Plus que trois mois avant les élections régionales, dernier scrutin au suffrage universel direct avant 2012. Et dernières élections régionales à proprement parler, si par malheur Sarkozy parvient à imposer sa « réforme des collectivités territoriales » qui prévoit, entre autres, le remplacement des 6 000 conseillers régionaux et généraux par 3 000 « conseillers territoriaux », élus de façon particulièrement inique afin de permettre à la droite, même très minoritaire, de ne pas perdre pied à l’échelon local.
C’est dire si l’enjeu de mars 2010 est important, que son résultat pèsera lourd sur l’avenir politique de notre pays.
Or où en est la gauche ? Loin de se rassembler, elle est en proie à ses deux démons familiers : la recherche d’une alliance à droite, pour l’occasion baptisée « centre », et le sectarisme qui enferme dans un splendide isolement.
La « Modem attitude »
Les Français ont récemment été témoins du spectacle lamentable donné par Royal et Peillon se disputant le leadership de leur courant interne au PS. Pourtant, sur l’essentiel, M. et Mme « On m’a volé ma gomme » - comme les a plaisamment surnommés Laurent Fabius - partagent la même orientation : l’alliance avec le Modem, dès le premier tour des régionales, précise Ségolène Royal. Mais Martine Aubry n’est pas en reste : le 26 novembre sur France 2, elle a tendu la main à la formation de François Bayrou, « avec laquelle nous avons beaucoup de choses en commun ». La construction libérale de l’Europe est la première de ces choses – quoique le PS français mérite plus encore d’être salué pour sa contribution au maintien de l’ordre libéral du monde, grâce à deux de ses ténors, Dominique Strauss-Kahn et Pascal Lamy, respectivement directeurs du FMI et de l’OMC.
Entendons-nous bien : que des convergences tactiques puissent se faire jour entre la gauche et le Modem n’est pas à dédaigner. Mais prétendre construire une alliance stratégique avec le centre, cette vieille lune de l’histoire du socialisme français, revient à jeter aux orties tout programme de transformation politique et sociale. Et par là même, à s’aliéner le vote des catégories populaires, à désespérer ceux que la gauche devrait au contraire nourrir d’espoir.
Les socialistes accepteront-ils le nouveau positionnement de leur parti ? Des voix dissidentes commencent à se faire entendre. Ainsi, Christiane Cauet, conseillère générale de la Loire, et Michèle Valladon, conseillère régionale d’Île-de-France, viennent de quitter le PS pour rejoindre le Parti de Gauche. « Face à la droite, explique la première, il faut une gauche de combat. Face à la crise historique à laquelle ont conduit les politiques libérales, il faut une gauche audacieuse proposant au pays des ruptures avec la logique destructrice du capitalisme. »
« Unitaire à moi tout seul »
Quant au NPA, il s’obstine dans la surenchère sectaire. Refusant toute fusion au deuxième tour entre listes de gauche, il fait cavalier seul quitte à donner le change en agitant grotesquement la bannière de l’unité. Pourtant, un Front de Gauche renforcé par sa présence et par celle d’autres formations anti-libérales aurait un incontestable impact électoral. Mais en renouant avec la politique de division qui fut la sienne aux élections européennes de juin dernier, le « parti d’Olivier » rend, quoi qu’il en dise, un fier service à la rue de Solférino.
Est-il trop tard pour parvenir à un accord ? Peut-être pas, car au sein même du NPA la ligne Besancenot se heurte à des critiques. Celles d’Omar Slaouti par exemple, qui fut tête de liste en Île-de-France pour les européennes, ou encore celles de Leïla Chaïbi, animatrice du collectif « l’Appel et la pioche ».
L’orientation pour les régionales doit être claire : pas d’alliance avec le Modem, fusion des listes de gauche au deuxième tour, pour faire des régions les bastions de la résistance à la politique de Sarkozy, à commencer par sa réforme territoriale.
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