Jean Pierre Chevènement a annoncé sa candidature pour les présidentielles

vendredi 10 novembre 2006.
 

Hier, le maire de Belfort a annoncé sa candidature à la présidentielle, relançant les inquiétudes d’émiettement à gauche.

Depuis quelques semaines, Jean-Pierre Chevènement cheminait vers le Rubicon. Allait-il s’asseoir sur la rive et sortir sa canne à pêche ? Que nenni. Hier, à 67 ans, il l’a franchi et s’est porté candidat à l’Elysée pour la deuxième fois consécutive. « Cette décision s’est imposée à moi progressivement mais avec évidence, a-t-il déclaré sur TF1. La France va mal. » Lui seul, à l’entendre, serait capable face aux délocalisations et aux suppressions d’emplois de « mettre la gauche face à ses responsabilités », de « faire entendre une voix utile et [de] gagner pour redresser la France ». Et pas question de s’arrêter en chemin : « Quand on part, c’est pour aller jusqu’au bout. »

La machine à perdre serait-elle ainsi relancée à gauche ? Les socialistes ne vont pas manquer de stigmatiser le maire de Belfort, le pointant comme le diviseur de 2007 et le principal artisan de la défaite en 2002 avec son million et demi de voix (5,33 % des suffrages) qui ont manqué à Lionel Jospin pour atteindre le second tour. A l’époque, il est vrai, le tout juste ex-ministre de l’Intérieur n’avait d’autre souci que de faire « turbuler le système », un système dans lequel le couple Chirac-Jospin, rebaptisé « Chirospin », était qualifié de « pareil au même ». Hier, le maire de Belfort a rétorqué aux accusations socialistes un mot : « Calembredaines ! » Et d’expliquer que Lionel Jospin était le seul responsable de sa déroute. Mais « il faut tourner cette page », a-t-il conclu.

« Petite musique ». Comme il l’a reconnu, sa candidature pour 2007 vient de loin. Chevènement avait d’abord cru partager avec Laurent Fabius le souci commun de dénoncer une Europe supranationale, de porter les thèmes de la république et de la laïcité. L’ex-Premier ministre socialiste l’a déçu en voulant « réintroduire par la fenêtre ce que le suffrage universel a sorti par la grande porte », à savoir, un « petit traité » européen. Les thématiques rigoristes et sécuritaires de Ségolène Royal ne l’ont pas agacé, au contraire puisque « la petite musique [qu’elle] fait entendre ne crée pas de désagrément à [ses] oreilles ». Mais on n’est jamais mieux servi que par soi-même.

D’une phrase, hier, il a renvoyé dos-à-dos les trois candidats à l’investiture du PS, « liés par le projet socialiste, ambigu sur certains points, insuffisant, voire dangereux ». Dès la mi-octobre, Jean-Pierre Chevènement disait d’ailleurs que sa « candidature [était] utile et légitime ». Pour la justifier, il assurait : « Nous sommes dans un pays où il faut rebattre les cartes, où trop de modes de pensée sont fossilisés. » Et de se présenter, avec un large sourire, comme « le meilleur candidat antilibéral ». Les socialistes, qui nourrissent une dent contre lui depuis le 21 avril 2002 (Georges Sarre, premier secrétaire du Mouvement républicain et citoyen, a même dénoncé la « fatwa » du PS contre les chevènementistes), ont tenté jusqu’au dernier moment de le dissuader. François Hollande a (avait ?) l’intention de lui proposer une prochaine rencontre, portant notamment sur les législatives de 2007. Les propositions du premier secrétaire du PS ne font pour l’heure pas le compte : il assure aux amis de Chevènement quatre circonscriptions... alors que les radicaux de gauche s’en voient réserver plus de trente. « Indigne ! » a rugi Georges Sarre.

Parrainages. En tout cas, comme en 2002, le spectre de la désunion à gauche pointe son nez : outre Chevènement, Arlette Laguiller (LO), Olivier Besancenot (LCR) et Dominique Voynet (Verts), sont officiellement en piste. José Bové, le lambertiste Daniel Gluckstein (PT) et Marie-George Buffet (PCF) pourraient les rejoindre. Rien ne semble pouvoir arrêter l’ancien locataire de la place Beauvau. Préparé depuis longtemps à cette candidature, il vient de poindre un énième ouvrage sur l’Europe (lire aussi page 32). Chevènement a écrit à deux reprises aux maires susceptibles de lui apporter les 500 parrainages indispensables pour se mettre sur les rangs de la course à l’Elysée. Il a aussi loué des locaux de campagne à compter du 1er janvier. Et le MRC a récemment réservé « les Zénith des grandes villes de France [...] de janvier à mai 2007, en vue de meetings de campagne ». Le premier se tiendra le 28 novembre au gymnase Japy, à Paris.


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