Démantèlement des services publics, salaires, suppressions de postes mobilisent les services publics.

jeudi 21 janvier 2010.
 

1) Reportage à la direction interdépartementale des routes en Haute-Normandie, en grève jeudi contre la casse des missions les moins rentables

2) Les cheminots manifesteront jeudi 21 janvier

3) Mobilisation dans tous les secteurs

4) Ensemble dans l’action en janvier ! Appel intersyndical à la grève dans la fonction publique ce 21 janvier

1) Reportage à la direction interdépartementale des routes en Haute-Normandie, en grève jeudi contre la casse des missions les moins rentables

« Comme bon nombre de salariés du public, je suis en grève aujourd’hui, car je n’en peux plus », lâche fatigué, Didier Lecanu, agent de la direction interdépartementale des routes (DIR) du secteur Nord-Ouest du territoire français, qui a succédé à l’ancienne direction départementale de l’équipement (DDE). Et des griefs, cet agent, également secrétaire de la section départementale CGT des personnels des réseaux et des infrastructures, en a à revendre. « C’est de pire en pire. On voudrait nous vider de notre savoir-faire qu’on ne s’y prendrait pas mieux », peste le syndicaliste, qui critique ouvertement les conséquences des différentes lois de décentralisation qui se sont succédé jusqu’à présent. « Désormais les routes départementales et certaines nationales sont gérées directement par les conseils généraux, qui ont leurs propres agents d’intervention. Et pour ne rien arranger, l’État, dont nous dépendons (la DIR dépend du ministère de l’Environnement ‚ NDLR), confie bon nombre de nos missions à des sociétés privées, et nous laisse ce qui ne rapporte pas, c’est-à-dire l’entretien des aires de repos, la protection des chantiers, l’intervention sur des pannes, des accidents, la signalisation, le fauchage », s’irrite-t-il. Et d’ajouter d’emblée, « que le ministère ose parler de notre réseau d’entretien comme d’un réseau d’excellence, c’est se moquer des usagers ».

Pour l’homme, c’est le service public de l’entretien des routes qui fond comme neige au soleil. « Et justement là, au moment des fortes intempéries de neige, on nous a demandé d’être performants pour dégager au plus vite les routes et les sécuriser », affirme-t-il d’un ton qui en dit long sur son ras-le-bol et son état de découragement. « Je n’en peux plus », lâche-t-il. « J’ai cinquante-huit ans et j’ai décidé de prendre ma retraite à la fin de l’année, alors que je pourrais aller jusqu’à soixante ans, mais je n’en peux plus », répète-t-il plusieurs fois. « Je fais ce métier depuis 1976 et la situation n’a jamais été pire qu’aujourd’hui, au point de me dire que, si c’était à refaire, je ne recommencerais pas à cause des conditions de travail qui sont les nôtres maintenant. » Didier Lecanu précise ses propos. « Dans mon équipe on est passés de quinze à six agents en trente ans. Nos effectifs sont en baisse constante. La qualité s’en ressent, s’emporte-t-il. Alors, surtout au moment des intempéries comme celles qu’on vient de connaître, la direction n’hésite pas à rappeler les gars sur leurs congés, leurs repos, y compris ceux qui viennent de faire des astreintes. »

On pourrait alors penser que les salaires sont au moins à la hauteur des exigences. « Pas du tout », s’insurge Didier Lecanu, qui manifeste aujourd’hui aussi pour dénoncer la perte de pouvoir d’achat. Fonctionnaire d’État, après trente-quatre ans d’ancienneté, il perçoit 1 806 euros brut par mois (et 1 200 euros brut à la retraite) et les différentes primes n’ont pas été réévaluées depuis au moins trois ans. Pas cher payé pour un métier qui requiert une disponibilité vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. « Et les nouveaux débutent au smic », ajoute-t-il. Il espère donc que tous ses collègues cesseront le travail pour exprimer leur colère mais aussi leurs revendications nombreuses en termes de salaire et de statut. Pour le syndicaliste, son métier est d’ailleurs sur ce dernier point à un tournant majeur. Le risque est en effet grand que les agents de la DIR soient, dans un avenir proche, amenés à travailler en détachement, pour des sociétés privées concurrentes et qu’ils soient dans l’obligation, au bout d’un certain temps, de choisir entre le secteur public et le privé.

Et la goutte d’eau pour Didier Lecanu est l’attitude de certains usagers de la route, pour lesquels il a le sentiment pourtant de travailler. « On a parfois des réflexions désagréables quand on est arrêtés en bordure de route. Certains nous klaxonnent, nous traitent de fainéants. Les routiers sympas ne le sont pas toujours. Ils nous jettent des papiers, des cartons, alors que nous sommes en train de nettoyer les voies. Tous ces gens sont pourtant contents de nous trouver quand ils sont dans le besoin. »

Á défaut de faire évoluer les mentalités sur son travail, il espère au moins faire entendre les revendications de son secteur et de son syndicat, qu’il portera fièrement. Son esprit syndicaliste est, lui, resté intact.

Frédéric SEAUX

Source : L’Humanité

2) Les cheminots manifesteront jeudi 21 janvier

Les principaux syndicats de la SNCF (CGT, CFDT, Sud et UNSA) appellent les cheminots à défiler jeudi aux côtés des fonctionnaires contre la "politique de démantèlement de la fonction publique et des services publics". Aucune grève nationale n’est toutefois prévue ce jour-là à la SNCF.

"Cette politique est aggravée par les attaques contre les statuts, l’emploi, le pouvoir d’achat avec la mise en concurrence des agents. Les effets de toutes les réorganisations engagées ont des conséquences néfastes sur les conditions de travail des personnels et sur la qualité du service public rendu à la population", estiment les quatre fédérations dans un communiqué commun diffusé aujourd’hui.

"L’entreprise publique SNCF, les cheminots, ne sont pas épargnés face à cette politique destructrice du gouvernement et de l’Union européenne", ajoutent-elles.

Les quatre syndicats de cheminots "appellent (...) à participer nombreux aux manifestations prévues le 21 janvier dans les territoires, en convergence avec les agents des collectivités territoriales, des hôpitaux et de l’éducation nationale".

3) Mobilisation dans tous les secteurs

La journée d’actions et de grèves des fonctionnaires contre les suppressions de postes et les réformes de l’Etat en cours, provoquera jeudi 21 janvier des perturbations dans l’enseignement, les hôpitaux, à l’équipement ou dans les services des collectivités locales, selon les syndicats.

Environ cinq millions de fonctionnaires sont appelés à une grève nationale par la CGT, Solidaires et la FSU, la CFDT et l’Unsa ne se joignant à eux que dans l’enseignement et l’Equipement.

Environ 120 manifestations sont organisées, le plus souvent le matin en province, dont trois grandes à Paris, Lille et Toulouse, a déclaré Jean-Marc Canon, secrétaire général des fonctionnaires CGT.

Le pouvoir d’achat des fonctionnaires a perdu 8% en dix ans et sur l’emploi, le gouvernement refuse de négocier, a dit M. Canon.

Fonction publique territoriale et RGPP

La fonction publique territoriale sera mobilisée contre les projets visant à limiter les recrutements des communes à des personnes sans statut de fonctionnaire, vulnérables aux pressions des élus, a souligné la CGT. Les réformes en cours, qui verront les DDE, DDASS et autres services départementaux de l’Etat regroupés partout en deux ou trois grandes directions inquiètent tout particulièrement à l’Equipement et à la Répression des fraudes. A Pôle Emploi, les agents franciliens sont appelés à la grève.

Education Nationale et SMA

Les appels à la grève seront nombreux dans l’éducation, avec même un préavis national de la CFDT pour le privé. Dans le primaire public, près de 20% des enseignants (selon le ministère) et 33% (selon la FSU) entendent faire grève.

Dans un communiqué, le syndicat prévoit des grèves fortes dans les Alpes-Maritimes (62 %), en Lozère et Pyrénées-Atlantiques (60 % dans ces deux départements), dans la Creuse, la Meurthe-et-Moselle, le Tarn, la Loire-Atlantique, la Nièvre ou les Yvelines (50 % dans chacun de ces départements).

Les estimations émanant des 54 départements représentent 58 % de la profession, précise le SNUipp.

Le ministre de l’Education Luc Chatel a affirmé que moins de 20 % des enseignants des écoles devraient être en grève, sur la base des déclarations préalables de grève rendues obligatoires par la loi sur le service minimum d’accueil.

Lors de la précédente journée de grève dans le primaire, le 24 novembre 2009, M. Chatel avait annoncé la veille que 20 % des enseignants des écoles s’étaient déclarés en grève. Le ministère avait établi le jour même un taux de 13,39 % de grévistes. Le SNUipp-FSU en avait alors prévu 31 %.

Fonction publique hospitalière

De son côté, la fonction publique hospitalière va s’exprimer alors que les pétitions contre les suppressions de postes se multiplient, que des hôpitaux, ont connu de longues grèves et qu’une manifestation est prévue le 26 janvier contre la création d’un ordre infirmier, selon M. Canon.

Source : Gazette des communes

4) Ensemble dans l’action en janvier ! Appel intersyndical à la grève dans la fonction publique ce 21 janvier

Le Gouvernement continue à s’attaquer frontalement à la Fonction publique et aux services publics.

Le Président de la République revendique clairement cette politique qui a amené à supprimer plus de 100 000 emplois dans la fonction publique d’Etat depuis 2007.

Cette politique est aggravée par les attaques contre le statut, l’individualisation des rémunérations et la mise en concurrence des agents, les effets de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) et de la Réorganisation administrative territoriale de l’Etat (RéATE) qui ont des conséquences néfastes sur les conditions de travail des personnels et sur la qualité du service public rendu à la population.

L’Éducation nationale, déjà mise à mal par une saignée sans précédent de ses effectifs, l’Enseignement Supérieur et la Recherche, sont frappés de plein fouet par des réformes plus régressives les unes que les autres.

L’hôpital public, asphyxié par une pénurie gravissime d’emplois et une recherche de rentabilité à tous crins, est en danger.

Le Gouvernement fait pression sur les collectivités territoriales pour qu’elles appliquent scrupuleusement le même dynamitage de la fonction publique. De plus, le projet de loi sur les collectivités territoriales constitue un recul démocratique important.

Face à la politique destructrice du Gouvernement, les personnels organisent la résistance. Depuis des mois, les mobilisations se succèdent (agents territoriaux, hôpitaux publics, la Poste 18 mois de lutte, l’éducation, la culture, l’ONF, la DGCCRF, les finances publiques, l’équipement...) que nous soutenons totalement.

Alors que, pour répondre aux exigences de la situation sociale, le rôle de la fonction publique et des services publics n’a jamais été aussi important, il est urgent notamment :

* de créer les emplois nécessaires et de donner les moyens aux services publics de répondre aux besoins croissants de la population partout sur le territoire ;

* de revenir sur les suppressions au budget 2010 et pourvoir aux remplacements des départs en retraite ;

* d’assurer le maintien et la progression du pouvoir d’achat de tous les personnels par l’augmentation du point d’indice et une reconstruction de la grille ;

* de revenir sur toutes les réformes régressives ;

* d’abroger la loi dite de " mobilité " ;

* de prendre des mesures pour combattre la précarité.

Sur ces revendications, nous appelons à débattre et à agir dès la semaine du 11 janvier pour permettre de faire converger les mobilisations et de construire un temps fort de grèves et de manifestations le 21 janvier 2010

Nos organisations conçoivent cette période d’action comme s’inscrivant dans le processus nécessaire et inscrit dans la durée permettant la convergence des luttes les plus larges et les plus unitaires, avec l’ensemble de la population et des acteurs attachés aux services publics et à la Fonction publique, et l’aboutissement de nos revendications.

Paris le 23 décembre 2009

CGT- FSU-Solidaires


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