Retraites : "La France peut à peu près tout. Y compris dévaliser les dévaliseurs."

jeudi 27 mai 2010.
 

Le truc du décliniste c’est toujours le même : « la France est en retard ».

En retard, c’est le mot pour culpabiliser celui qui ne veut pas passer pour un fainéant et qui a toujours peur déjà d’arriver en retard au boulot ! En retard pour la réforme des retraites qui permettrait pourtant cette grande avancée de civilisation, à laquelle « même les sociaux-démocrates ont travaillé dans toute l’Europe » et qui ferait travailler les vieillards comme nos arrières grands parents en avaient déjà la chance.

J’en profite pour remercier à nouveau notre bon maitre qui permit à mon arrière grand-père de rester à la maison à partir de soixante quinze ans et lui promit de lui « donner de quoi », privilège auquel mes deux grands pères n’eurent pas accès ayant eu la malice de se soustraire à ces bienfaits en mourant de maladie professionnelle l’un à trente trois ans, l’autre à cinquante six comme des tire au flanc qu’ils étaient. Je donne ces exemples, moi qui n’aime guère personnaliser les problèmes politiques, pour rappeler aux nigauds qui se laissent endormir par les bobards des puissants quels chemins à rebours ces gens veulent nous faire prendre. De tous les griots du système, le pire est le décliniste ! Car il prétend enchaîner la victime aux intérêts des ses bourreaux par le sentiment de culpabilité qu’il est si facile de faire ressentir à ceux qui triment sans jamais voir le bout d’aucun effort. Et, pire que tout, le décliniste veut faire croire que la France ne peut rien, et donc que le peuple serait impuissant et même en grand danger s’il se soustrayait à la médecine de cheval qui lui est prescrit. Mais je les comprends. Mieux vaut pour eux prévenir que guérir et la meilleure police est celle qu’on installe dans la tête des gens. Sinon gare ! Car la France peut à peu près tout. Y compris dévaliser les dévaliseurs. Organiser un autre partage de l’oxygène disponible. De bon gré, ou de force cela va de soi. En tous cas c’est que nous nous ferons le moment venu. Et je pense qu’il viendra plus vite que d’aucuns le croient.

Passé le dégout que ces gens m’inspirent, d’un autre côté je ressens aussi l’incroyable énergie que donne le sentiment d’avoir vu juste pendant toutes ces années où le monde du casino triomphait ! L’autre jour Stéphane Bern – mais oui- dans l’émission « le fou du roi »à laquelle je participais, disait que des gens comme moi passaient pour des extra terrestres il y a quelques années et que, à présent, ce que nous disons « va de soi ». Ce genre de franchise n’est pas dans les moyens du commentateur politique traditionnel qui, lui, est trop intelligent pour reconnaitre l’ombre d’une erreur d’appréciation au cours des dix dernières années ou même des cinquante dernières qu’il est éditorialiste au « Nouvel Observateur ». Pourtant, comme les choses vont vite ! J’ai même lu Pierre Moscovici, le seul dirigeant du PS qui annonce vraiment la couleur au milieu de cet empire de faux-culs, dire que les riches devraient payer ! Eh ben Pierre ! Ca va pas de faire ton petit Georges Marchais, toi aussi ? Quand je vois ce glissement des mots qui passent d’une bouche à l’autre j’en ressens d’autant plus fortement une immense gratitude à l’égard de ceux qui ont maintenu la flamme intellectuelle et militante du combat radicalement opposé à ce système pendant les années de la terreur intellectuelle des libéraux et sociaux libéraux. Quels qu’aient pu être leurs éventuels excès et erreurs, je dis bien éventuels, ils ont maintenu la lumière allumée pendant l’interminable décennie des endormeurs et des inquisiteurs.

Même les riches, crient au loup. Pas leurs griots qui n’ont pas reçu encore leur nouvelles fiches d’éléments de langage et continuent la chanson d’hier. Ceux qui ont le fric. Vraiment. Pas les idéologues payés par des colloques, des croisières explicatives, et ainsi de suite ! Juste les gens qui ne se paient pas de mots. Ceux là savent que les cures d’austérités ne guériront personne en Europe. Ils savent que les Etats endettés vont l’être davantage du fait de la récession que ces politiques engendrent. Et donc du point de vue même du système c’est une aberration de traiter le mal par la saignée. Que la dictature des marioles qui parient sur l’effondrement de la Grèce pour encaisser le montant de leurs titres d’assurance va continuer de plus belle et de façon tout à fait raisonnable du point de vue de leurs intérêts. Et que les analystes qui le comprennent sont également parfaitement raisonnables parce que c’est ce qui va se passer vraiment. Et que les premières à se casser la figure vont être les banques gavées de titres que leur propre spéculation ont rendu pourris. Et ainsi de suite. Et ceux la connaissent la vérité. La voici. La collinette de dettes publiques est là et ce n’est rien à côté de la montagne des dettes privées. Et tout cela ne se purge pas avec des plans d’austérité dont aucun ne pourrait suffire à combler le trou sauf à tenir tout le monde en état d’anémie pendant un siècle. Mais par la dévaluation, l’inflation ou la guerre. Et tout cela peut être éviter à condition de lisser le tout dans le temps en faisant ce qu’aucun ne veut faire : prendre dans la grosse caisse de quoi lisser l’effort. Evidemment ça n’exonérera pas du devoir de tout changer au mode de production et d’échange, au contenu de la production et à la grille générale de l’utilité publique des dépenses, mais du moins ça nous épargnerait ce que seuls les fous peuvent vouloir de sang froid c’est-à-dire la catastrophe. Si mon avis sur le sujet paraît excessif, je vous renvoie à ce débat que j’ai eu avec monsieur Alain Minc au Forum de Lyon de « Libération ». C’est lui, répondant à un auditeur qui nous interrogeait sur la façon dont se réglerait le problème de la dette, qui déclare : dans l’histoire cette question s’est toujours tranchée par ces deux moyens : l’hyper-inflation ou la guerre et parfois les deux à la fois. Pourquoi ne le dit-il plus s’il le pense vraiment ?

Et celui-là, monsieur Patrick Artus ! Il vote pour moi maintenant ? C’est le directeur des études économiques chez Natixis. C’est dans « le Monde » de dimanche-lundi 17 mai. Je vous livre seulement la conclusion mais c’est tout l’entretien qu’il faut lire en dépit du titre révulsif « les marchés sont pour une fois raisonnables » qui fait craindre une nouvelle rasade de catéchisme décliniste. A la fin voyons cependant de plus près cette magnifique question sans a priori politique idéologique : « La France n’est pas l’Espagne mais doit aussi réduire son déficit. Le plan Fillon suffira-t-il ? » demande malicieusement Anne Michel. Horreur, que répond cet Artus ? Au fou ! Au Mélenchoniste ! Au Buffetiste ! Au Besancenotiste ! Lisez lentement, c’est suave. « Selon nos calculs, il faudrait qu’en deux ans la France réduise son déficit de 96 milliards d’euros. Le gouvernement assure que la croissance apportera 20 milliards d’euros mais il se fonde sur une prévision optimiste de 2,5% S’il faut trouver 96 milliards de réduction de nos déficits structurels ce sera compliqué. Cela représente deux siècles de bouclier fiscal ! On peut toujours comme en Grèce décider de ne plus payer les retraites ni les fonctionnaires. Ce n’est pas efficace. La seule façon de faire c’est de procéder à une grande réforme fiscale en alignant la taxation des revenus du capital sur celle du travail. Cela pourrait rapporter 100 milliards d’euros sans dégâts économique puisque ces revenus sont épargnés ! » Champagne ! Vous voyez les amis ? Encore un effort. Le moment venu on ne manquera pas de monde pour faire le boulot et taper là où il faut taper.


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