Déclarations de députés de gauche réunis à Panama pour l’assemblée interparlementaire eurolatinoaméricaine

vendredi 6 novembre 2009.
 

Les député-es de Gauche réunis au Panamá à l’occasion des Réunions des Commissions Parlementaires Permanentes de L’Assemblée EUROLAT au Panamá les 29 et 30 octobre 2009, étant informés ce jour de l’accord pour la restitution du Président Zelaya, déclarent :

- Que la restitution de Jose Manuel Zelaya Rosales est le triomphe de la pression populaire, du Front de Résistance et de la dignité du Président Zelaya, qui, ensemble, ont défendu dès les premiers instants du Coup d’ État la restitution présidentielle et constitutionnelle. La pression et la solidarité internationale ont aidé à défaire le putschiste Micheletti. Ainsi, s’ouvre une nouvelle étape dans le processus hondurien face auquel nous maintiendrons notre solidarité avec le Front de Résistance et d’autres acteurs populaires.

- Nous nous engageons à poursuivre notre travail avec toutes les forces de la gauche progressiste dans le processus qui s’ouvre au Honduras, dans la consolidation de la démocratie et dans les processus à venir qui, sans nul doute possible, ouvriront la perspective d’un processus constituant.

- Nous condamnons énergiquement le Coup d’ État perpétré contre le Président Zelaya, Président constitutionnel du Honduras.

- Nous partageons la condamnation exprimée par la Communauté Internationale et par ses principales institutions : l’ALBA, L’OEA, le SICA (Système d’Intégration Centre-Américain), le FIPA (Forum Interparlementaire des Amériques), COPA (Confédération Parlementaires des Amériques) La COPPPAL (Conférence Permanente des Partis Politiques d’Amérique Latine), l’Union Interparlementaire Internationale, les Nations-Unies, la Commission et le Conseil de L’UE, etc.

- Nous regrettons que le Parlement Européen, contrairement à la majorité des parlements d’Amérique Latine et des Caraïbes, n’aient, à ce jour, pas encore condamné le Coup d’ État.

- Nous soulignons que nous avons toujours exigé le retour à la constitutionnalité du Honduras, en restituant de manière inconditionnelle le Président Manuel Zelaya et les membres de son gouvernement, ainsi que toutes les charges démocratiquement élues, parmi eux les élu(e)s municipaux.

- Nous déclarons que nous ne reconnaîtrons ni n’accepterons jamais qu’un gouvernement tente de remplacer le gouvernement démocratiquement élu au Honduras. De la même façon, nous ne reconnaîtrons pas d’éventuelles élections ni leur résultat dans les conditions d’un Coup d’ Etat, tant que l’institution démocratique et la restitution du président Zelaya ne sera pas effective.

- Nous dénonçons la menace que ce Coup d’ État représente pour la stabilité de la région ainsi que pour les processus de démocratisation et de renforcement de la souveraineté des peuples d’Amérique Latine et des Caraïbes. Nous dénonçons également l’éventuelle tentation de l’administration nord-américaine de poursuivre sa traditionnelle politique d’ingérence dans la région et plus spécifiquement, dans les gouvernements de la gauche latino-américaine comme dans les cas du Vénézuela, de la Bolivie et du Nicaragua.

- Nous dénonçons la violation des droits humains du peuple hondurien, dans son droit à la liberté d’expression, d’organisation, de mouvement et dans sa liberté politique. Nous dénonçons la situation dans laquelle se trouve le Président Zelaya dans l’ambassade du Brésil à Tegucigalpa et les violations constantes des droits humains perpétrées par l’armée hondurienne, ainsi que la persécution des député(e)s qui ont refusé de reconnaître le gouvernement de facto .

- Nous exprimons notre solidarité totale et inconditionnelle avec la lutte de résistance du peuple hondurien et l’accompagnement politique pour le retour des libertés démocratiques et saluons la fermeté des organisations sociales mobilisées pour défendre les libertés démocratiques et les droits civils, politiques et sociaux du peuple hondurien.

- Nous soutenons la suspension de la ronde des négociations UE-Amérique Centrale pour l’Accord d’ Association après le Coup d’ État au Honduras, mais nous exigeons que l’UE fasse de même avec les mécanismes commerciaux tels que les SGP+ (Systèmes Généralisés de Préférence).

- Nous répétons que les différents Accords d’Association de l’UE avec certaines régions d’Amérique Latine ne peuvent dissimuler des traités de libre échange et qu’ils doivent se baser sur trois piliers : le dialogue politique, la coopération au développement et les relations commerciales qui prennent en compte les asymétries à l’intérieur et entre les régions ainsi que les intérêts de chacune d’entre-elles.

- Nous réitérons notre solidarité avec le peuple colombien menacé par la politique de répression systématique du président Uribe. Cette politique de répression et d’attaque des droits humains trouve dans la présence de nouvelles bases nord-américaines un appui supplémentaire totalement inadmissible de l’administration nord-américaine. Nous dénonçons une fois de plus le « Plan Colombie » qui est une menace pour la paix et la sécurité de la région. Nous misons résolument sur une solution négociée du conflit social et politique en Colombie.

- Nous dénonçons une fois de plus les persécutions et assassinats de syndicalistes, de dirigeants politiques et de leaders du mouvement indigène en Colombie, ainsi que les cas de « faux positifs ».

- Nous rejetons la présence de toutes les bases militaires étrangères opérant sur le territoire d’Amérique Latine et des Caraïbes. Nous exigeons également le retrait de la quatrième flotte nord-américaine des eaux d’Amérique Latine. Nous appuyons les initiatives des mouvements sociaux et politiques visant à empêcher la présence militaire étrangère dans la région.

- Nous dénonçons les pressions des transnationales sur les ressources naturelles (l’eau, le pétrole, les minéraux, le gaz, le bois et d’autres). Nous manifestons notre vive inquiétude au vu du développement de lois qui criminalisent la protestation sociale et qui se soldent par l’assassinat et la persécution de leaders d’organisations sociales.

- Nous exigeons immédiatement la fin du blocus des États-Unis sur Cuba telle que cela a été voté par L’ Assemblée Générale des Nations-Unies pour la 18ème fois à travers une résolution approuvée par 187 pays sur 192. Nous dénonçons les effets négatifs de ce blocus sur la population cubaine.

- Nous exigeons que l’UE normalise ses relations avec Cuba et nous exigeons le retrait de la Position Commune de l’UE.

- Nous exigeons la libération immédiate d’Antonio Guerrero, de Fernando González, de Ramón Labañino, de Gerardo Hernández et de René González (les cinq cubains) qui sont arbitrairement incarcérés depuis maintenant plus de 11 années incarcérés dans des prison nord-américaines et nous exprimons notre détermination à poursuivre la lutte pour que justice leur soit rendue.

- Nous dénonçons le fait que l’administration nord-américaine refuse de faciliter l’accès à leurs parents directs pour leur rendre visite régulièrement dans les prisons où ils purgent leur peine tel que le stipule pourtant la législation internationale.

- Nous insistons sur le fait que la situation de crise financière et économique mondiale est le résultat du maintien d’un modèle économique qui prône la libre-circulation des capitaux, la libéralisation et la dérégulation des marchés, la non-intervention dans l’économie, la réduction des dépenses publiques, la dérégulation dans le travail ainsi que la libéralisation et la privatisation des services publics.

- Nous rejetons l’idée que ce soient les plus pauvres qui aient à payer les effets de cette crise. Nous répétons que seule la lutte des travailleurs et des travailleuses, celle des peuples, qu’on permettra faire face à la situation, d’ouvrir le chemin permettant d’en finir avec les processus de libéralisation et de privatisation, en renforçant le rôle de l’Etat et l’intervention publique dans des secteurs stratégiques tels que le secteur énergétique ou financier, celui des transports et des communications, dans la perspective du Socialisme.

- Nous dénonçons comme inadmissible le nouveau référendum imposé au peuple irlandais sur le même texte du traité de Lisbonne, sans en avoir changé une seule virgule ; il traduit un profond manque de respect pour la démocratie et la volonté exprimée par le peuple irlandais lors du premier référendum du 28 juin 2008. Nous dénonçons les moyens scandaleux utilisés dans la campagne du « OUI » et l’implication d’entreprises puissantes, de la Commission Européenne et d’autres institutions européennes dans celle-ci.

- Nous répétons notre intention de continuer à lutter contre un traité qui synthétise les bases d’une Union Européenne capitaliste, qui donne la suprématie à la liberté du marché sur les intérêts des citoyens, sans que l’intervention publique exerce le moindre pouvoir dans l’économie et qui laisse les secteurs stratégiques entre les mains d’entreprises privées. Une Union Européenne bien décidée à militariser sa sécurité, ce qui augmente les dépenses militaires des États et le rôle d’un Service d’ Action Extérieure Européen duquel dépend la politique et la sécurité extérieures sans aucune forme de contrôle démocratique.

- Nous dénonçons la tentative des pays les plus riches d’imposer, lors du prochain sommet de Copenhague, un accord qui, au lieu de se fixer des objectifs d’envergure concernant la réduction de la consommation énergétique et de consacrer toutes les ressources nécessaires pour diminuer la pollution atmosphérique, externalisent leur propre responsabilité vers les pays les plus pauvres conditionnant ainsi leur développement.

- Nous exprimons la nécessité d’un accord avec des objectifs bien définis et contraignants, qui prenne en compte les contributions historiques de chaque pays au changement climatique et les responsabilités communes selon leurs capacités d’adaptation respectives.

- Nous défendons l’idée que la diminution des émissions de carbone dans l’atmosphère, permettant l’amélioration des conditions de vie de tous les peuples du monde, requiert une planification écologique mondiale, en réduisant la consommation d’énergies, en privilégiant la production aux nécessités locales et non pas aux grands marchés internationaux, en promouvant la souveraineté et la sécurité alimentaire de tous les pays, en consolidant l’aide aux petits et moyens agriculteurs ainsi qu’aux populations indigènes et à leur droit d’accès à la terre.

- Nous répétons que nous sommes favorable à la dissolution de l’OTAN et à la démilitarisation de la sécurité. Dans ce sens, nous nous opposons à la nouvelle révision de sa conception stratégique par les Etats-Unis, qui doit être approuvée lors du sommet de Lisbonne, pour continuer d’imposer l’usage de la force, en dépit du droit international.

- Nous rappelons que le rattachement de la sécurité européenne à l’OTAN suppose que l’UE mise résolument sur sa militarisation, sur l’augmentation systématique des dépenses militaires et des programmes industriels en Recherche -Développement pour des programmes d’armement.

- Nous répétons que nous exigeons le retrait des troupes d’occupation en Afghanistan et que nous considérons qu’une nouvelle stratégie détachée de toute option militaire est nécessaire pour le pays.

- Nous avertissons du danger que représente la militarisation des relations internationales et la reprise de la course à l’armement pour l’humanité, accentuant les processus d’occupation, d’ingérence et de violation de la souveraineté nationale.

- L’humanité vit une des périodes les plus difficiles de son histoire, marquée par de profondes inégalités et injustices, des guerres et des conflits. Cette situation se trouve aggravée par l’actuelle crise financière et économique mondiale, cette crise systémique du capitalisme qui s’accompagne de crises énergétiques, environnementales et alimentaires.

- Enfin, nous déclarons notre solidarité avec les processus en cours en Amérique Latine et dans les Caraïbes qui, face aux politiques néo-libérales, cheminent vers la construction de sociétés plus justes, plus égalitaires dans la perspective du Socialisme. Ces contributions offrent une nouvelle perspective pour l’ensemble de l’humanité, un espoir, la possibilité réelle d’en finir avec ce modèle dévastateur pour les personnes et l’environnement qu’est le capitalisme, et d’avancer vers une alternative socialiste.

SIGNATAIRES :

Willy Meyer, Parlamento Europeo, Vice president de l’ EUROLAT.

Amílcar Figueroa, Parlatino, député pour le Vénézuela.

Ilda Figueiredo, Parlement Européen, Portugal.

Turbal Paez, Parlatino, député pour Cuba.

Jean-Luc Mélenchon, Parlement Européen, France.

Jacinto Suárez, PARLACEN, député pour le Nicaragua.

William Hernández, PARLACEN, député pour Le Salvador.

Maria Isabel Salvador, Parlandino, Equateur.

Patricio Zambrano Restrepo, Parlandino, Equateur.

Cecília Castro Marquez, Parlandino, Equateur

Gabriel Ribera, Asambleista, Equateur

Gloria Oqueli, PARLACEN, Honduras.

TRADUCTION : Guillaume Beaulande


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