Manifeste pour une société sans prostitution (par Mouvement du Nid)

jeudi 22 janvier 2009.
 

Au moment où la société marchande parvient à recycler l’exploitation sexuelle d’autrui en simple "loisir", nous lançons un appel à la résistance.

Le Mouvement du Nid refuse la prostitution comme il refuse la misère, l’exclusion, l’esclavage, la torture, la traite, qui en sont inséparables. Il appelle à un engagement politique, social et culturel, un front de refus face à l’ensemble du système prostitutionnel. Ni "mal nécessaire", ni "fatalité", ni "métier", lieu de prédilection de la violence, du sexisme et du racisme, la prostitution est un archaïsme au cœur de nos sociétés. Un constat

- La prostitution transforme en marchandises des millions d’êtres humains, femmes, hommes, enfants, transgenres, en France et dans le monde.

- La traite en vue de la prostitution explose sur l’ensemble de la planète pour répondre aux prétendus "besoins irrépressibles" des clients prostitueurs.

- Le corps des femmes demeure un lieu de défoulement, un "repos du guerrier" lors de manifestations à travers le monde (sportives, militaires, professionnelles, politiques, touristiques...). Un appel

- Au moment où la société marchande parvient à recycler l’exploitation sexuelle d’autrui en simple "loisir", nous lançons un appel à la vigilance. Refusons la marchandisation de tout être humain !

- Gardons l’optimisme et les valeurs de la déclaration des Droits de l’Homme : entrons en résistance contre la dictature de la société marchande ! Des exigences pour une politique cohérente, ici et maintenant

- La suppression du délit de racolage qui pénalise les personnes prostituées.

- L’inclusion dans le droit du principe de la responsabilité des clients prostitueurs et la mise en place de sanctions éducatives à leur égard.

- L’application réelle de la loi sur la répression du proxénétisme et la fin des complaisances pour ses nouvelles formes moins visibles (salon de massage, bars à hôtesses, internet, petites annonces...).

- La mise en œuvre dans les programmes scolaires d’une véritable politique d’égalité entre filles et garçons et d’une éducation à la sexualité fondée sur la notion de désir partagé et de respect de l’autre.

- La mise en place d’une politique réelle de prévention du risque prostitutionnel en direction de tout public.

- La proposition d’alternatives crédibles et solides à la prostitution et des moyens pour favoriser les démarches de réinsertion.

2) Pour un front de refus de la prostitution

Par Bernard Lemettre, président du Mouvement du Nid

http://www.mouvementdunid.org

Comment lutter contre les violences faites aux femmes ?

Après Christine Boutin (et il y a quelques années Françoise de Panafieu), c’est au tour de Chantal Brunel, députée UMP, vice-présidente de la commission spéciale chargée de… la prévention et la répression des violences faites aux femmes de proposer dans son livre Pour en finir avec les violences faites aux femmes d’envisager la réouverture de maisons closes.

Empêtrés dans une gestion répressive et inefficace de la prostitution, les député(e)s de droite peuvent toujours compter sur le miroir aux alouettes de la « réouverture des maisons closes » lorsque font défaut l’imagination ou le courage politique.

Quand donc les femmes et les hommes politiques écouteront les associations qui depuis des décennies font des propositions concrètes pour une ambitieuse politique publique du traitement de la prostitution en France  ?

Pourtant, comment ne pas adhérer au titre du livre de Mme Brunel, Pour en finir avec les violences faites aux femmes  ? Comment ne pas lui emboîter le pas lorsqu’elle dénonce, en matière de prostitution, la loi de sécurité intérieure qui démontre son échec dans la lutte contre les trafiquants, pourtant invoquée pour justifier la répression des personnes prostituées pour racolage  ? En revanche, comment imaginer qu’une députée soucieuse de combattre les violences ne trouve rien de mieux que de pousser les femmes dans les bordels, même « minutieusement contrôlés » (le Monde, 28 janvier 2010). Le Mouvement du Nid-France avait pourtant connu un instant d’espoir en entendant la députée vanter le succès de la politique suédoise en la matière. Allait-elle prôner une politique globale et ambitieuse de lutte contre l’ensemble des violences faites aux femmes, sur l’exemple suédois  ? Une politique fondée sur l’égalité hommes-femmes qui compte le client prostitueur au nombre des responsables de ces violences et pose une norme éthique novatrice interdisant l’achat de « services sexuels »  ? Que non. Frileusement, elle préfère se replier sur la « solution » la plus éculée  : rouvrir des « maisons closes ».

À l’heure où le bilan honteux des Pays-Bas dit assez à quel point ces établissements ne font que booster l’activité des trafiquants et encourager les « clients » à consommer des femmes comme des pizzas, pour le Mouvement du Nid- France, il n’existe pourtant qu’une « solution »  : en finir avec les bordels. L’immense majorité des personnes prostituées refusent d’ailleurs plus que tout le retour des maisons closes, dont elles connaissent trop la logique carcérale. En attendant d’acheter un minicar pour emmener Mme Brunel, avec Mme Boutin (que nous avons conviée il y a peu) et tout autre député(e) qui persisterait à radoter, pour visiter les bordels belges, suisses, allemands ou néerlandais, tous minutieusement contrôlés, nous les invitons à rejoindre le Mouvement du Nid-France et treize autres associations, le 11 février, à l’Assemblée nationale, lors du colloque bilan sur les « Politiques publiques de la France en matière de prostitution ». Un front de refus du système prostitutionnel, constitué de personnalités de tous horizons, interpellera les élus de la République et les partis politiques afin de les engager à une véritable alternative politique, capable de préserver la sexualité de toute violence et de toute contrainte, y compris économique.

Un pas de plus pour en finir avec les violences faites aux femmes (grande cause nationale 2010), et notamment avec la prostitution, cette survivance archaïque au cœur de la démocratie.


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