Non aux pommes de terre OGM dans les champs et les assiettes ! (2 articles)

vendredi 6 novembre 2009.
 

1) Greenpeace dénonce les incohérences du dossier "Amflora"

La pomme de terre "Amflora" contient un gène marqueur de résistance aux antibiotiques qui, selon la législation européenne en vigueur, devrait être interdit depuis 2004.

"Contrairement à ce que pensent des institutions internationales qualifiées comme l’OMS et l’Agence européenne pour l’évaluation des médicaments (EMEA), l’EFSA persiste à dire que le fait que Amflora contienne un gène marqueur de résistance aux antibiotiques n’est pas problématique. Cette attitude est scandaleuse et nous espérons bien que les ministres de l’agriculture vont, lundi prochain, refuser d’autoriser un OGM aussi douteux que cette pomme de terre" explique Marco Contiero de l’Unité européenne de Greenpeace.

Source : http://www.greenpeace.org/luxembour...

Une opinion légale (3), commanditée par Greenpeace et rédigée par le ténor du barreau anglais Paul Lasok explique les incohérences de l’EFSA : "Il est très difficile d’imaginer qu’on puisse autoriser en 2008 un OGM contenant un gène marqueur qui aurait dû être interdit à partir du 31 décembre 2004" explique Paul Lasok. "D’autant plus que BASF aurait pu aisément extraire ce gène avant de passer à la production" explique Anne Thomas de Greenpeace Luxembourg. "Mais afin de gagner du temps et de l’argent, l’entreprise a préféré utilisé une technologie obsolète et potentiellement dangereuse. Aucune personne sensée ne prendrait le risque d’augmenter la résistance aux antibiotiques des humains et des animaux et de mettre ainsi en péril les traitements de très nombreuses maladies" continue Anne Thomas.

La proposition de la Commission, sur laquelle les ministres de l’agriculture de l’UE devront voter lundi, repose uniquement sur l’avis de l’EFSA. Greenpeace demande au Conseil de prendre en considération les avis scientifiques rendus par l’OMS et l’EMEA et de reconnaître les problèmes scientifiques et légaux qui rendent impossible l’autorisation de "Amflora". "Si elle est autorisée à l’importation, cette pomme de terre OGM pourrait devenir dans un futur proche, le second OGM à pouvoir être cultivé sur l’ensemble des Etats-membres. A l’heure où des controverses sérieuses existent quant à sa sûreté et qu’il menace de contamination l’ensemble de la chaîne de production alimentaire, Greenpeace appelle le Ministre Boden à voter contre Amflora et à s’engager fermement en faveur du principe de précaution" conclut Anne Thomas de Greenpeace Luxembourg.

Article de l’été 2008

Notes

(1) La pomme de terre "Amflora" fait l’objet de deux demandes d’autorisation distinctes. L’une concerne son autorisation à la culture, l’autre son importation en vue de sa transformation en alimentation animale. Le vote de lundi a lieu sur le deuxième volet. Si une majorité qualifiée des Ministres votaient contre l’autorisation à l’importation, il y aurait de fortes chances que la Commission retire la demande d’autorisation concernant la culture.

(2) Un briefing média Greenpeace (en AN), avec la chronologie des décisions concernant la pomme de terre "Amflora" peut être téléchargé sous : http://www.greenpeace.org/eu-unit/p...

(3) Le briefing légal rédigé par le ténor du barreau anglais Paul Lasok CR, concernant les incohérences légales de l’autorisation de la pomme de terre Amflora est disponible sous : http://www.greenpeace.org/eu-unit/p...

2) Europe, patate et OGM  : tu avances ou tubercule  ? 29 octobre 2009

Alors que le dossier de l’Amflora poireaute depuis 2006 sur le bureau de la Commission européenne, le groupe BASF met la purée pour promouvoir sa pomme de terre transgénique.

Source : http://www.humanite.fr/article27543...

Elle rissole dans les fourneaux européens depuis bientôt trois ans  : la pomme de terre transgénique Amflora, conçue par l’industriel germanique BASF, a poussé les écologistes allemands à se friter, cette semaine, avec le futur gouvernement d’Angela Merkel. Celui-ci vient de rendre public son programme pour les quatre ans à venir. Où se niche un soutien explicite à la culture commerciale de la patate OGM. 

Intolérable, évidemment, pour ceux qui s’y opposent et qui voient dans cet acte la preuve d’une allégeance aux intérêts financiers qui ourlent la question des OGM. Cela « montre comment la branche biotechnique a réussi à mener par le bout du nez les auteurs de l’accord de gouvernement », affirme Felix Prinz zu Löwenstein, chef de l’Association écologique pour l’économie alimentaire (BOLW). Ce n’est pas la première fois que cette accusation fuse.

Variété enrichie en amidon, expérimentée en Europe depuis près de dix ans, l’Amflora se destine à la fabrication de papier, de textile ou de béton. Mais la belle contient aussi un gène marqueur de résistance aux antibiotiques, dont beaucoup redoutent qu’il ne contamine des cultures destinées à l’alimentation humaine. En 2006, BASF obtenait néanmoins un avis favorable de l’Aesa – Autorité européenne de sécurité des aliments – qui la déclarait exempte de « risques sanitaires pour l’homme et l’animal. ». La même année, la Commission européenne lui emboîtait le pas. C’est à l’étape suivante que le dossier a été bloqué, n’obtenant ni l’avis favorable du comité d’experts européens ni celui du Conseil des ministres européens. La décision finale était renvoyée entre les seules mains de la Commission qui, depuis, fait poireauter le dossier. Pourquoi  ? La question reste entière. En décembre 2008, le Conseil des ministres de l’Environnement européens exigeait de la Commission qu’elle renforce ses évaluations des impacts des cultures OGM sur l’homme et sur l’environnement. « Peut-être attend-elle que ce renforcement soit finalisé pour rendre sa décision », avance Éric Meunier, membre de l’association Inf’OGM. Peut-être les suspicions à l’égard d’Amflora deviennent-elles trop prégnantes. En juin dernier, deux experts scientifiques – sur les 42, il est vrai, qu’a consultés l’Aesa –, s’exprimaient dans ce sens. Quoi qu’il en soit, et au-delà du débat sur l’éventuelle dangerosité de la patate, l’histoire de l’Amflora soulève un autre lièvre  : celui de la pression exercée par les producteurs de semence pour obtenir l’agrément de leurs graines.

En 2008, fatigué d’attendre, le groupe BASF mettait la purée pour vanter sa patate et se payait une vaste campagne de pub dans les quotidiens allemands pour faire valoir une Amflora « saine et écolo ». Le même mois, le groupe se fendait d’une lettre ouverte au commissaire européen à l’Environnement. En avril 2009, Berlin autorisait la reprise des essais en plein champs de l’Amflora (1). « On peut se demander pourquoi, puisque BASF assure avoir démontré l’innocuité de l’Amflora », souligne Éric Meunier. Si ce n’est pour se constituer un stock de semence dans le cas où l’accréditation tomberait. BASF se donne les moyens pour y arriver, menaçant même l’Europe de stopper toutes recherches de nouvelles variétés si la garantie de les rentabiliser commercialement ne suit pas. Une pression efficace, quand la recherche publique est pauvre en la matière. Une pression qui pourrait surtout s’avérer payante  : dans le cas de l’Amflora, les gains sont estimés à 100millions d’euros par an.

(1) Seulement la culture commerciale d’OGM implique une autorisation de l’UE.

Marie-Noëlle Bertrand


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