CHILI : l’ampleur du gâchis que la ligne démocrate du PS chilien a provoqué

jeudi 17 décembre 2009.
 

Je lis les résultats ce matin du premier tour de l’élection présidentielle au Chili.

J’ai la gorge serrée en constatant l’ampleur du gâchis que la ligne démocrate du PS chilien a provoqué. La gauche en miettes, pulvérisée et humiliée par la victoire annoncée du candidat de droite. Pourvu que cela serve de leçon !

« A l’heure où ces lignes sont écrites (quelques modifications des résultats sont encore possibles à la marge), la droite ultralibérale, héritière des années Pinochet est largement en tête au soir du premier tour de l’élection présidentielle. Son candidat, Sébastian Pinera, a obtenu 44,03 % des voix. Les sommes financières injectées dans la campagne sont colossales. La photo de ce personnage est partout sur les murs des villes. Il faut savoir que cet homme est l’un des plus riches du pays. Il est par exemple actionnaire majoritaire de la compagnie aérienne nationale Lanchile, propriétaire d’une chaîne de Télévision, d’un club de football (le Colo-Colo en tête du championnat), etc. Il a établi principalement sa fortune sous la dictature militaire, puis en introduisant dans le pays les cartes de crédit organisant ainsi le surendettement de millions de chilien. Le Ministre des finances du sinistre Pinochet se nommait alors… José Pinera, frère de Sébastian. La famille, cela aide parfois dans les affaires. Ce dernier peut donc être comparé à une sorte de « Berlusconi chilien » les scandales de mœurs en moins.

Mais en vérité, la force de cette droite repose essentiellement sur la faiblesse du Parti socialiste, et autres forces sociales-libérales qui, depuis 20 ans date du retour de la démocratie, ont fait le choix de s’unir dans une coalition, la Concertacion, avec la Démocratie Chrétienne (DC). Depuis deux décennies, cette coalition dirige de façon ininterrompue le pays. Malgré quelques mesures en direction des plus défavorisés, les inégalités sociales sont aujourd’hui plus fortes que jamais, alors que le pays s’est considérablement enrichi. Hier, le candidat de la Concertacion, le Démocrate-Chrétien Eduardo Frei (ancien Président de 1994 à 2000) soutenu par le PS, réalise le très mauvais score de 29,62 %. Avec près de 15 % de voix perdues par rapport à 2005, c’est la démonstration du décrochage électoral puissant qui frappe cette alliance PS et DC.

Le jeune député, élu initialement comme socialiste, Marco Enriquez-Ominami, après avoir essayé d’être le candidat de la Concertacion, avait décidé de se présenter ensuite comme candidat indépendant. Fortement aidé par les principaux médias, tous entre les mains de patrons liés à la droite, il aura mené une campagne « au dessus des clivages traditionnels » rassemblant des gens de droite et de gauche. Il obtient un prometteur 20, 12 %, mais qu’il aura du mal à faire fructifierà l’avenir. Déjà, au soir du premier tour, il ne donne aucune consigne de vote pour le second « par respect pour son électorat ».

La gauche sociale et sans ambiguïté s’est retrouvée pour l’essentiel derrière la candidature de Jorge Arrate. Il obtient 6,21 % des suffrages malgré une campagne difficile menée avec peu de moyens financiers. Ancien Président du PS, et Ministre du gouvernement Allende en 1972, il a été soutenu par une large coalition nommée Juntos Podemos Mas dans laquelle se retrouve une dizaine d’organisations dont le Parti Communiste. Le PC Chilien peut se réjouir des effets de ce « Front de Gauche ». Pour la première fois depuis le retour de la démocratie, il y a 20 ans, les communistes obtiennent 3 députés à l’Assemblée nationale. C’est une belle percée à mettre au profit de la campagne menée en commun autour de Jorge Arrate.

Au soir du premier tour, Jorge Arrate a appelé tous ses soutiens à rester « Juntos » (c’est-à-dire : Ensemble). Il se dit prêt à tout faire pour battre Pinera en appelant à voter Frei, mais demande une rencontre politique, car il ne veut plus donner « de chèque en blanc pour la Concertacion ». Le second tour ayant lieu le 17 janvier, les jours qui viennent vont être décisifs. Quoiqu’il arrive à partir de demain, une nouvelle page de la gauche chilienne va s’écrire. Les forces regroupées (PC, Nueva Izquierda, PAIZ…) dans la campagne de Jorge Arrate y joueront un rôle décisif. »


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