Nouvelle épidémie politique en France : la sondagite

mercredi 25 octobre 2006.
 

Il fallait s’y attendre, à peine les sunlights éteints les sondeurs dégainent. Le premier à tirer, bien d’autres suivront, est Opinion way (ça ne s’invente pas) pour le Figaro. Il serait, en effet, insupportable de vous laisser dans la totale ignorance de savoir qui sort vainqueur, et perdant, du débat télévisé organisé par le PS pour départager ses trois candidats.

Mon propos n’est pas pour en discuter les conclusions mais, plutôt, pour relever qu’il a été réalisé parmi 401 personnes.

Ainsi, dans notre démocratie, où la liberté des citoyens de choisir librement leurs représentants a été acquise de haute lutte, 401 sondés, désignés par un ordinateur, sont-ils investis, au pays de Montaigne, des pouvoirs d’un oracle et entretiendront la glose prédictive d’une nuée de vaticinateurs.

401 individus ! C’est-à-dire bien moins que la totalité des courtisans habituels de la Cour à Versailles sous Louis XIV et du collège électoral au temps du suffrage censitaire.

Avec une rigueur scientifique, on nous explique combien cet échantillon de la population traduit bien la réalité d’une l’opinion publique aussi virtuelle que le sont ces prophéties d’un jour. Tout le monde y croit, dur comme fer, et en vient à se déterminer non en fonction de leur objet, mais de leurs aléatoires résultats qui, se comparant les uns les autres, en arrivent à constituer une vérité sans aucune consistance.

Un homme qui pense à la place d’un autre, ça n’a pas de sens disait Sartre. Mais justement, de nos jours, c’est bien la pensée qui pose problème.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message