Régionales. Le PCF gagnant ou perdant ? Et après... (mensuel communiste Regards)

samedi 17 avril 2010.
 

Quel verre a bu le PCF ? A moitié plein, à moitié vide ?

En faveur d’une lecture optimiste, il y a la victoire nette et sans appel du Front de gauche face au NPA. Le score d’Olivier Besancenot à l’élection présidentielle de 2007 (près de 5 %) face à celui de Marie-George Buffet (moins de 2 %) suivi de la création du NPA en février 2009, avait traumatisé le parti. Que le flambeau communiste, celui de la révolution et des luttes, soit repris par les héritiers du trotskisme semblait un cauchemar. Avec la création du Front de gauche, une réponse politique était opposée à l’étroitesse du NPA. La leçon est donnée, le pari est gagné : en politique, le drapeau de l’unité est plus propulsif que celui de la pureté solitaire. Même si battre un adversaire tombé à moins de 3 % n’est pas un triomphe, il faut imaginer la situation inverse pour comprendre le soulagement des communistes. Installation dans le paysage politique, affaissement du NPA, écroulement du Modem, le Front de gauche a atteint au moins ces objectifs – il lui manque une progression qui signifierait une dynamique nouvelle.

Configurations multiples

Qu’en est-il du PCF ? De son point de vue, l’analyse n’est pas aisée : sur 22 régions, les configurations à la gauche de la gauche ont revêtu 17 formes différentes. Le PCF s’est retrouvé avec le PS au premier tour dans 5 régions, avec le Front de gauche « canal historique » (PCF-PG-GU) dans 14 régions, avec le Front de gauche et le NPA dans 3 régions. Cette hétérogénéité est l’indice d’une difficulté politique pour le PCF qui n’a pas su convaincre partout de l’union avec le Front de gauche ni pu empêcher l’alliance avec le NPA alors que telles étaient les consignes nationales. Sur un strict plan électoral, le Front de gauche retrouve tout juste le score des européennes et recule sur celui des régionales de 2004, quand le PCF était présent de façon distincte du PS. Le PCF sauve l’essentiel, à ses yeux : en dépassant – avec ses alliés – les 5 % dans 13 régions et même les 10 % dans 4 d’entre elles, il a pu réaffirmer son existence, négocier son désistement et sa place au second tour. Certes, il perd des élus (il en avait 183 dans la précédente mandature) mais en conserve 96. Il devrait garder des vice-présidences dans la plupart des régions. Son poids institutionnel est écorné mais persiste. Son poids politique, lui, est altéré. Le Front de gauche sauve la mise mais ne relance pas à proprement parler le PCF. Une récente étude de la Sofres décortiquant les préférences partisanes des électeurs du Front de gauche partage ceux-ci à part égale entre PCF et le nouveau Parti de gauche. Dans les urnes, il s’érode très sensiblement en Seine-Saint-Denis, malgré la liste conduite par sa secrétaire générale. Dans ce bastion parmi les bastions, le PCF passe de 14 % à 11 %. La perspective de reconquête du département affichée par la direction nationale et fédérale paraît loin. Plus préoccupant, son implantation résiste le mieux dans les terres de déclin social et économique plutôt que dans les territoires de la modernité contemporaine. Dans toutes les grandes métropoles, le Front de gauche est autour des 5 %-6 % : il ne semble pas en mesure de retrouver l’alchimie gagnante du PCF, mixte de tradition républicaine et d’ancrage dans la modernité industrielle. La modernité à gauche est actuellement incarnée par Europe-Ecologie, avec un Daniel Cohn-Bendit d’une singulière créativité quant à l’invention politique.

PCF-PG, lignes de partage

Dans ces conditions, le PCF ne songe pas nécessairement poursuivre l’aventure Front de gauche. Dès le premier tour passé, les lignes de partage entre PCF et PG étaient lisibles : Marie-George Buffet prenait un café avec Cécile Duflot et Martine Aubry tandis que Jean-Luc Mélenchon battait la campagne en Limousin pour soutenir la liste Audouin (Front de gauche + NPA) maintenue au second tour. Quand Mélenchon insiste sur l’autonomie par rapport au PS, le PCF veut se concentrer sur la construction d’un projet avec le PS. Pour être clair, Marie-George Buffet n’hésite pas à se contredire et selon les moments refuse l’idée de généraliser le Front de gauche ; à d’autres, elle l’évoque pour la présidentielle.

Présidentielle : le mot est lâché. Pour la direction communiste, l’idéal serait d’obtenir une candidature communiste drapée des couleurs du Front de gauche. Mais certains ont d’autres perspectives ; pour le député du Nord, Alain Bocquet comme pour le député du Rhône, André Gerin, il faut un candidat du PCF. Le débat interne tranchera… avec le rapport de force interne qui se profile déjà.

C.T.

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