C’est un écart qui interpelle. Selon le sondage Ifop publié jeudi en exclusivité sur leJDD.fr, le Front de gauche (alliance du PCF et du Parti de gauche) recueillerait deux fois plus de voix que le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) d’Olivier Besancenot, lors des élections régionales de 2010 en Ile-de-France (7% contre 3,5%). Des chiffres qui correspondent certes peu ou prou au résultat des régionales de 2004, mais qui, cinq ans plus tard, se dégagent très tôt dans la campagne. "Ce sont des estimations qui sont tout à fait satisfaisantes" pour Marie George Buffet et Jean-Luc Mélenchon, relève d’ailleurs Frédéric Dabi, directeur du département politique à l’Ifop, à trois mois du scrutin, alors qu’au contraire, "la dynamique du NPA semble s’être arrêtée avec le scrutin européen". Pour rappel, en juin dernier, le Front de gauche avait récolté 6% des voix, contre 4,88% au NPA.

Cette situation résulterait de la différence de perception des deux mouvements radicaux dans l’esprit des électeurs. "Le Front de gauche est attractif car il est le symbole d’une alliance réussie entre deux partis, dans la lignée de l’union à gauche qui avait permis au ’non’ de l’emporter lors de la consultation sur le traité européen en 2005, décrypte Frédéric Dabi. En revanche, poursuit-il, le NPA est perçu dans cet élection comme le parti qui a refusé l’alliance à la gauche du PS. Pour l’instant, cela joue en sa défaveur." D’autant que ce cas de figure n’est pas propre au contexte francilien. "Dans toutes les régions que nous avons étudiées, explique encore Frédéric Dabi, le Front de gauche se situe toujours devant le NPA."

Pour ne rien arranger à ses affaires, le parti d’Olivier Besancenot peine à se mettre en ordre de bataille... Ce qui pourrait faire les affaires du Front de gauche en mars prochain.

Et au-delà ? Difficile de le prédire. En effet, si la mayonnaise semble avoir du mal à prendre du côté du NPA en vue des élections régionales, Olivier Besancenot, jouit toujours, à titre personnel, d’une bonne cote dans l’opinion. "Si l’élection présidentielle avait lieu aujourd’hui, il serait crédité de 8% des suffrages, contre 3% seulement pour Marie-George Buffet", révèle Frédéric Dabi. Jean-Luc Mélenchon est lui encore "trop neuf" pour être testé auprès des sondés, mais sa reconversion en dehors du Parti socialiste semble fonctionner. Selon le dernier baromètre Ifop publié par Paris Match, le probable chef de file du Front de gauche en Ile-de-France recueille 29% d’opinions favorables. Loin, certes, des 41% du médiatique Besancenot, mais, pour Frédéric Dabi, le tempétueux sénateur de l’Essonne surfe sur "une dynamique intéressante".

Nous avons choisi de mettre en ligne cet article du JDD de décembre 2009 car il nous paraît analyser plusieurs processus en cours sur le temps long.