Invitons les retraites dans les Régionales !

dimanche 28 février 2010.
 

Les Régions n’ont pas compétence sur les retraites. Mais à coup sûr, le résultat des élections régionales aura compétence pour créer un rapport de force dans le débat sur les retraites ! Ce n’est pas un hasard si le Gouvernement attend la fin de ces élections pour ouvrir ce dossier. Il sait que c’est impopulaire et ne voulait pas prendre un risque supplémentaire d’être sanctionné électoralement. Il sait que c’est impopulaire, alors il se donne aussi du temps. Du temps pour quoi ? Pour convaincre de la nécessité de réformer notre système en assénant contrevérités sur contrevérités à ce sujet.

Les arguments utilisés par la droite apparaissent de prime abord, si on ne s’y attarde pas trop, comme des évidences. Ils ne résistent pas à l’analyse plus fine, à l’examen plus sérieux. Je vous en livre ici quelques uns. Faites en bon usage.

Notre système de retraite est très endetté, il y a un trou de l’ordre de 5 milliards. Ouhla, c’est une somme, 5 milliards !!! Mais 5 milliards sur combien, au juste ? Quel est le pourcentage d’endettement du système de retraite ? 2,5 % ! Oui oui, 2,5%. C’est comme si on criait au scandale chaque fin de mois lorsque les Français ont un découvert de 2,5% de leurs salaires. Demandons à des travailleurs émargeant au Smic s’ils ne seraient pas satisfait de n’avoir que 25€ de découvert à la fin du mois.

D’accord, mais notre système de retraite est en danger, il ne sera plus financé en 2050. Quand ça, dîtes-vous ? En 2050. Malin, comme argument. Pour les salariés, la retraite c’est le futur, c’est demain, c’est plus tard, c’est après. Et 2050, c’est également le futur, demain, plus tard. Agitons un peu la peur du lendemain, ça peut faire son chemin. Disons le nettement : ce n’est pas sérieux, pour deux raisons. D’abord, parce que nos retraites d’aujourd’hui sont payées avec de l’argent d’aujourd’hui, et nos retraites de demain seront payées avec de l’argent de demain. Nous ne mettons pas aujourd’hui de l’argent de côté qui ressortira au moment du départ à la retraite. L’argent se conjugue au présent. La lumière très crue a été portée sur ce sujet lorsque des fonds de pension (ou retraites par capitalisation) se sont écroulés suite à de mauvais placements financiers. Ce sont les retraités d’aujourd’hui qui ont été pénalisés. Ils ont cotisé toutes leur vie, et ne reçoivent aujourd’hui plus rien.

L’autre argument est démographique. Le "baby-boom" arrive à la retraite, peu à peu. Ce qui fait beaucoup de personnes par rapport aux actifs. Mais la génération d’après ? Les naissances aujourd’hui sont importantes, nous connaissons une vraie dynamique dans la natalité nationale. C’est un cycle. Des excédents sont donc à prévoir dans quelques années, et ce bien avant 2050.

Pourquoi tout ça, alors ? Les retraites, c’est comme le reste. Comme la santé, l’eau, l’éducation. Comme auparavant l’énergie, les télécommunications, la poste. Ce sont des milliards qui échappent à la voracité des capitaux privés. Ce sont des bénéfices qui leur échappent. C’est insupportable pour Nicolas Sarkozy. Gageons que dans le "serment du Fouquet’s", comme le qualifie à juste titre François Delapierre, les responsables politiques de la droite et les grands capitalistes ont parlé du partage entre eux de ces gâteaux qui leur échappaient encore. Il s’agit simplement de dénigrer le système par répartition pour le remplacer par le système par capitalisation. Et ce au mépris des salariés, dont on se moque de savoir si enseigner au-delà de 60 ans est bon pour eux comme pour les élèves. On se moque de savoir si un pilote de ligne peut piloter, pour eux comme pour les passagers. On se moque des dépenses de santé supplémentaires qu’occasionnent une durée de travail plus longue, qui épuise, stresse, affaiblit. On se moque des salariés. Quand il y a du profit à faire, alors peu importe, tout y passe : la solidarité, les emplois, les services publics, les dépenses publiques, l’environnement. L’intérêt particulier des plus riches qui veulent être encore plus riches au détriment du plus grand nombre, de l’intérêt général de la communauté humaine doit toujours primer pour la droite.

Alors oui, les élections régionales sont aussi le moment de créer un rapport de force face aux projets gouvernementaux. C’est l’occasion de redonner du souffle à tous ceux qui luttent et résistent face aux projets libéraux. C’est l’occasion de donner une bonne gauche face à la droite. Ne la laissons pas passer, les 14 et 21 mars prochain, en votant pour les listes "Ensemble pour des Régions à gauche", impulsées par le Front de Gauche.


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