Fin de campagne de Lyon à Paris. Avec Elisa Martin et René Revol

vendredi 19 mars 2010.
 

Voici les dernières heures avant la trêve du silence qui précède le vote. Nous aurons passé la journée en manifestation à Paris. Hopital public, Education. Le jour est glacé. Les 3 derniers sondages nationaux publiés ce matin sont totalement contradictoires : Sofres dit qu’on baisse (5,5%), OpinionWay qu’on monte (à 7%) et CSA qu’on est stable (6 %). On restera là-dessus pour passer les heures de veille finale… Pour nous cependant c’est davantage qu’une élection régionale que celle-ci. Si le Front de gauche atteint ses objectifs, nous croyons que le futur de notre pays peut être changé. Cette ambition parait démesurée rapportée à un scrutin pour élire des assemblées territoriales. Mais elle dit une vérité qui nous tient lieu de viatique. Nous pensons que le pays va au devant de grands évènements et nous voulons qu’existe une autre voie pour y faire face que celle qui a prévalu jusqu’à ce jour en France et en Europe, a droite et à gauche. Il faut, pour cela, rencontrer avec succès l’avis des électeurs. Ce sera notre feuille de route pour la suite si chargée qui s’annonce.

DES OBJECTIFS PRECIS

Depuis le début de cette campagne nous avons nos objectifs bien clairs écrits au feutre rouge sur nos tablettes. D’abord nous-mêmes : un Parti de Gauche autonome et unitaire partout. C’est fait. Ensuite confirmer le Front de gauche. C’est fait dans dix sept régions sur vingt deux. Enfin élargir l’union de l’autre gauche. C’est fait à peu près partout et spécialement dans trois régions jusqu’au NPA. Quand aux objectifs de l’action ils ont également été fixés sans ambigüité : passer devant le Modem pour casser la tentation centriste du PS, passer devant le Front national pour faire pencher vers la gauche toute la colère populaire. Le bilan de tout cela doit être d’infliger une sévère déculottée à la droite et de commencer à changer réellement la gauche en inscrivant notre Front de gauche dans la crédibilité électorale. Avec l’espoir que cette réussite amène enfin l’autre gauche toute entière à s’unir. Rendez vous dimanche soir.

LA GRECE, MERE DE TOUTE LES BATAILLES

Ces mouvements en Europe, en Grèce, Islande et ailleurs, sont si terriblement annonciateurs de grosses tempêtes. Je m’ébahis de l’indifférence qui, somme toute, les entoure tandis qu‘il ne faudrait scruter que cela. Moi, je tiens qu’il ne faut jamais perdre de vue la thèse de la latino américanisation de la crise. Et plus que jamais, je suis frappé des effets de parallélisme. Je suis chaque jour plus certain de voir venir le bug qui bloquera l’une ou l’autre de ces sociétés.

Comme je me suis expliqué de nombreuses fois sur le sujet ici même je n’y reviens pas sinon pour poser ces lignes comme des balises. Quand j’entends le président Sarkozy parler de « pause » dans les réformes je suis partagé entre l’idée qu’il a connaissance du point de tension auquel parvient notre pays et le fait qu’il ait conscience du point où nous sommes rendus sur le vieux continent et spécialement dans les sociétés du sud de l’Europe qui sont les plus explosives.

Et comme notre pays foisonne de gens aussi malfaisants que veules, qu’ils soient plein de haine raciale à peine masquée ou de lâche disponibilité à laisser tout piller et partir au gré des mouvements de l’argent, c’est beaucoup de choses concentrées pour nuire. Mais comme il n’y a pas de fatalité à que tout aille mal et de travers, nous pouvons aussi penser que ce sera, dans tout cela autant d’occasions de faire tout aller du côté vers lequel on n’espérait pas qu’il soit possible d’aller il y a peu encore.

UNE OPA SANS OBJET

A Lyon, il y avait davantage de gens que j’en avais vus dans cette même salle en 2005 pour le meeting du non. 2000 facile ! Marie Georges Buffet a laissé tomber son discours écrit. Elle était magistrale. D’une réunion à l’autre nos arguments se resserrent, ils s’homogénéisent. Les mots, les concepts se mettent en partage. Qui a commencé à parler de ceci ou de cela ? Le revoici dans la bouche de l’une ou de l’autre. Pour ne pas avoir d’histoires, il est de bon ton de laisser dire que ce sont les dirigeants communistes qui ont eu l’idée avant tous. Surtout ici où on me dit, sur le plateau de France trois, qu’André Gérin, en colère, renvoie vers moi quand on pose une question sur l’orientation du PCF. Naturellement, ça, pour le coup, c’est une parfaite vue de l’esprit. Pour autant l’inverse n’est pas davantage vrai. Je vois de près que l’alchimie est plus complexe. Une culture partagée se met en mots. Je sais cependant qu’il y a une limite et les communistes ne la franchiront jamais. Ils ne veulent pas de la fusion de leur parti avec le notre, quoi que nous fassions pour cela. Il est donc vain de courrir davantage après cette formule. Au reste les socialistes sont là en meute enragée aboyant à tout moment que je veux faire une « OPA » sur le PCF. Leurs amis et leurs clients, perroquets sans cervelle, relaient cette formule sans se rendre compte qu’elle est empruntée au vocabulaire de la bourse, ce qui signale en soi une façon d’être. Et surtout elle suppose que nous voulions nous « emparer » du PCF ! Quelle idée ! Pourquoi faire ? Le PCF est à lui-même un problème dont ses adhérents ne cessent de discuter. Nous ne nous en mêlerons pas. Nous ne voulons nous emparer de personne. Nous sommes justes à la recherche d’une formule de dynamique qui nous permette de former une nouvelle majorité de gauche. Pour cela nous devons construire une nouvelle majorité à gauche. Le moyen ne peut être de réduire l’autre gauche. Ni même de l’absorber. Nous mêmes qui voulons être un parti creuset nous comprenons parfaitement que toute l’autre gauche ne peut se reconnaître en nous. Pour l’heure dans cette salle lyonnaise, c’est au Front de gauche que le grand nombre s’identifie davantage qu’à n’importe lequel des partis qui le composent même si les appartenances ne manquent pas. En même temps, je vois bien que ce sera une identité politique pour toute une génération.

GENERATION FRONT DE GAUCHE

Tandis qu’elle parle en fin de meeting, Elisa martin, la tête de liste du front de gauche pour la région Rhône Alpes me semble tellement à l’aise ! Dans sa peau, dans son rôle et dans son incarnation du Front de gauche. On ne lui a pas facilité la tache en lui donnant la parole si tard, après tous les nationaux. Elle semble pourtant voler au dessus de la salle et de ses lassitudes. J’observe que les oratrices du Parti de Gauche semblent avoir en commun une façon particulière de danser tout en parlant tandis que les hommes donnent l’impression de vouloir marteler leurs mots. J’ai parlé un peu avec Elisa pendant qu’on préparait nos discours dans la loge qui nous avait été réservée. Elisa est sérieuse. Elle bosse. Je l’ai vu relire ses fiches, enlever, rajouter. C’est une professeure. Ca se voit. Je l’ai toujours connue sérieuse. Je la connais depuis qu’elle a vingt ans. Elle faisait philo à la fac et elle participait à un stage d’été de la gauche socialiste. J’y avais présenté les thèses sur le capitalisme financier transnational. Elle était de mon avis contre les puristes du mouvement qui voyait dans cette analyse un relent de structuralisme aberrant. Là, comme tête de liste régionale, elle vient de franchir une haute marche, dans l’adversité. Car personne ne doit imaginer qu’en Rhône Alpes davantage qu’ailleurs on donne du galon à une femme, jeune de surcroit, naturellement et sans plaies ni bosses. On parle. Je lui dis qu’en Languedoc Roussillon René est prêt s’il faut diriger la région. Il saura quoi faire et par où commencer. Elle me dit : « moi aussi ». Je sais qu’elle ne plaisante pas. Elle ne fait pas la grosse tête non plus. Je suis content. « Le triomphe du disciple est la gloire du maître ». Zut ! Je viens de citer un pape. Mais il était français.

REVOL DE NUIT

Il est tard. Très tard. J’appelle René Revol, comme souvent, au delà des heures raisonnables. Mais ce sont les seules ou nous avons le temps d’une respiration. Il me dit qu’il y avait mille personnes à Grabels, la commune dont il est maire pour le meeting de clôture "en famille" qu’il y a organisé. Peut-être sommes nous parvenus à desserrer l’étau de silence et de mépris des importants et de leurs médias grâce a cette incroyable activité. Il y a eu trois cents réunions de notre liste dans la région. En tous cas on ne peut rien se reprocher. Le travail a été mené. A fond. Jusqu’au bout. Dans la discussion il m’apprend une nouvelle qui me laisse pantois. Georges Frèche sera l’invité d’Arlette Chabot, dimanche soir sur le plateau de France 2.

Consternant ! Mais tellement parlant ! Comme la gauche va gagner, il faut pourrir cette victoire. La brouiller ! La relativiser. Donc on sort Frèche ! Naturellement Revol n’aura pas le droit à la parole. Ni personne ! Ca, c’est le service public de l’information ! Pour ma part j’ai reçu une invitation à participer à un plateau des « Quatre vérités » de télé matin. Pas avant le premier tour, bien sûr. La semaine entre les deux tours. Sans précision de jour.

J’ai donc écrit a la directrice, madame Chabot.

« Madame la Directrice, vous me faîtes l’honneur de m’inviter dans la matinale des 4 Vérités la semaine prochaine entre les deux tours des élections régionales, sans qu’une date précise ne m’ait toutefois encore été proposée. Dans la mesure où cette proposition m’a déjà été faite quatre fois de suite avant d’être annulée quatre fois de suite successivement depuis plusieurs semaines, au détriment de mes autres rendez-vous et sans excuse d’aucune sorte, je vous demande de m’assurer que cette invitation ne sera pas annulée une fois de plus. En effet, entre les deux tours, l’actualité est très dense, je vais être très sollicité et je veux tenir mes engagements. En dépit du traitement grossier que vous m’avez infligé jusqu’à présent, je répondrai favorablement à cette invitation, mais à la stricte condition que vous me la garantissiez par écrit. Si cela n’est pas dans vos moyens, je vous prie de m’en faire part par retour de courrier, afin que je puisse disposer de mon agenda et prendre d’autres engagements dans les médias. Avec l’expression de ma considération distinguée etc.. »

Je n’ai pas trop d’illusions. Mais je dis qu’il faut se battre tout le temps. A la Revol : jusqu’au bout sans une miette de concession a la fatigue ou à l’amertume ou la fatigue.


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