De Django Reinhardt au Carmen de Bizet, les gitans ensoleillent notre culture

dimanche 12 septembre 2010.
 

Depuis fin juillet, on s’acharne, on vitupère, on stigmatise, on désigne du doigt les fauteurs de désordre et les voleurs de poules. Si, comme on vous le dit, les voleurs de poules. Y en a pas par chez vous ? Petits veinards ! Nous, par ici, et même dans mon village, qu’il n’est vraiment pas bien grand, on en a. J’en ai vu plein me passer devant le pupitre du temps joli que je m’éclatais dans le collège du patelin. Ni plus, ni moins graves que beaucoup d’autres. Plutôt moins d’ailleurs, en général, vu qu’à la maison, on avait dû leur expliquer qu’ils avaient tout intérêt à se faire tout petits, vu que certains noms sont mal portés dans nos contrées. Des noms qu’on entend aussi ailleurs, et même dans des endroits qu’on n’y croirait pas…

Tout ça pour vous dire que ces jours-ci, la conscience en éveil, on ne pouvait pas s’empêcher le raccourci. Centenaire, on a dit. Centenaire d’un musicien de génie, d’un gars qui avait bien failli laisser son talent et sa vie dans l’incendie de sa roulotte. Vous voyez ? Oui, Django. C’est ça. Gitan, et pur jus, même. On va me répondre, oui mais c’était Django. Rien à voir avec les voleurs de poules, hein… Si, justement, tout à voir. Tout pareil, roulotte, moustaches qui frisent et ce petit je ne sais quoi qui rend la vie plus belle, rien qu’à l’oreille. C’est là que je me cogne durement aux évidences, et que je me cogne aussi durement aux paradoxes. Faisons bref : dans notre beau pays depuis quelques années, si tu veux faire carrière et que tes doigts sont équipés d’un minimum de célérité, faut pas chercher bien loin : guitariste, tu prends comme orientation. Et pour être sûr que ça va marcher mieux que bien, tu prends, en plus, option jazz-manouche. Oui, c’est comme ça qu’il faut dire. Parole, ça te garantit une carrière aux petits oignons, que même les fils de… s’y sont mis, avec costard blanc et le toutim.

Pour continuer en musique, quel est l’opéra le plus joué, le plus aimé, le plus connu de tous, avec des airs qu’on siffle même si on n’a jamais entendu parler de Bizet ? Carmen, pardi. Et Carmen, elle ne serait pas un peu bohémienne, des fois ? Et les bons petits Français, ceux-là même qui approuvent à 60 % le discours de Grenoble (non, pas celui du 29 août, celui du 30 juillet !), que croyez-vous donc qu’ils font lorsque leur bagnole les amène en Espagne en vacances ? Ils vont applaudir le flamenco, tiens donc… La gitanerie, faut que ça soit folklorique, ou alors ça passe mal. Les Saintes-Maries-de-la-Mer, les Gipsy King, à la rigueur les gens de cirque. Mais s’ils se contentent de voyager pour vendre des matelas, ça ne va plus du tout ! Alors, allez-vous me dire, quel rapport avec ce qui va nous jeter dans les rues samedi, pouvez me dire ? Pas grand-chose, juste une petite question qui se balade dans la tête. Les Gitans ne seraient-ils fréquentables que pour peu qu’ils fassent de la musique ? À ce compte-là, on va dire que c’est tout pareil pour les Hongrois, on ne les garde que s’ils jouent correctement du violon et le czardas, pendant qu’on y est. On en connaît au moins un qui va se mettre à réviser ses cahiers de solfège !

Bon, ceci posé, on vit tout de même une époque formidable, et les profs d’histoire vont avoir des exemples criants de vérité à faire analyser à leurs chers petits, dans la série l’histoire repasse les plats… Les brigands de tout là-haut, ils feraient bien de se méfier quand même, en chacun de nous, il y a un Fra Diavolo qui sommeille, non ?

brigitte blang

2) Inauguration d’une Place Django Reinhardt à Paris (aujourd’hui 23 janvier 2010)

Vu la qualité de l’article ci-dessus, rédigé par Brigitte, j’ai préféré supprimer le mien sauf l’introduction

Ce 23 janvier 2010, à l’occasion du centenaire de sa naissance, Django Reinhardt, guitariste exceptionnel, a enfin droit à une reconnaissance à la hauteur de son talent.

Dans le 18e arrondissement de Paris une place est baptisée de son nom. Elle se trouve au coin de l’avenue de la porte de Clignancourt et de la rue Binet, non loin de l’endroit où le jazzman a longtemps installé sa caravane.

A Lyon, quartier de la Croix-Rousse, s’ouvre un festival de jazz manouche.

A Samois-Sur-Seine une statue sera été bientôt réalisée et inaugurée lors du 31e Festival de Jazz Django Reinhardt en présence de Tony Gatlif, Thierry Bonnefille et David Reinhardt.


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