Sommet à Oslo contre la déforestation (13 millions d’hectares de forêts naturelles disparaissent chaque année)

lundi 31 mai 2010.
 

Cinq mois après Copenhague, une cinquantaine de pays se sont réunis à Oslo ce 27 mai 2010, pour stopper la déforestation, responsable de près de 20% des émissions de gaz à effet de serre.

La Norvège fournira-t-elle aux forêts tropicales le terreau politique qui leur permettra de ne plus décliner  ? La conférence sur la déforestation et le climat, qui se tient aujourd’hui, à Oslo, devrait apporter des éléments de réponse. Une cinquantaine de pays se réunissent à Holmenkollen, à quelques sauts de lianes de la capitale norvégienne, afin de trouver un partenariat visant à prendre des mesures immédiates pour endiguer la déforestation à l’échelle mondiale.

Un objectif encourageant, quand il s’agit de donner corps aux promesses avancées à Copenhague. Un enjeu primordial, surtout, quand 13 millions d’hectares de forêts naturelles disparaissent chaque année, amputant la planète d’un capteur essentiel de CO2. In fine, on estime la perte responsable d’environ 20 % des émissions de gaz à effet de serre. Il n’en va pas uniquement du climat. La préservation de la biodiversité est également en jeu et, avec elle, le maintien d’écosystèmes sur lesquels s’appuient de nombreuses populations locales.

Une question reconnue fondamentale, donc, mais dont la mise en œuvre soulève bien évidemment des problématiques financières. Préserver les forêts a un coût, quand ne pas y toucher représente une perte conséquente pour les pays concernés. L’industrie du bois constitue une manne économique, de même que l’agriculture qui concurrence les espaces forestiers. Il en va pareillement d’autres ressources, telles que le pétrole, dont beaucoup de gisements encore inexploités se trouvent au cœur de forêts tropicales. Éloquent, le cas de l’Équateur fait figure d’exemple, où un gisement d’un potentiel de 850 millions de barils par an, soit un cinquième des réserves du pays, a été récemment découvert au cœur de la jungle amazonienne. Son exploitation pourrait rapporter 6 milliards d’euros. En février dernier, le pays se disait prêt à sacrifier cette ressource à la condition d’être aidé, par la communauté internationale, à hauteur de 3 milliards d’euros. « Nous faisons appel à la responsabilité partagée », expliquait, dans la presse, Tarcisio Granizo, sous-secrétaire d’État au ministère du Patrimoine équatorien. « Les pays développés doivent leur expansion en partie à la destruction des ressources naturelles. Aujourd’hui, nous les invitons à participer à la préservation de la planète. »

À défaut d’admettre ce point de vue, l’accord issu de Copenhague reconnaissait, en décembre, la « nécessité de fournir des incitations positives » et six pays industrialisés, dont la France, s’engageaient à affecter 3,5 milliards d’euros, pour la période 2010-2012, au dispositif REDD+ (fonds de partenariat pour la réduction des émissions de carbone forestier). Le 11 mars, 54 pays des principaux bassins forestiers mondiaux se réunissaient à Paris afin de définir les modalités d’un partenariat permettant d’activer des dispositions avant la prochaine conférence de Cancun. Ce sont elles qui doivent être finalisées aujourd’hui. Au-delà des montants, plusieurs questions seront à regarder de près. Celle de la provenance des fonds, par exemple. « Nous craignons un recyclage d’argent initialement destiné à d’autres fonds, tels que l’aide au développement », rappelle Grégoire Lejonc, pour Greenpeace. Ou celle de la définition même de reforestation, souligne Églantine Goux, pour France Nature Environnement. « La FAO y inclut les grandes plantations de palmiers à huile », lesquelles phagocytent aujourd’hui la forêt indonésienne. « Retenir une telle définition serait une catastrophe, note-t-elle. Cela permettrait tout bonnement aux multinationales de déforester sans en avoir l’air… »

Marie-Noëlle Bertrand


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