Libre marché et intérêt général : exemple de l’énergie aux Etats Unis

samedi 11 novembre 2006.
Source : Libération
 

Risque de pannes électriques alors que les investissements privés dans les infrastructures sont insuffisants.

Electricité : Les Etats-Unis risquent de broyer du noir !

Les Etats-Unis se dirigent vers des pénuries d’électricité dans les prochaines années. L’avertissement émane du North American Electric Reliability Council (Nerc), un organisme chargé par le gouvernement américain de veiller à l’approvisionnement du pays. Selon un rapport publié hier, il est prévu que la demande d’électricité progresse de 19 % dans les dix prochaines années, tandis que « les capacités de productions confirmées » n’augmenteront que de 6 %. Si rien ne change, plusieurs régions verront ainsi leur niveau de production passer sous les objectifs minimaux dans les deux ou trois prochaines années et risqueront des coupures les jours de forte consommation : le Texas, la Nouvelle-Angleterre, le milieu de la côte Est, le Mid-Ouest et les montagnes Rocheuses. Puis ce sera le tour du Nord-Est, du Sud-Ouest et de l’Ouest du pays. Et c’est sans compter les problèmes de distribution qui ont causé plusieurs pannes à New York cet été, ainsi qu’un gigantesque black-out dans le Nord-Est des Etats-Unis en août 2003. « L’expansion et le renforcement du système de distribution continue de prendre du retard par rapport à la croissance de la demande et de la production dans la plupart des régions », estime le Nerc.

En matière de production, le principal problème est aussi le manque d’investissement dans de nouvelles capacités. Depuis une dizaine d’années, le secteur est déréglementé. Auparavant, les mêmes compagnies assuraient la production et la distribution d’électricité. « Elles pouvaient décider de construire une nouvelle centrale en fonction des besoins , explique Adam Allen, l’un des responsables d’US Power Generating Company, qui investit dans des centrales. Il leur suffisait d’augmenter leurs tarifs pour garantir la rentabilité de leurs investissements. » Aujourd’hui, les fournisseurs d’électricité, qui ont dû revendre leurs installations, achètent leurs ressources à des producteurs indépendants. « Ces derniers ne peuvent prévoir à quel prix ils vendront leur électricité , poursuit Adam Allen. Dès lors, ils n’ont aucune assurance de pouvoir rentabiliser leur investissement. » Ces dernières années, beaucoup ont perdu de l’argent en raison d’une baisse des prix. Dès lors, « plus personne ne veut prendre le risque de construire de nouvelles centrales », explique Stan Johnson, responsable des situations à risque au Nerc. Qui cite également comme obstacles la difficulté de « trouver des sites » pour de nouvelles installations et la dépendance au gaz naturel. Le Nerc appelle en outre à des économies d’énergie pour limiter le risque de pénurie.

par Bernard Mauriac


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