Parti de Gauche : de nouvelles références théoriques pour un nouveau monde ?

dimanche 21 novembre 2021.
 

A) Parti d’action : oui ! mais des références théoriques seront bientôt indispensables

En introduisant notre meeting national de lancement (29 novembre 2008), François Delapierre a justifié politiquement l’engagement de milliers de citoyens dans le Parti de Gauche « Ils ont le courage d’affronter la vieille rengaine de la résignation, du "ça ne changera jamais" et sa forme moderne, ce cynisme médiatique qui tente de ridiculiser ceux qui veulent changer le monde tout en flattant ceux qui n’ont d’autre montagne à gravir que les cimes indécentes de leur compte en banque. » Il a ensuite précisé « Beaucoup reste à faire, le Parti de Gauche ne fait que commencer. Nous n’avons pas encore réponse à tout. Sans doute commettons-nous même quelques erreurs. Mais face à la crise, face à la droite, face aux difficultés de la gauche nous n’attendons pas, nous ne nous lamentons pas, nous agissons... Nous voulons changer ce monde, rien de moins. »

Cette définition du Parti de Gauche comme une force d’action répondant au besoin immédiat d’affronter le monde des comptes en banque indécents et des institutions (dont médias) à leur service, me convient.

Ceci dit, pour un parti qui veut changer ce monde, si la question n’est effectivement pas d’avoir réponse à tout tous ensemble, une réflexion et un débat seront nécessaires à terme pour dégager des références communes, au moins :

- sur le type de parti que nous construisons et le rôle que nous lui donnons

- sur la compréhension du monde capitaliste actuel pour justifier que nous voulions le remplacer par un autre

- sur notre stratégie politique dans le contexte français de la période

- sur la société vers laquelle nous souhaitons avancer à horizon identifiable

- sur les grands enjeux internationaux actuels (protection de l’environnement, Union européenne, OTAN et atlantisme, révolution bolivarienne, Irak, Sahara occidental, Palestine...)

- sur le bilan des courants politiques (social-démocratie, 3ème internationale, trotskisme...) et réalités historiques (révolutions russes, chinoises...) qui ont déjà tenté de "changer le monde" et n’y ont pas réussi puisque nous créons un autre parti

- sur notre rapport aux marxismes (étant entendu que nous ne pourrons élaborer de références théoriques indépendamment d’une démarche critique vis à vis de ceux-ci vu que retrouverons les mêmes questionnements)

- sur les fondements de notre conception du monde (émancipation individuelle et intérêt général, mouvement social, démocratie et rôle de l’Etat, emploi et écologie, nation et internationalisme...)

C) Quelques pistes pour une pensée adaptée à ce nouveau monde en gestation

Les pensées enfermées dans le passé n’éclaireront pas l’avenir

- > Les intégristes catholiques, islamistes, juifs (et autres) continuent à privilégier la seule métaphysique d’un monde fondé par Dieu, dépendant de Dieu, préparant la Cité de Dieu. Comme l’avait bien compris Feuerbach au 19ème siècle « Un peuple qui exclut le temps de sa métaphysique et divinise l’existence éternelle abstraite, isolée du temps, exclut aussi logiquement le temps de sa politique et divinise le principe de stabilité contraire au droit, à la raison et à l’histoire »

- > La pensée religieuse morale concrète, l’humanisme de la Renaissance, l’idéologie des Lumières au 18ème siècle ont contribué au progrès humain. Il est important de s’en revendiquer, d’en utiliser la portée politique révolutionnaire encore aujourd’hui. Cependant, il est tout aussi important d’en bien comprendre les limites. Ainsi, plusieurs dirigeants socialistes ont développé ces dernières années la nécessité "d’un retour aux Lumières" ; ils veulent seulement éviter la confrontation aux fondements du socialisme.

- > Robespierre représente un marqueur important dans l’histoire des combats émancipateurs. Cependant, n’ayant compris ni la nécessité de la pluralité politique et du champ démocratique pour qu’elle s’exprime, ni la logique déjà en cours de développement du capitalisme, il serait erroné de chercher dans ses discours un fondement pour les combats de demain. Le mouvement républicain ne retrouvera pas non plus sa fonction progressiste et unifiante de la fin du 19ème siècle.

- > Le communisme construit autour de l’URSS s’est effondré et n’a aucune chance de revenir en force dans le coeur des peuples.

B) Jean-Luc Mélenchon et la carte d’identité du Parti de Gauche

Dans son intervention lors du même meeting de lancement, Jean-Luc Mélenchon a proposé dès ses premières phrases une "carte d’identité sommaire" du Parti de Gauche fondée sur trois points :

« 1) Nous vous proposons une démarche militante : la fondation d’un parti creuset, outil de notre projet politique, le Parti de Gauche

2) Nous vous proposons un horizon politique, au delà du capitalisme : la République Sociale et le programme des transitions qui y conduisent

3) Nous vous proposons une stratégie à vocation majoritaire. C’est la stratégie du front de gauche. »

Je suis totalement d’accord. Aussi, je suis adhérent du Parti de Gauche, engagé dans sa construction et son action. Je me permettrai deux remarques. Premièrement, chacune de ces entrées ouvre en fait plusieurs débats très importants afin de ne pas seulement subir les évènements à venir. Deuxièmement, je comprends de limiter la carte d’identité actuelle du PG à ces trois points et non les huit présentés plus haut afin d’éviter des divisions incongrues sur telle ou telle virgule concernant tel débat vieux d’un siècle (j’ai connu cela durant les années avant et après 1968). ; cependant, la réalité nous imposera rapidement des choix qu’il vaudrait mieux comprendre comme des enjeux théoriques laissant place à réflexion plutôt que les trancher de fait en direction.

Dans l’immédiat, définir le PG comme un parti d’action centré sur ses objectifs politiques permet de dégager une place sur le champ politique, de recruter des militants et de contribuer à prouver qu’un autre monde est possible. Je me place donc dans ce cadre :

- > B1) Un parti creuset en réussite attire à lui des militants et des courants dont les cartes d’identité sont dissemblables et parfois divergentes. Il ne faut pas croire que l’existence de ces courants différents est seulement due à du sectarisme ; de véritables conceptions du monde différentes sous-tendent leur existence. Militer ensemble sera peut-être difficile dans certaines villes et départements lorsque certains cadres n’auront pas le recul et l’aptitude nécessaires pour construire du neuf. Je crains que les statuts actuels ne reconnaissant que d’une part des comités "souverains" à la base et d’autre part une direction nationale bien inexpérimentée ne contribuent à laisser place à ces crises locales ou départementales.

Le Parti de Gauche, un parti creuset pour ouvrir les portes de l’avenir Jacques Serieys

B2) La République sociale

Dans les clubs de la République Sociale (structures organisées de la Gauche Socialiste de 1994 à 2002) puis dans les groupes de l’Association Pour la République Sociale, nous avons fréquemment travaillé sur cet « horizon politique... et le programme des transitions qui y conduisent »

Manifeste Pour la République Sociale (2006)

B3) Le Front de Gauche

Déclaration de principes du Front de Gauche pour Changer d’Europe


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message