Janvier 2010 : décès d’Alexandre Hébert, dirigeant historique lambertiste et personnage controversé

dimanche 29 juin 2014.
 

Alexandre Hébert (né en 1921 et mort en janvier 2010) était un syndicaliste de Force ouvrière, proche de Pierre Lambert, libre-penseur, rationaliste français. Fils d’un syndicaliste CGT à sympathie communiste mais ayant volontairement quitté le PCF, il devint secrétaire général de l’Union Départementale de Loire-Atlantique de la CGT-FO de 1947 à 1992. Il fut également éditeur de L’Anarcho-syndicaliste, journal nantais d’expression libertaire, avec sa compagne Maïté.

Alexandre Hébert « rentre en politique » dès son plus jeune âge, diffusant les photos des kolkhoziennes en fleur des publications de l’association France-URSS. Il rompt cependant avec le stalinisme dès les premiers procès de Moscou. Il intègre alors les jeunesses de la SFIO où il milite avec les pivertistes de la Gauche révolutionnaire (y faisant adhérer son ami d’alors Robert Hersant) et se retrouve dirigeant fédéral des JS à 15 ans.

Cet apprentissage politique, sur un fond de Front populaire, de guerre d’Espagne et de développement de la « logique de guerre », l’amène à l’anarchisme auquel il restera fidèle. Il entre alors aux chemins de fer à Sotteville-lès-Rouen, CAP de serrurier en poche, et adhère à la CGT. Il prend rapidement des responsabilités dans sa section mais dérange les dirigeants de cette centrale, surtout quand il dénonce le pacte germano-soviétique, et ce tant à Sotteville qu’à Nantes où il sera muté après la guerre.

Alexandre Hébert fut un des principaux artisans de la scission de la CGT en 1947. Il dirigera alors l’Union Départementale Loire-Atlantique de la Confédération Générale du Travail Force ouvrière pendant plus de quarante ans.

En 1960, Alexandre Hébert et Joachim Salamero sont à l’initiative d’une Union des Anarcho-Syndicalistes (UAS) à laquelle participent plusieurs militants très actifs de la Fédération anarchiste, Salamero étant alors responsable de son Bulletin interne. L’UAS cessera d’être en odeur de sainteté dans le mouvement libertaire en 1969, suite à des déclarations d’Alexandre Hébert comparant Daniel Cohn-Bendit à Hitler.

Dans un premier temps, les lambertistes de l’UAS, tels Salamero, prennent leurs distances avec Hébert. En 1970, sous la pression de jeunes recrues issues de mai 1968, une fusion entre l’UAS et l’Alliance syndicaliste (constituée de libertaires adhérents à différents syndicats réformistes) se produit. Marginalisés, des lambertistes quittent le navire et se mettent à publier un bulletin intitulé « Pour nous le combat continue ».

En 1975, l’UAS d’Alexandre Hébert renaît de ses cendres et, en 1996, cette organisation qui se prétend anarcho-syndicaliste adhère officiellement à l’Entente internationale des travailleurs (l’Internationale lambertiste). On retrouve parmi ses membres actifs Joachim Salamero, Joël Bonnemaison, etc.

À quelques jours de mai 1981, il a qualifié dans un éditorial de l’Ouest syndicaliste François Mitterrand de « pétainiste ». Il reconnaîtra toutefois en public, plus tard, pour le regretter, avoir voté Mitterrand au second tour dans l’espoir que ce dernier remettrait en cause les institutions de la Ve République.

En 1983, il participe de près à la victoire de Michel Chauty et du RPR aux élections municipales à Nantes.

En 1992, son fils Patrick Hébert lui succède comme Secrétaire de l’Union Départementale de Loire-Atlantique de la CGT-FO. Il est aussi membre du comité central du Parti des travailleurs.

En Octobre 1999 un article du Monde signé Christiane Chombeau affirme que Hébert avait eu pour bras droit à la tête de son union départementale un ami de Jean-Marie Le Pen, Joël Bonnemaison, responsable départemental du Front national dans les années 1970, puis membre du comité central de ce parti en 1976. Lors de son premier mariage ses témoins étaient Hébert et Le Pen. En 1999 le journal du FN Français d’abord publiait dans un numéro de septembre un entretien avec Alexandre Hébert.

Ses liens avec le Parti des travailleurs (France), ainsi que ses relations avec l’extrême-droite font qu’il est rejeté par l’ensemble du mouvement anarcho-syndicaliste organisé français (aussi bien la CNT que la CNT-AIT).


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