Sarkozy et le Mur de Berlin : mentir et faire mentir

vendredi 20 novembre 2009.
 

C’est finalement Cécile Duflot des Verts qui a eu une réflexion qui mérite que l’on s’y attarde :

" C’est à la fois dérisoire et ça suscite une véritable question", a déclaré Mme Duflot sur i-Télé. "C’est dérisoire parce qu’il (M. Sarkozy) y était le 16 novembre 1989, apparemment tout le monde converge, mais on oblige des gens à mentir pour dire qu’il y était le 9. Vraiment, ça a quel sens ? " (AFP)

Cette mascarade, cette Bérézina du mensonge Facebook présidentiel, est une affaire, finalement, bien plus grave qu’il n’y paraît. Petit à petit, tout converge pour dire que, en parodiant Tweeter, celui qui créa Dieu n’était absolument pas à Berlin dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989.

Sans s’étendre sur les divers témoignages venus à la rescousse de Sarkozy, il faut en analyser au moins trois.

1- Celui de Juppé. Il n’a pas arrêté de s’embrouiller pour terminer par une pirouette pour le moins minable et qui botte en touche sans courage et sans honneur, prétendant que si tout le monde disait que c’était le 9, alors c’était le 9 et ce malgré une photo le montrant à Colombey la veille, malgré un interview télévisée le 10 dans laquelle il ne parle ni de son possible voyage imminent dans la journée à Berlin - ce qu’il pouvait glisser dans son commentaire sur le mur - ni de sa folle nuit, et enfin malgré un article du Figaro du 17 novembre 1989 qui le dit y être allé le 16 novembre, ses propres déclarations de 1993, et son affirmation qu’il n’y était allé qu’une seule fois.

2- Celui de Fillon qui déclare être présent à Berlin les 7,8, 9 et 10 novembre alors que son intervention à l’Assemblée Nationale du 8 novembre y est retranscrite et prouve sa présence à Paris ce jour-là (- M. François Fillon : "On vous pose une question : répondez !" - Pierre Bérégovoy : "Je vais répondre, monsieur Fillon et monsieur Pons . Ne vous impatientez pas !").

François Fillon convoque en plus un témoin absent. Il déclare avoir rencontré le journaliste Ulysee Gosset alors que celui-ci était à Moscou le 9 novembre. ("Le 9 novembre, j’ai bien croisé Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Je crois même avoir croisé dans un autre groupe Alain Madelin et François Léotard". "Nous avons vers minuit passé le Check Point Charlie et nous avons retrouvé de l’autre côté une équipe de télévision de TF1 qui était conduite par Ulysse Gosset. Et nous sommes allés ensemble dîner dans un restaurant à Berlin est." […] "Dans l’après-midi, ils avaient rencontré le maire de Berlin."

L’ancien chargé de presse de Walter Momper, Werner Kolhoff, a aussitôt démenti la rencontre auprès de l’AFP. Ulysse Gosset, alors correspondant permanent à Moscou ne se trouvait pas à Berlin en ce jour historique. Le Premier ministre a finalement reconnu sur TF1, lundi soir, avoir confondu le journaliste avec son confrère Patrick Bourrat.) (NouvelObs)

3- Et enfin celui qui, comme le dit Brice de Nice, a tout cassé, s’appelle Jean-Jacques de Perretti. Non seulement, au comble de l’affabulation, il annonçait qu’au RPR ils avaient des visionnaires puisqu’ils étaient au courant 48 heures avant tout le monde, avant Kohl, avant Mitterrand et donc avant les services secrets, et avaient organisé ce voyage dans ces 48 heures. Cependant Jean-Jacques de Perretti vient de casser le jouet, déjà bien amoché. Mis devant ses contradictions par une dépêche de l’AFP du 17 novembre 1989 qui le citait présent le 16, il ne peut que reconnaître qu’alors c’était le 16 et qu’il n’avait fait qu’un voyage, un seul à Berlin pour jouer aux aventuriers de l’Histoire, et se faire des souvenirs de propagande.

Or sur la photo présentée sur Facebook, l’ex député RPR Jean-Jacques de Perretti est présent. Ce qui prouve sans aucune ambiguïté que cette photo a été prise le 16 novembre 1989, cette photo qui illustre le voyage du Casseur de mur berlinois et libérateur des Allemagnes.

Le Monde : " L’ancien député RPR Jean-Jacques de Peretti, présent aux côtés de Nicolas Sarkozy sur la photo diffusée sur Facebook, a fini par torpiller la version présidentielle. Après avoir confirmé le récit de M. Sarkozy, il est confronté à une dépêche de l’AFP du 17 novembre 1989, qui relate son voyage à Berlin la veille. "Si l’AFP dit que c’était le 16 novembre, c’est que ça doit être vrai", lâche-t-il, embarrassé, au Monde.fr. Et de concéder qu’il ne s’est rendu "qu’une seule fois à Berlin". La photographie montrant M. Sarkozy s’attaquant au mur de Berlin ne peut donc pas avoir été prise un autre jour. "

par Imhotep


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