Herman Van Rompuy : président du Conseil européen et clérical en béton armé (par JL Mélenchon et La Croix)

samedi 5 décembre 2009.
 

LE BIGOT EST SERVI !

La baronne Ashton n’est pas la seule curiosité des deux nominations du conseil européen. Le monsieur Herman Van Rompuy gagne lui aussi à être mieux connu. Mais certains le connaissent déjà bien. Les évêques de Belgique ont été parmi les tous premiers à le féliciter pour sa nomination. Normal. Herman van Rompuy est un clérical en béton armé. Le 19 octobre dernier encore, il donnait une grande conférence publique à Bruxelles sur la doctrine sociale de l’Eglise. Il prévenait en commençant son exposé : « Je m’exprime en tant que chrétien à titre personnel. Je ne ferai pas toujours le distinction entre l’encyclique et mes propres opinions ».

C’est que pour lui, « Avec Benoît XVI, l’Eglise affiche une qualification supplémentaire : elle se dit non seulement compétente pour une contribution à une meilleure compréhension et à l’amélioration de la condition humaine, mais détenant le seule bonne clé de lecture pour cela : la « Vérité ».

L’homme n’est pas sa propre référence. Sa vie a un sens profond qui le dépasse, qui est révélé par la Vérité (pas le vérité du comment mais la vérité du pourquoi). La Vérité c’est l’Amour incarné dans le Christ et dans la Trinité. » Puis il a justifié évangéliquement le libéralisme économique : « l’Eglise ne condamne pas le marché financier international en tant que tel, car sans système adéquat, nous n’aurions connu ni cette croissance économique, ni les investissements massifs des dernières décennies. La mondialisation de l’économie contraint, par ailleurs, les pays à une collaboration internationale ».

En ce qui nous concerne, nous nous sentons un peu visé quand Herman a déclaré dans sa conférence : « Les messianismes prometteurs, qui sont des bâtisseurs d’illusions », selon les termes de Benoît XVI, privent, en outre, l’homme de ses responsabilités et ce faisant de sa dignité. » Enfin pour clore cette première évocation de notre nouveau « représentant stable » à la tête de l’Europe, on rappellera qu’il a récemment déclaré, lors d’un Conseil européen : "Les valeurs universelles de l’Europe, et qui sont aussi des valeurs fondamentales du christianisme, perdront de leur vigueur avec l’entrée d’un grand pays islamique tel que la Turquie". L’Europe des bigots est en marche !

Complément : La Croix se félicite de la promotion d’Herman Van Rompuy

Désigné président du Conseil européen par les Vingt-Sept, le premier ministre belge est un intellectuel aux convictions solides, un politique habile à la manœuvre et un homme de foi

Une force de raisonnement

Herman, lui, procède armé de convictions et d’une force de raisonnement reçues tout droit de son éducation chez les jésuites. « Quand on me dit jésuitique, c’est un honneur », répète-t-il. Sa formation, pétrie des classiques (Bossuet, Camus, Saint-John-Perse…) qu’il dévore toujours, a contribué à donner à cet intellectuel un recul et une force intérieure, perceptibles dès la première rencontre.

De quoi ne jamais se mettre en colère : « C’est le cas de ceux qui relativisent beaucoup », s’explique-t-il dans divers entretiens, ajoutant : « J’ai le sentiment que tout est éphémère. » Comme être soudain projeté à la tête de l’Europe.

C’est pourquoi Herman Van Rompuy cultive « d’autres centres d’intérêt à côté de sa vie professionnelle ». Avec ses quatre enfants, il estime avoir été « un père assez présent ». Et il vient d’être grand-père une deuxième fois.

« Je suis tout sauf un équilibré ennuyeux », se dépeint-il. Pratiquant la poésie japonaise des haïkus, cycliste amateur en bon Flamand, il laisse aussi sa femme, Geertrui, l’entraîner en voyages, comme l’été dernier faire du camping-car jusqu’en Australie.

La foi « où il puise sa force »

Il consacre du temps aussi à nourrir sa foi. « Où il puise sa force », témoigne son épouse. Perdue vers 12-13 ans, revenue vers 26-27 ans, cette foi, Herman Van Rompuy ne la cache, ni ne l’étale. Catholique pratiquant, il la travaille, y compris par moments chez les moines d’Affligem, près de Bruxelles.

Car il ne s’estime « pas naturellement bon » : « J’envie ceux qui ont cette démarche spontanée d’aller vers les autres, de les aider. Moi, cela me demande un effort d’aider les gens, de rendre visite ou de téléphoner à quelqu’un qui est seul », livrait-il encore à La Libre Belgique.

En politique belge, il est, en tous les cas, tout sauf un tendre. S’il est réputé pour son humour à froid, il est autant redouté, au détour d’une phrase, pour ses piques qui vous enterrent. « En politique, on n’a pas d’amis », prévient-il. Aux 27 dirigeants, qui l’ont placé à leur présidence, de s’en souvenir.

Sébastien MAILLARD


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