La Scop : un modèle de reprise alternatif !

mardi 10 novembre 2009.
 

Encore peu connu du grand public, le secteur coopératif présente des avantages sociaux et une gestion plus démocratique que le privé en cas de transmission d’entreprise.

En novembre, plus de 1000 manifestations seront organisées en France pour promouvoir l’économie sociale et solidaire. Ce secteur encore peu connu du grand public représente 9 % des entreprises qui emploient 10 % des salariés, soit 2 millions de personnes, au travers des coopératives, associations, mutuelles, fondations, structures d’insertion. Un modèle économique pensé il y a plus d’un siècle, en pleine Commune, qui tente de tordre le coup à la « religion de la création de valeur pour l’actionnaire ».

Parmi ses nombreuses activités, la reprise d’entreprise par les salariés en Scop (société coopérative de production) constitue une réponse à l’enjeu majeur de la transmission d’entreprise. En quinze ans, ce sont 700000 à 900000 entreprises qui devraient être transmises, avec plus de 300000 emplois à la clé. La reprise par les salariés (RES) ne représente aujourd’hui que 14 % des successions, contre 26 % de transmissions à un tiers et 48 % à un membre de la famille du dirigeant, 12 % d’entre elles cessant définitivement leur activité faute de repreneur. Si elle n’est pas encore entrée dans les mœurs, la RES constitue une véritable solution pour les salariés qui connaissent parfaitement le métier et ont déjà une relation avec la clientèle pour reprendre en main leur outil de travail et conserver ainsi leur emploi. Le RES se fait bien souvent sous la forme d’une Scop, particulièrement adaptée à cette forme de reprise. Régie par les principes coopératifs, au moins 51 % de ces Scop sont détenues par les salariés, qui disposent de 65 % des droits de vote. Les décisions se prennent en assemblée générale selon le principe démocratique « une personne = une voix » (il s’agit notamment de prendre les grandes décisions stratégiques de l’entreprise, d’élire les dirigeants, gérants ou le conseil d’administration). Les bénéfices vont d’abord aux salariés et à la consolidation financière de l’entreprise.

La Scop apparaît aussi comme un modèle socialement plus juste. D’une part, la création d’emplois y est beaucoup plus importante que dans la moyenne des entreprises. Sur les cinq dernières années, les Scop ont augmenté en moyenne leurs effectifs de 10 %, contre 2 % pour les entreprises classiques. D’autre part, les coopératives de salariés ont un effectif moyen de 22 salariés, contre 9 pour les entreprises traditionnelles. Enfin, les salariés touchent dans une Scop un salaire annuel moyen de 35000 euros, contre 30000 dans les autres entreprises.

Mais ce modèle, qui montre des avantages sociaux importants, souffre d’un important problème de financement, souvent à l’origine de défaillances d’entreprises et d’une tendance générale au sous-investissement. D’abord parce que l’autofinancement y est insuffisant. Les coopérateurs sont souvent réticents à investir leurs économies dans l’entreprise. Ensuite, les investisseurs sont rarement intéressés par les coopératives. Reste l’endettement. Mais bien souvent les banques ne prêtent que si la Scop peut financer une partie de ses investissements grâce à ses fonds propres. La boucle est bouclée. Une appréciation à nuancer cependant, une étude d’Oseo, la banque publique de financement, indiquant qu’un ancien salarié de l’entreprise a deux fois plus de chance de réussite qu’un repreneur extérieur.

Clotilde Mathieu


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