Le plan « jeunesse » de Martin Hirsch et du gouvernement est en train d’organiser la jungle sociale

samedi 10 octobre 2009.
 

Lors de la présentation le 28 septembre à Avignon du « plan jeunes » issu des travaux de la commission sur la jeunesse de Martin Hirsch, Nicolas Sarkozy « profite de la crise » pour détricoter les services publics et pour instaurer la précarité des salariés comme la norme.

Ce plan intervient dans une période de crise du capitalisme qui détruit plusieurs dizaines de milliers d’emplois par mois. Ce sont tous les salariés et ouvriers qui sont touchés, et parmi eux les plus faibles, dont les jeunes entrants sur le marché du travail. En effet, le taux de chômage des 16-25 ans en France est trois fois supérieur à celui des 25-49 ans au premier semestre 2009. Tous les ans, 100 000 jeunes sortent du système scolaire dès leurs 16 ans, et sont « perdus de vue ». Face à cette situation, le gouvernement devrait renforcer les services publics, et le niveau de protection sociale des travailleurs. C’est tout le contraire que propose le gouvernement.

Démanteler l’enseignement et la formation pour tous

Le plan « jeunes » prévoit que les 100 000 jeunes qui dès 16 ans sortent du système scolaire soient principalement réorientés vers le privé : formations privées ou en entreprises (contrat d’apprentissage, contrat d’insertion). Les mots utilisés par le gouvernement ne sont pas neutres : il appelle ces jeunes des « décrocheurs ». Ce terme sous entend qu’ils n’ont pas eu la volonté ou la force de caractère de poursuivre leurs études. Or, les personnels en charge des dispositifs de réussite éducative constatent que ces jeunes sortent du système scolaire dès 16 ans, car l’éducation nationale n’offre pas suffisamment de places pour les accueillir tous dans des formations professionnalisantes. Alors que la réponse pour ces jeunes aurait pu être des créations de classes et donc des créations de postes d’enseignants permettant de les accueillir, la réponse de l’UMP est tout autre. Ainsi, la loi de finance de l’Etat pour l’année 2010 prévoit la suppression de 16 000 postes dans l’Education nationale (dont plus de 14 000 postes d’enseignants)... L’école publique ne sera donc pas pour 100 000 jeunes par an. Le plan « jeunes » leur réserve des formations privées payantes... s’ils peuvent les payer. Les plus « chanceux » d’entre eux bénéficieront d’une formation en apprentissage, sachant que du fait de la crise économique le nombre de ces contrats est actuellement en baisse... Et pour ceux qui ne rentreront pas dans l’un de ces deux cadres, le président de la République est très clair : ils n’auront rien... Le gouvernement condamne ces jeunes à alterner chômage et petit boulot pour le reste de leurs jours, alors que la réponse adaptée aux jeunes issus des classes populaires est l’éducation nationale gratuite et accessibles à tous, afin de bénéficier de formations de qualité sanctionnées par des diplômes nationaux.

Payer le privé sur les fonds publics

En matière de logement, ou de santé, les propositions du gouvernement sont tout aussi défavorables à l’intérêt général. Pour loger les plus jeunes, l’Etat devrait impulser la création de logements sociaux et construire des résidences universitaires au lieu de les fermer ! Au lieu de cela, le plan Hirsch propose une pirouette fiscale : les « propriétaires vertueux » seraient avantagés, ceux qui jouent l’inflation des loyers lors des changements de bail, pénalisés. En matière de santé, le gouvernement ne propose pas une meilleure couverture sociale pour la santé des jeunes en lien avec le niveau de revenus de leurs parents, mais le doublement des aides aux jeunes pour leur complémentaire santé. Cela revient à ce que l’argent des contribuables aille directement dans les caisse des complémentaires santé privées.

Le RSA « jeunes » ou flux tendu de la main d’œuvre avant la majorité

L’ouverture du RSA aux jeunes de moins de 25 ans, s’inscrit dans une logique de systématisation de la précarité. En effet, le revenu solidarité active (RSA) est l’outil qui permet d’inciter une personne touchant les minimas sociaux à prendre un emploi au SMIC horaire, mais dont le nombre d’heure, au nom de la flexibilité, ne donne pas au salarié un SMIC mensuel... Le RSA, c’est le RMI plus un pourboire versé par le département. L’Etat, par le RSA, encourage donc la flexibilité... qui empêche de vivre des revenus de son travail. Le gouvernement, en ouvrant le RSA aux jeunes de moins de 25 ans, encourage les entreprises à généraliser flexibilité et salaires de misères. Plus grave : il y habitue les salariés dès leur premier emploi. Ce faisant, l’Etat demande aux français soumis à l’impôt de compenser la part de valeur ajoutée que les entreprises ne versent pas à leurs salariés. Ainsi, les jeunes salariés débuteront leur vie professionnelle dans un système institutionnel qui légitime leur salaire indigne. Il dresse les nouveaux actifs à la norme de demain : le flux tendu de la main d’œuvre. Car, en réalité, ceux qui pensent que seuls les « décrocheurs » sont concernés par la précarité institutionnalisée se trompent : ce que le plan jeune prépare, c’est la précarité pour toute la jeunesse, quel que soit son niveau de diplôme. Le jour où les départements ne seront plus en mesure de verser la compensation de leur précarité, ce ne seront pas les entreprises que ces salariés dénonceront, mais les collectivités locales. Ce système est hautement pervers !

Le gouvernement encourage la déqualification des travailleurs. Il encourage le travail pauvre. Les jeunes travailleurs précarisés dès le début de leur vie professionnelle seront autant de main d’œuvre n’ayant pas connu d’autre système, autant de main d’œuvre soumise aux mécanismes du capitalisme de notre temps. Le gouvernement organise l’armée de réserve du prolétariat de demain. Le problème de ce plan n’est pas qu’il n’irait pas assez loin ou qu’il serait insuffisant. Ce plan doit être combattu comme le CPE en son temps.


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