Un nouvel exemple du manque de courage politique : les ministres européens de l’Agriculture laissent la Commission européenne décider l’importation de maïs transgénique

dimanche 8 novembre 2009.
 

NE PAS CHOISIR ENTRE INTERETS ECONOMIQUES AGRO-INDUSTRIELS ET ATTENTES CITOYENNES SEMBLE ETRE DEVENU LE COMPORTEMENT USUEL DE LA CLASSE POLITIQUE EN PAYS RICHE ! "Pourvou qué ça doure" disait mama Buonaparte en parlant de la carrière de son fils préféré.

Un nouvel exemple du manque de courage politique : les ministres européens de l’Agriculture refusent de prendre position sur l’importation de maïs OGM ... mais laisse la Commission Européenne en décider seule ! (D’après Agrisalon, news du 19/10/2009 18:28).

Préalable (PG66) : les données du problème.

La consommation par tête de protéine animale (lait-viandes) est dans nos pays 5 à 10 fois plus élevée que celle des pays émergents. La production de viandes industrielles relativement peu coûteuses de l’UE (porc, volailles) s’effectue principalement sur une base d’alimentation animale maïs-soja, avec d’énormes importations de soja sud ou/et nord américains et un peu de maïs. Ces importations sont la principale voie d’entrée des OGM en Europe et la vocation principale de l’agriculture industrielle qui se met en place depuis une vingtaine d’années aux Etats-Unis puis au Brésil et en Argentine, au détriment de la paysannerie locale paupérisée (y compris aux USA), des cultures vivrières et de la forêt.

Les ministres européens de l’Agriculture ont refusé d’accorder lundi une autorisation d’importation de maïs OGM, laissant à la Commission européenne la responsabilité d’en décider seule, a-t-on appris de sources européennes.

Lors d’une réunion à Luxembourg, les ministres n’ont pas réussi à s’entendre sur ce projet, ont indiqué plusieurs sources à l’AFP. La commissaire à l’Agriculture, Mariann Fischer Boel, plaidait pour que ces trois sortes de maïs développées par les Américains Monsanto (MON 88017, MON 89034) et Pioneer (59122xNK603) soient autorisées à l’importation.

Pour cela, elle arguait des risques en Europe de pénurie de soja destiné à l’alimentation animale, dont des cargaisons entières avaient dû être refusées cet été aux frontières de l’UE après la détection de traces de maïs OGM non autorisé.

La commissaire a fait valoir aux ministres que l’Union européenne est très dépendante du soja américain (c’est vrai depuis les années 50 !), notamment en hiver, et que le contexte mondial n’est pas favorable : la production argentine a déjà reculé de 30% cette année du fait d’une sécheresse.

Mme Fischer Boel a plaidé lundi pour que l’exécutif européen décide "rapidement" d’autoriser ces maïs, estimant qu’il fallait "écouter les scientifiques plutôt que les sentiments", en référence à un avis positif de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).

Jusqu’à présent, l’UE autorisait l’importation des OGM de manière régulière. Par contre, une seule semence, le MON 810, avait été homologuée pour la culture, en 1998 et pour dix ans. Le renouvellement de cette autorisation est en cours d’évaluation et la question suscite des débats intenses entre pays de l’UE.

Les gouvernements européens sont aujourd’hui très réticents à autoriser des produits OGM en raison de l’opposition d’une part croissante de leur opinion publique. Cette dernière s’inquiète des éventuelles conséquences des produits génétiquement modifiés pour la santé et l’environnement à cause de la dissémination. A ceci près que l’agriculture et l’alimentation industrielles, productivistes, de masse et peu coûteuses sont la base principale de notre alimentation, de l’activité agricole et de l’occupation des sols ! Demain il faudra choisir entre deux modèles agricoles et alimentaires : dilemme !

La conclusion du PG66 : les contradictions entre nos modes anciens de consommation et les nouvelles attentes qui se font jour (principe de précaution, respect de la nature, passage à des modes de consommation plus frugaux ...), ainsi que la complexité des problèmes et de leurs inter-actions économiques conduisent bien trop souvent les citoyens que nous sommes et les politiciens que nous élisons ... A NE RIEN FAIRE ET A NE RIEN CHANGER, malgré quelques faux semblants ! C’est un peu comme la moralisation du capitalisme : nombreux sont ceux qui en parlent, moins nombreux sont ceux qui la souhaitent, peu nombreux sont ceux qui la proposeront dans un nouveau projet politique entre une extrême-gauche de refus radical et une social-démocratie mollement réformiste !


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