Le président PRG et élu de gauche sur Montauban passe à l’UMP dont il prend la tête de liste pour les régionales en Tarn et Garonne

lundi 28 décembre 2009.
 

Quarante-huit heures à peine après sa démission du PRG, Thierry Deville, élu conseiller municipal de gauche en 2008, est propulsé chef de file départemental de l’UMP pour les régionales par Brigitte Barèges, députée-maire de Montauban et tête liste de droite pour Midi-Pyrénées.

A l’occasion d’une conférence de presse donnée jeudi 17 décembre à Montauban, Thierry Deville a précisé que son choix était dicté par la « cohérence, la modernité et le projet ». La « cohérence » par sa proximité avec les Radicaux valoisiens de Jean-Louis Borloo et la distance avec le Front de gauche, allié de M. Malvy ; la « modernité » parce qu’il s’agit de faire bouger les lignes ; le « projet » parce que le plan de relance de l’économie régionale proposé par Brigitte Barèges lui paraît seul en mesure d’affronter les difficultés liées à l’actuelle crise économique qui frappe des entreprises régionales comme Molex ou Bouyer. Concernant cette dernière entreprise touchée par un plan social, Thierry Deville s’est d’ailleurs dit frappé, comme avocat de l’intersyndicale, par l’inertie de M. Malvy dans ce dossier.

Article La Dépêche du Midi

Comme prévu depuis la nomination par Brigitte Barèges de Thierry Deville en tête de la liste départementale UMP aux Régionales, en lieu et place de Valérie Rabassa pourtant officiellement investie et déjà en campagne, la dernière séance de l’année du conseil municipal s’est déroulée dans une ambiance très tendue hier soir.

Comment pouvait-il en être autrement ? Thierry Deville est désormais rejeté par l’ensemble de la gauche qui se sent trahie. « Nous avons été sidérés mais aussi vraiment attristés d’apprendre par la presse le ralliement brutal à l’UMP de celui qui était, il y a quelques jours encore, notre président du cercle radical de Montauban, et il y a quelques semaines à peine, candidat devant nos instances pour être tête de liste PRG/PS contre la liste…UMP » a avancé Dominique Salomon, conseillère PRG. « Ce revirement est vécu par les militants et les sympathisants radicaux de gauche comme une trahison… Trahison d’un ami qui a partagé tant de combats politiques avec nous et dont le dernier fut pour la reconquête de Montauban… Trahison des valeurs qui sont le fondement du radicalisme. Et même si la politique conduit parfois à des choix difficiles, elle ne doit jamais s’affranchir d’une certaine éthique ».

« un hold-up… électoral »

Alors que de nombreux militants de gauche scandaient « Deville dehors ! » dans les couloirs, Dominique Salomon enfonça le clou. « Nous réclamons la démission de Thierry Deville de ses fonctions de conseiller municipal. Il ne peut pas nous voler ce qui nous appartient : il a été élu sur la liste d’Union de la gauche comme radical de gauche.

Il est désormais dans la majorité UMP ! S’il refusait de rendre son siège en l’offrant de facto à l’UMP, ce serait non seulement un hold-up électoral mais une trahison supplémentaire. »

Chaque intervention des membres de l’opposition apporta d’autres arguments pour toujours une même conclusion : la démission. En vain. « Je suis désormais société civile indépendante » a tenté d’expliquer Thierry Deville, hué pour cet aveu, conspué en se déclarant candidat à la communauté d’agglomération (élu), foudroyé par la colère populaire sans que jamais, exceptée Brigitte Barèges, un élu de la majorité vienne à son secours.

Seuls les observateurs se souviendront que son premier geste officiel dans le camp UMP a été de s’abstenir sur la gestion de l’eau par Véolia qu’il avait, en son temps, âprement combattu.

L’élu PRG à la mairie de Montauban devient chef de file départemental pour l’UMP Article de L’Humanité

Le transfuge n’a pas supporté de se voir refuser l’investiture PRG pour conduire la liste PS-PRG dans le département. Celui que Brigitte Barèges avait traité de « crétin » un soir d’élection en 2008 est subitement devenu, à ses yeux, « un homme de conviction, pragmatique et habité par un sens aigu de la chose publique ». Pas moins. L’ensemble des élus de gauche exigent sa démission du conseil municipal. Nombreuses sont les réactions des Montalbanais qui qualifient de lamentables cette trahison et les méthodes de débauchage pour des calculs politiciens à la petite semaine de Brigitte Barèges, également membre du bureau politique de l’UMP.

Les élus de Montauban citoyenne (PCF, PG, syndicalistes, associatifs), composante du Front de gauche, considèrent que « les défections ne seraient pas possibles, nationalement comme localement, si toute une partie de la gauche française n’avait pas rejoint la pensée unique du capitalisme ». À force, ajoutent-ils, de renoncer à lutter pour un autre modèle économique au service de l’homme, « les lignes politiques entre la droite et une certaine gauche sont devenues très floues ».

Alain Raynal


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message