investiture de Georges Frêche aux régionales sur la base d’une forte mobilisation des militants. Nous allons faire cette proposition à Martine Aubry. Dans de récentes déclarations, elle a indiqué qu’elle s’en remettrait au vote des militants. Je ne comprendrais pas qu’elle ne suive pas ce qui s’est passé ici ! »

Didier Codorniou s’en est tenu-là, annonçant un prochain point de presse, la semaine prochaine, plus axé sur la stratégie politique du PS dans l’approche des régionales.

Éric Andrieu : « Aucune amertume ni regret »

Hier, au siège du PS audois, à Carcassonne : « Je n’ai aucune amertume et aucun regret. Je suis à la disposition du PS, des militants et de Didier Codorniou. Je ferai le maximum pour que cette Région reste à gauche.

« Si j’ai des regrets, c’est sur le déroulement d’une campagne que j’aurais voulu plus transparente, qui s’est déroulée sans débat contradictoire. Il y a eu un problème de dépolitisation, avec des militants que je qualifierai d’alimentaires : les jeux sont faussés quand vous êtes dépendant d’un élu. J’ai dit qu’en face, il y avait une armée. Et ils ont mis le paquet. Il y a de vraies questions à se poser en terme de rénovation.

« S’il n’y a pas d’acte de rassemblement à gauche, le succès n’est pas garanti, même avec Georges Frêche tête de liste. Je ne dis pas que je ne serai pas candidat aux futures régionales, mais si c’est pour me retrouver placardisé au conseil régional, quel est l’intérêt ? Je ne partage pas la vision des partis politiques de Georges Frêche, qui n’accepte pas la résistance ni la contradiction : pour moi, les partis restent les garants de la démocratie ».

Patrick NAPPEZ

3) Mélenchon fait aussi un front anti-Frêche

De passage à Montpellier hier, le nouveau député européen et dirigeant du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a fait un point d’étape sur sa mandature. Reconnaissant qu’il était « médiatico-dépendant », il a décrit à la fois l’usine à gaz que représente le Parlement européen et « l’anticommunisme répugnant » qui règne dans ses travées.

Sur son parti qui enregistre 8 000 adhérents environ, à l’échelle nationale, l’ancien socialiste n’a pas caché son empressement à voir le Parti communiste faire route commune. Notamment pour les élections régionales à venir. Justement, Jean-Louis Bousquet, le patron héraultais du PCF, est venu rejoindre Mélenchon pour évoquer le front anti-Frêche qu’il convenait de mener au premier tour des régionales : « On assiste à la fin d’un système mais il faudra tout faire pour battre la droite », ont toutefois tempéré les deux leaders. A ceci près « que le PS avec le MoDem, c’est non, et ce n’est pas négociable ».

Article Midi Libre

2) PS Soirée de vote à Montpellier où la rénovation passe après les régionales Article de Libération

Ambiance frêchiste dans les locaux de la fédération de l’Hérault, à Montpellier, où trois sections du PS local ont établi leurs bureaux de vote. « Le questionnaire, si tu veux pas le remplir, on s’en fiche. Le plus important, c’est ça », glisse Abdi à une vieille dame en lui tendant les bulletins des deux candidats qui briguent la place de premier des socialistes. « Il y a deux têtes de liste aux régionales, le plus important c’est ça », répète l’assesseur à un autre militant.

N’en déplaise à Martine Aubry, à la section 3, l’urne du « vote pour la rénovation » risque de compter un certain nombre de questionnaires vierges ou remplis à la hâte. La priorité à Montpellier, dans l’Hérault et dans tout le Languedoc-Roussillon, c’est de savoir si les militants choisiront l’ancien rugbyman Didier Codorniou, homme de paille déclaré de Georges Frêche, l’exclu du PS. Ou s’ils lui préfèreront Eric Andrieu, prêt à étudier des hypothèses de listes sans Frêche.

« La deuxième enveloppe, il faudra choisir entre Andrieu ou Codorniou », explique Abdi à une dame. Puis, presque imperceptiblement, il murmure à un homme qui s’approche pour voter « ça c’est le candidat de Philippe », en lui désignant le bulletin de Codorniou. Philippe, c’est Philippe Saurel, dentiste de profession, secrétaire de la section et fidèle de Georges Frêche. Un observateur mandaté par la rue de Solférino

A la section 3, il n’y a pas d’ambiguïté. « Elle est pour Codorniou », concède un jeune militant. Auparavant, Saurel organisait les votes du PS dans son bureau de conseiller général attenant à son cabinet dentaire. Mais ce soir, il a choisi les locaux de la fédération, pour ne plus s’attirer les critiques.

A la fédé votent aussi la section 4 et celle du CHU de Montpellier. Toutes deux également pro-Frêche. Pas étonnant que dans la petite pièce, veillent trois scrutateurs locaux représentant Eric Andrieu ainsi qu’un observateur mandaté par la rue de Solférino. L’Hérault est d’ailleurs le seul département dans lequel la direction du PS a envoyé des observateurs « neutres », huit en tout, pour veiller au bon déroulement des élections.

L’un d’entre eux, Jean-Christophe Vincent, tourne dans les locaux de la fédération. Il a bien noté que Philippe Saurel glissait dans une feuille A4 pliée en deux, les enveloppes contenant les bulletins des militants non inscrits sur le fichier du PS, Rosam. « J’ai créé une liste complémentaire pour ceux qui n’apparaissent pas dans le fichier national alors que moi je les ai à jour. Les enveloppes sont là. Je les donnerai à la fédé », argumente le secrétaire de section. « Vous auriez mieux fait de faire un système de double enveloppe. Ce sera à la commission de recollement des votes de statuer là-dessus », lui rétorque l’observateur. Forte mobilisation

A 19h30, près de la moitié des militants des sections 3 et 4 avaient déjà voté. « Il y a eu une forte mobilisation des troupes de ces sections », ironise l’un des scrutateurs. Ici, ni l’observateur « du national » ni les scrutateurs locaux ne se donnent la peine de vérifier si les cartes d’identité correspondent aux listes d’émargement. « Ce n’est pas ainsi qu’il y aura des fraudes », se justifie Jean-Christophe Vincent.

Pendant ce temps, dans une Maison pour tous de Montpellier, lieu de vote de la section 7, des scrutateurs galèrent. « Quand je suis arrivée, le secrétaire Christian Bouillé m’a dit : dégagez de devant la table. Je suis restée. Mais il nous a interdit formellement l’accès au listing. Il y a déjà cinq personnes qui ont voté sans carte d’identité », raconte Nadia Miraoui, pro-Andrieu.

1) En Languedoc-Roussillon, les socialistes font face au cas Georges Frêche Article Le Monde du 30 septembre

L’avenir, Georges Frêche, le voit, à 71 ans, tout tracé. "Ma campagne, qui débutera en janvier, reposera pour un quart sur mon bilan, qui est fabuleux, et pour trois-quarts sur mon programme car, contrairement au PS, j’ai des idées. En 2014, je passerai la main à un ami", affirme, derrière son bureau, le président divers gauche de la région Languedoc-Roussillon.

Or, ce n’est pas lui - exclu du PS en 2007 pour des propos tenus sur le nombre de joueurs Noirs dans l’équipe de France de football - que les adhérents socialistes vont désigner jeudi 1er octobre. Ce jour-là, ils éliront le "premier des socialistes" dans la perspective des élections régionales de mars en même temps qu’ils se prononceront par référendum sur la "rénovation" de leur parti.

Mais en Languedoc-Roussillon, le "premier des socialistes" n’a pas forcément vocation à conduire la liste pour les régionales. Didier Codorniou s’engage, en cas de succès, à se ranger derrière M. Frêche, alors que son concurrent Eric Andrieu sait que, même s’il est intronisé, il devra engager une autre bataille pour prendre la place de numéro un.

"Il ne s’agit pas d’un référendum pour ou contre Frêche", insiste M. Andrieu, vice-président du conseil régional et premier secrétaire de la fédération de l’Aude. Pourtant, le discours tenu lundi soir devant ses partisans à Nissan-lez-Enserune (Hérault) suggère tout le contraire. L’ancien maire de Montpellier "ne fédère ni les socialistes ni la gauche", juge M. Andrieu, qui propose de conclure avec les alliés du PS - "dont Georges Frêche" - un "pacte de gouvernance".

Les conditions mises en exergue - "affirmation d’un socle de valeurs" incluant "le refus de la xénophobie", rupture avec "la gestion pyramidale" de la région, priorité au mandat unique - sonnent comme autant de critiques du président sortant.

Décrite comme "tendue" par les deux camps, la primaire socialiste du Languedoc-Roussillon semble avoir libéré la parole anti-Frêche. Les partisans de M. Andrieu critiquent moins l’action du président de la région - "un visionnaire, son bilan n’est pas en cause" - que le "système Frêche" et la "chape de plomb" que ferait peser la fédération de l’Hérault. "Ici, le clientélisme règne en maître ; tout le monde doit quelque chose à quelqu’un", glisse un secrétaire de section.

"Sûrs de perdre"

Plusieurs élus sont sortis de leur prudente neutralité, telle Hélène Mandroux, maire de Montpellier, qui a apporté son soutien à M. Andrieu, de même que deux de ses adjoints.

Le camp adverse a riposté en faisant émerger la candidature de M. Codorniou, maire de Gruissan, ce qui permet de diviser la fédération de l’Aude. "Sans Frêche, on est sûrs de perdre", martèle l’ex-trois-quarts centre de l’équipe de France de rugby qui, s’il marque l’essai, renoncera à le transformer. Il s’effacera devant le président sortant, "une personnalité charismatique dont le bilan est exceptionnel" qu’il se propose de convertir à la démocratie participative. Une mission dont il ne conteste pas l’ambition.

Craignant pour "la sincérité du vote", M. Andrieu sollicite l’envoi d’observateurs mandatés par la rue de Solferino et compte déléguer ses propres scrutateurs. La demande, rejetée par la commission d’organisation de la fédération de l’Hérault, irrite au plus haut point son premier secrétaire, Robert Navarro : "Cela suffit. Qu’ils disent clairement que leur objectif est de virer Frêche et de faire gagner la droite !"

Marmoréen, Georges Frêche, considère que "si jamais Andrieu l’emportait, ce serait un peu gênant mais ne poserait pas de gros problème". Les statuts du PS prévoient que la décision de confier à un non-socialiste la conduite de la liste appartient au comité régional constitué par les fédérations. Le président a fait ses comptes : "J’ai quatre départements sur cinq avec moi."

Jean-Michel Normand


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