Le Parti de Gauche reçu par le ministre Eric Woerth sur le dossier des retraites

vendredi 7 mai 2010.
 

Une délégation du Parti de Gauche vient d’être reçue. Cette rencontre de plus d’une heure a été utile. Elle a nous a permis de comprendre clairement les intentions gouvernementales sans attendre le document d’orientation promis pour le 15 mai prochain.

Désormais les principaux axes du projet gouvernemental nous sont connus.

Pour Eric Woerth, l’augmentation moyenne de l’espérance de vie oblige les salariés à travailler plus longtemps. En effet, il exclut toute augmentation des ressources correspondant aux besoins de financement des retraites. C’est là le cœur de son raisonnement. Certes le ministre s’est déclaré désormais prêt à envisager des rentrées nouvelles. Mais celles-ci ne sont visiblement pas suffisantes. Elles sont floues ou minimes : élargissement de l’assiette à d’autres revenus (finance, épargne) sans plus de précisions, contribution des revenus les plus élevés apparaissant surtout comme un affichage symbolique. Dès lors le ministre avance comme principale réponse au déficit des retraites un recul de l’âge légal de départ au-delà de 60 ans et un nouvel allongement de la durée de cotisation.

Eric Woerth laisse ouverte pour le moyen terme le passage aux « comptes notionnels » envisagé par le COR, alors même qu’il interdirait aux salariés de savoir quel sera le montant de leur pension au moment où ils partiront en retraite.

Le ministre promet également des mesures concernant la pénibilité. Sa vision rejoint celle du MEDEF. La pénibilité serait attachée à la personne et non au métier. Elle combinerait exposition à des « facteurs de risque » et examens médicaux personnalisés. On ne peut que souligner la complexité et l’injustice d’un tel système.

Face à notre argument sur le chômage élevé des seniors, le ministre parie que l’allongement de la durée de cotisation et le recul de l’âge de départ en retraite provoquerait un changement culturel dans les entreprises conduisant à conserver plus longtemps les salariés âgés. Pour le Parti de Gauche, cela méconnaît totalement les stratégies patronales à l’œuvre et la réalité de l’usure au travail.

Eric Woerth a clairement écarté l’hypothèse d’une décote supplémentaire liée à l’âge qui pénaliserait les salariés partant à 60 ans. Il reconnaît que cela multiplierait les petites pensions. Il préfère donc contraindre les salariés à travailler plus longtemps pour obtenir leurs droits.

Concernant le système de retraite des fonctionnaires, le ministre a indiqué qu’il étudiait la remise en cause de la règle des 6 mois. Mais il a précisé que dans cette hypothèse, il faudrait intégrer les primes dans le calcul des retraites. Cela pourrait coûter plus cher que le système actuel. Il a donc estimé que l’alignement souhaité par le gouvernement sur le privé devait plutôt concerner le taux de cotisation des fonctionnaires. Concrètement cela représenterait un prélèvement supplémentaire de 3de plus sur les traitements des fonctionnaires pour un gain de plus de 10 milliards d’euros pour l’Etat. Comme en Grèce, les fonctionnaires seraient donc saignés.

Le ministre a écarté toute suppression globale des exonérations de cotisations sociales patronales. La Cour des Comptes indique pourtant que ces dispositifs extrêmement coûteux (30 milliards d’euros chaque année) se sont montré « inutiles » et « inefficaces ».

Enfin, malgré nos questions insistantes, le ministre n’a avancé aucune proposition pour faire face à la hausse actuelle du chômage qui est la principale cause de l’augmentation du déficit des retraites. De cet entretien ressort cependant une bonne nouvelle, le ministre a déclaré écarter l’augmentation du taux de CSG des retraités.

Ne nous cachons pas la réalité, un bras de fer est engagé. Le droit à la retraite est menacé. Il s’agit pourtant d’un acquis social majeur des salariés. Mais c’est aussi plus encore un acquis de civilisation pour une société humainement avancée.


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