Le système U bloqué dans l’Est de la France

samedi 20 mars 2010.
 

Après cinq jours de grève dans les entrepôts des supermarchés, la direction s’entête à ne pas vouloir négocier au-delà de 1 % d’augmentation de salaires. La situation se tend.

Le brasero fumait encore ce matin à l’entrée de la plate-forme logistique des entrepôts de la coopérative Système U de Saint-Vit (Doubs). Pour la cinquième journée consécutive, ce lieu de distribution de la marchandise restera bloqué, tout comme celui de Mulhouse (Haut-Rhin), de Saint-Just (Ain) et de Rumilly (Haute-Savoie). Tout a commencé il y a une dizaine de jours lorsque, à l’occasion des négociations annuelles obligatoires, la discussion a achoppé sur la proposition de la direction d’une d’augmentation de 1 % à compter du 1er avril alors que l’intersyndicale, CFDT, FO, Sud et CGT, réclamait 10 % avec un effet rétroactif au 1er janvier.

Des propositions toujours inacceptables

La direction a décidé de camper sur cette position. Le 10 mars, l’ensemble de salariés des entrepôts Système U du Grand Est a donc décidé, en assemblée générale, de se mettre en grève et de bloquer les sites jusqu’à une reprise sérieuse des négociations  : « Un message que n’a pas compris notre direction, puisqu’elle a envoyé les CRS débloquer le piquet de grève de Mulhouse. Sans succès, les gars l’ont repris. Maintenant, elle fait une proposition qui est toujours inacceptable. Une prime de 80 euros brut pour l’année  ! C’est se foutre du monde. On demande cette même prime mais de 150 euros mensuels et qui s’ajoute à notre revendication d’augmentation des salaires », souligne Yahia Kacimi, délégué CFDT et porte-parole de l’intersyndicale.

Pour justifier leur colère et leur détermination, les salariés en grève évoquent les 13 milliards de chiffre d’affaires du groupe Système U et l’augmentation du bénéfice de 10 %  : « Nous sommes une coopérative et les mots ont un sens. Quand on gagne de l’argent, on le redistribue à tous et dans des proportions honnêtes car les gros salaires, eux, ils les prennent les 1 %, mais le résultat sur la fiche de paie n’est pas le même que pour nous », peste un salarié.

Pour alimenter les magasins du secteur, les 130 salariés de Saint-Vit travaillent en deux-huit dans des conditions pénibles  : « On rentre à vingt ans dans cet entrepôt. À trente, on n’a plus de dos et cela pour 1 200 euros brut par mois quand on commence et 1 700 en fin de carrière. On est cassé par les dizaines de tonnes de marchandises que l’on empoigne tous les jours », précise Yahia Kacimi. Devant le brasero, les témoignages fusent sur l’état de santé de chacun  : « Moi, c’est avec des vis dans le dos que je viens travailler », s’emporte Claude, depuis vingt ans dans l’entreprise, répondant à un salarié venu se plaindre du conflit.

La direction prête à une médiation ?

En effet, les 200 magasins du Grand Est ne sont plus approvisionnés et la pression monte au niveau des directions d’unités commerciales. Les ressources humaines de Système U mettent la pression par courrier sur l’ensemble du personnel, avec des menaces sur les salaires et d’éventuels recours juridiques contre les personnes qui oseraient s’exprimer sur ce conflit. Hier après-midi, au siège social de l’entreprise à Mulhouse, la situation semblait évoluer, la direction serait prête à accepter l’intervention d’un médiateur. Une toute petite avancée qui n’entame pas la détermination des salariés de Saint-Vit.

Alain Cwiklinski


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