Jean-Luc Mélenchon, la gauche décomplexée (article Agoravox)

samedi 17 octobre 2009.
 

Jean-Luc Mélenchon peaufine la seconde phase de sa stratégie d’investissement de la gauche française. Car après en avoir posé les fondements lors des européennes de juin, en gagnant à sa cause une partie des réseaux locaux (importants) du Parti Communiste, il en consolide actuellement la charpente, dans un double objectif :

1. Montrer que la gauche existe, qu’elle est toujours capable de proposer un système alternatif de gestion des richesses, et que ce dernier n’est pas incompatible avec une intégrité républicaine à toute épreuve.

2. Montrer que cette gauche n’a pas besoin de lièvre, se nommerait-il Nicolas Sarkozy (ou ici Frédéric Mitterrand), pour exister sur le plan des idées. Alors que la plupart des partis ambitionnant d’être "d’opposition" se caricaturent en privilégiant les luttes de personnes et en réduisant à trois ou quatre noms propres les problèmes de la France, Mélenchon parvient à jouer le chaud et le froid jusqu’à imposer une certaine sincérité idéologique comme l’une de ses cartes maîtresses dans le débat politique.

Le président du Parti de Gauche a ainsi su conquérir une certaine hauteur de point de vue et d’argumentation, et la charpente idéologique qu’il privilégie devrait sous peu porter des fruits magnétiques du fait des conséquences de la crise économique d’une part et du délitement du PS d’autre part : nombreux sont ceux qui, parce que peu portés vers la social-démocratie et écoeurés par les combines d’appareil, pourraient se laisser glisser insensiblement vers le Parti de Gauche. Un bon score aux régionales leur savonnerait d’ailleurs allègrement la pente.

Il est certain que toute médaille ayant son revers, le franc parler de Jean-Luc Mélenchon et sa capacité à partir au quart de tour restent aussi potentiellement un écueil redoutable dans la perspective des prochaines présidentielles : son blog témoigne en effet d’une profusion de dénonciations qui s’y amoncellent jour après jour sans qu’une stature "providentielle" - au sens où les français l’affectionnent - s’en dégage absolument. Mais c’est que Mélenchon ne sème pas encore : il laboure toujours, dans la jubilation exubérante de son émancipation récente. Et lorsque du fait de ses interventions répétées, de ses formules imparables et de résultats électoraux, il sera devenu incontournable à gauche et sur les plateaux de télévision, alors, comme d’autres avant lui, il se préoccupera de sa stature. A moins qu’à l’image d’un NPA redoutant de grandir puis de gouverner, il ne souffre du pendant politique du syndrôme de Peter Pan. Mais Jean-Luc Mélenchon n’est pas trop Walt Disney dans l’âme : c’est bien trop américain.

Source : http://lapolitiqueetmoi.hautetfort.com/


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